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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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27 février 2020 4 27 /02 /février /2020 16:14

Et donc, il va falloir parler de Douglas Maclean: acteur chez Ince entre 1918 et 1924, il s'est très vite spécialisé dans la comédie; pas le grotesque façon Sennett, non, plus un croisement entre le Doug Faibanks de His picture in the papers, les acrobaties en moins, et le futur Harold Lloyd de Safety last. Il a occupé un créneau qui allait certainement influencer fortement les studios Roach, d'ailleurs...

Ici, en cinq bobines, il nous livre tambour battant une histoire très amusante qui est à la croisée de ces univers: il joue un héritier potentiel qui est coincé entre un oncle riche (John Stepping), mais bardé de principes, et une fiancée (Margaret Loomis) qui ne veut pas d'un inutile, et lui fait comprendre qu'il va devoir travailler. L'oncle, incidemment, n'aime pas les saltimbanques, et la fiancée est actrice...

Pour échapper à l'un, il va devoir faire preuve d'ingéniosité de tous les instants: faux incendie, déguisement, poursuite en voiture de pompiers... Pour rejoindre l'autre, il va devoir, eh bien, travailler: étant client d'un hôtel la seule inspiration qui lui vient est de devenir groom, ce qui ne sera pas de tout repos. On dénombre des gaffes, des quiproquos, et même une dangereuse promenade sur le mur extérieur de l'hôtel...

D'autant que le groom n°13, quand son oncle obtient son licenciement, va provoquer une grève géante qui va agiter tout l'hôtel: du bolchevisme chez Ince? 

...On aura tout vu. Oh, et sinon, Eugene Burr joue un personnage mystérieux, qui sert de fil rouge à tout ça, et qui cherche à dérober un portefeuille d'actions que Douglas a oublié dans une poche. Mais qui est cet étrange sbire moustachu? Réponse (idiote, donc délectable) à la fin de cette gourmande intrusion dans la comédie Américaine.

 

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Published by François Massarelli - dans 1923 Comédie Muet Thomas Ince Douglas MacLean William Seiter *
27 février 2020 4 27 /02 /février /2020 16:06

Le titre est assez clair: on est, avec ce court métrage de deux bobines parfaitement conservé par la Bibliothèque du Congrès, en pleine promotion... Mais c'est bien plus intéressant que le poussiéreux Studio visit de 1925, un moyen métrage qui ressemblait à un défilé de quatorze Juillet pour faire montre de la puissance de feu de la MGM. Ici, le studio, c'est Incevile, la structure menée et supervisée par Thomas Ince, l'homme qui mettait son nom partout... Sa binette aussi, puisqu'on le voit deux ou trois fois ici.

Mais ce n'est heureusement pas tout: à la façon de Chaplin dans How to make movies, ce court métrage accumule les vues pédagogiques fascinantes, nous montre les metteurs en scène, acteurs et producteurs au travail, et en profite même pour nous régaler avec des recréations qui sont souvent des scènes de comédie, où jouent Douglas Maclean, Hobart Bosworth, Margaret Livingston ou Louise Glaum; C'est plus que distrayant, c'est du plaisir...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Muet Thomas Ince Douglas MacLean
27 février 2020 4 27 /02 /février /2020 12:41

Au milieu de nobles et sombres mélodrames qui dès 1911 mettaient en scène les divines Divas italiennes, la Cines s'était fait une spécialité de courts métrages, ou de très courts métrages, des films burlesques pour la plupart qui se plaçaient au dessus de la mêlée et en particulier des productions françaises qui il faut bien le dire ne volaient elles pas très haut...

Nous assistons ici aux efforts de Kri Kri (Raymond Frau, alias Raymond Dandy) pour intégrer le tourbillon de la danse alors à la mode, le tango... Je n'ai pas la moindre idée (et je ne suis pas le seul, manifestement puisque des archivistes aguerris et non des moindres se sont penchés plus d'une fois sur ce film), de l'identité du réalisateur, mais il a su insuffler du rythme, de l'extravagance, et a utilisé la caméra pour nous précipiter dans la folie du tango, en l'attachant aux danseurs... 

Ca, c'est une bonne idée.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie
26 février 2020 3 26 /02 /février /2020 08:30

Titre à rallonge, mise en scène absente, dialogues extravagants, mise en abyme de la révolution sexuelle et de ses provocations: pas de doute, on est chez Audiard. Il ne me viendrait pas à l'idée de critiquer ce film comme je peux le faire pour n'importe quelle comédie française des années 60: c'est impossible tant le réalisateur est aux abonnés absents.

J'ai plusieurs hypothèses... comme l'explique doctement un spécialiste sur les suppléments du blu-ray de ce film, Audiard se serait senti dépossédé, trahi en quelque sorte, car ayant écrit tant de films, c'est toujours au metteur en scène qu'on se serait référé... Deux commentaires: d'une part, pourquoi ferait-on autrement? Quand les scénaristes comprendront-ils qu'ils ne sont pas vraiment les auteurs d'un film qu'un autre à mis en scène? D'autre part, il serait malvenu d'émettre cette hypothèse aujourd'hui, quand il faut se battre pour rappeler qu'Audiard n'a pas mis en scène, par exemple, Les tontons flingueurs... Non mais.

Autre hypothèse: Audiard, comme tant de scénaristes avant et après lui, comme les trois quarts du public aussi, était sans doute persuadé d'être l'auteur de ces films et qu'il lui suffirait d'écrire deux, trois répliques qui flinguent et d'apparaître sur le plateau pour "faire un film"... Dont acte: maintenant vous m'autoriserez à douter quand même de l'efficacité de la formule.

Enfin, peut-être, tout simplement, lui a-t-on proposé, et a-t-il accepté, d'autant que l'aubaine était lucrative. Ca ne l'a pas empêché, quelques années plus tard, d'arrêter de mettre en scène, et de juger bien sévèrement sa production!

Quoi qu'il en soit, voici ce film raté, qui doit autant aux parodies baroques de Lautner, qu'au dessin animé (la façon dont les voitures explosent, la palette de couleurs franches et l'attrait du gag), au rythme absent, aux transgressions permanentes (des personnages qui passent leur temps à s'adresser à la caméra) et aux répliques devenues légendaires:

Blier: J'ai bon caractère, mais j'ai le glaive vengeur et le bras séculier. L'aigle va fondre sur la vieille buse!

ou encore:

Françoise Rosay: Tends lui la main, Fred!

André Pousse: si je la lui tends, ce sera en travers de la gueule!

Bref, qu'on le veuille ou non, ce film foutraque, mou du genou, idiot (mais alors vraiment idiot) fait partie du paysage, et distille incidemment, presque sans le vouloir tant ça donne l'impression d'avoir été fait pour payer ses impôts par un cynique gonflé, un plaisir certes coupable, mais que voulez-vous? ... Françoise Rosay en mamie flingueuse, Blier et Pousse en frères ennemis tendant aux aphorismes, et Marlène Jobert mutine et divine (et court-vêtue, ce qu'on ne manquera pas de remarquer dès la première scène... Tiens, même Rosay l'a remarqué!) qui prend un plaisir certain à formuler les répliques que lui a ciselées Audiard... On n'est pas de bois, que voulez-vous.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Michel Audiard
23 février 2020 7 23 /02 /février /2020 09:07

Meyer, un mari (Oscar Stribolt) profite de l'absence de son épouse partie prendre des vacances à la mer, pour mener la grande vie. Mais quand elle revient, elle a la désagréable surprise de retrouver chez elle un homme, fin saoul, qui ne se rappelle même pas qu'il n'est pas M. Meyer...

C'est tout sauf subtil, et c'est un peu inattendu de la part de Sandberg, qui allait se spécialiser dans le drame et le mélodrame: son Clown de 1926 est une merveille... Mais le film se distingue des productions plus basiques de Lauritzen, par le recours à un dispositif intéressant: le mari rentre chez lui pour y voir son copain saoul aux prises avec son épouse, par le truchement de trous de serrures. La mise en scène se divise alors en trois... Pour le reste, c'est de la kolossale Komédie...

https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/ungkarl-og-aegtemand

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Published by François Massarelli - dans Comédie A.W. Sandberg DFI Muet
23 février 2020 7 23 /02 /février /2020 08:53

Avant de devenir le metteur en scène visionnaire qui a eu l'idée (ou auquel on a confié la mission, soyons prudent) de "coupler" Harald madsen et Carl Schenstrtröm, les deux magnifiques acteurs complémentaires, Lauritzen avait déjà roulé sa bosse dans la comédie de slapstick... Ceci est un exemple, datant des premières années de sa carrière, et mettant en vedette le rondouillard Oscar Stribolt dans son rôle favori: le mari bourgeois fêtard et tricheur...

Alors que se prépare son déménagement, le héros (Stribolt, donc) se sent de trop dans la maison où tout le monde s'énerve, et il choisit de prendre le large... Quelques heures et quelques liqueurs plus tard, quand il revient, il a juste oublié un détail: il n'habite plus dans cette maison... C'est la panique pour les nouveaux locataires...

C'est très anecdotique, et on sent que tout le monde s'est fixé comme mission d'aller à l'essentiel. Tout au moins peut-on apprécier que dans une filmographie aussi généralement austère que celle du Danemark, on ait pu avoir des films aussi frivoles. Incidemment, Stribolt (1872 - 1927) n'est pas un inconnu, c'était même, à sa façon, une star: non seulement il a souvent joué les bourgeois bons vivants chez Lauritzen, mais il apparaît dans Afgrunden (L'Abysse, 1910) d'Urban Gad, avec Asta Nielsen, et Benjamin Christensen, pour Häxan, a pensé à lui pour un ou deux rôles, dont un mémorable curé libidineux...

https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/flyttedags-kvaler

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Published by François Massarelli - dans Muet Lau Lauritzen DFI Comédie
18 février 2020 2 18 /02 /février /2020 09:48

Six histoires situées durant l'âge d'or de l'Ouest Américain:

dans The Ballad of Buster Scruggs, Tim Blake Nelson est une caricature de cowboy chantant, un matamore sûr de lui et de son pouvoir d'exercer la violence, qui tombe malgré tout sur pire que lui. 

Near Algodones montre James Franco en bandit échappé d'un film de Sergio Leone (il porte un grand "duster" et passe par Tucumcari...), qui va tellement mal négocier son attaque de banque qu'il va tâter de la pendaison... plusieurs fois.

Meal ticket raconte l'histoire lamentable d'un montreur ambulant (Liam Neeson) partagé entre le besoin de manger à sa faim, et le soin qu'il doit à son attraction, un cul-de-jatte manchot qui récite des textes célèbres avec talent, mais qui ne rapporte rien: un poulet savant aura raison de ses scrupules...

All gold canyon situe en pleine nature lyrique les aventures d'un chercheur d'or méthodique (Tom Waits) qui creuse, prospecte, jusqu'à trouver l'endroit idéal. Le problème, c'est qu'il est observé, par les animaux d'une part, mais aussi par un concurrent invisible...

The girl who got rattled conte le déplacement vers l'Ouest d'une jeune femme timorée (Zoe Kazan) qui vient de perdre son frère, et tout lien avec l'avenir. Elle est courtisée par l'un des scouts de la caravane qui l'emporte, mais elle va rencontrer son destin lors d'une attaque d'une bande d'indiens des plaines.

Enfin, The mortal remains suit une diligence qui transporte une troupe disparate, dont deux chasseurs de primes (Brendan Gleeson et Jonjo O'Neill) qui ont une façon inquiétante de parler, estiment être ceux qui aident les bandits qu'ils accompagnent à "passer de l'autre côté". Au fur et à mesure du voyage, les autres passagers sont de moins en moins rassurés...

la structure épisodique a fait écrire beaucoup de bêtises à beaucoup de commentateurs, principalement autour du fantasme que les frères Coen (dont Fargo  été adapté en série, mais par d'autres, je le rappelle) puissent se livrer à un passage vers la série, ce nouvel eldorado qui est en train, à petit feu, de tuer le cinéma... en quelques sorte. Il n'en était rien, bien sûr, les deux frères aiment particulièrement livrer un produit fini, prêt à l'emploi, et c'est une fois de plus le cas avec ce troisième essai des deux frères dans le monde du western. Un essai? Un coup de maître(s), plutôt: le choix de ratisser large en s'essayant à toutes les figures du western à travers six intrigues différentes aurait pu tourner au gratuit, et à la place ils en font une véritable mine d'or, sans jeux de mots... Car il est évident que ce film est l'une de leurs oeuvres les plus structurées, commençant dans l'apparemment inoffensif en compagnie du cowboy d'opérette Tim Blake Nelson avec un glissement de plus en plus insistant vers l'humour noir. Toutes les composantes génériques de l'histoire du western sont présentes, du faux pittoresque jusqu'à un certain réalisme dépourvu totalement de paillettes ou de charisme (le chercheur d'or de Tom Waits, la pionnière paumée de Zoe Kazan), mais ils s'amusent aussi avec les codes du genre, passant d'une histoire à l'autre en questionnant les traditions (le bivouac avec haricots, la solitude du bandit, les codes moraux à variantes élastiques), en multipliant les recours aux personnages codés (chercheur d'or, pionnier fondamentaliste, bandit fataliste, montreur d'ours, fille de joie, pied-tendre, etc... mais toujours en imprimant de façon solide dans chacune des histoires, la marque de la mort: omniprésente, absurde voire comique, mais toujours là, avec insistance...

Si toutes ces histoires fonctionnent à 100% comme autant de contes noirs et réussis, des histoires somme toute drôles (pour certaines d'entre elles du moins) et distrayantes, les deux frères ont cette fois sans la moindre réserve questionné l'âme Américaine à travers son folklore le plus personnel, cette période de 25 années qui fut une sorte de période accélérée de formation pour un pays qui tout à coup s'est mis à se développer à une vitesse anormale. Du coup, tout prend du sens, et il n'est pas tendre: à travers ce cowboy chantant, odieux par son incapacité à se mettre en doute et sûr de sa capacité à écraser l'autre (non, je me refuse à écrire le nom du président actuel, ce serait trop facile), les Coen égratignent l'âme Américaine dans son manque profond d'humilité; et ils vont insister sur tous les aspects de ce que la conquête de l'Ouest a pu forger dans l'Américain: manque total d'empathie, ignorance obscurantiste (la pauvre pionnière!), une capacité impressionnante à violer la nature pour pas grand chose (le chercheur d'or, dont l'épisode commence dans un déchaînement lyrique comme on l'a rarement vu chez les deux cinéastes), et au final une sorte de résilience condamnable à porter une culture de mort... Un portrait de l'Amérique effectué d'après la partie la plus saillante mais aussi la plus réjouissante de son histoire, en quelque sorte.

Je le disais plus haut: ces considérations vont de pair, comme d'habitude, avec un respect dû au genre western, du coup c'est constamment superbe esthétiquement parlant, admirablement composé et la narration (qui se poursuit sur plus de deux heures, une fois n'est pas coutume) adopte un ton calme, lent et méthodique, que n'aurait pas renié le John Ford de The Searchers. Et les acteurs (vous avez vu le casting?) s'en donnent à coeur joie, trop heureux de participer à leur façon à la grande légende paradoxale du western! Donc non seulement c'est drôle et enlevé, mais ce western noir EST un western, un vrai, en plus d'être un excellent commentaire sur le genre. C'est l'un des grands films de frères Coen, excusez du peu, et s'il fallait lui trouver un défaut, c'est sans doute dans son moyen de diffusion, sur Netflix, où le cinéma est encore accueilli, mais meurt à petit feu. Dommage...

 

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Published by François Massarelli - dans Joel & Ethan Coen Comédie Zoe Kazan
15 février 2020 6 15 /02 /février /2020 14:05

Ce film est le troisième rescapé des productions de Ebony Pictures de Luther Pollard, et propose une nouvelle fois un scénario de pur slapstick sur une comédie qui se situe cette fois clairement juste entre Sennett et Roach... Au début, le héros vit une situation à la Harold Lloyd: il est réveillé en sursaut par une propriétaire irascible et qui lui réclame des impayés avec l'aide d'un agent... Il s'échappe et trouve refuge dans une blanchisserie, où la police va venir le débusquer, mais entre-temps il aura eu le temps de confondre de l'opium et de la mort aux rats...

Ca fait beaucoup, ça fait même trop, et l'irruption d'une troupe de policiers en uniforme est aussi une indication que Luther Pollard et son équipe souhaitaient proposer une version Afro-Américaine des Keystone cops! Mais ce qui me semble le plus frappant dans cette comédie très moyenne, c'est de voir la façon dont les concepteurs noirs du film se sont réfugiés avec leur personnage de blanchisseur chinois dans une vision largement alimentée par une certaine forme de racisme: le cercle vicieux, assez paradoxal, d'une industrie qui est largement basée sur l'exploitation des stéréotypes pour plaire au vaste public.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie
12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 18:25

Un scientifique un peu fou a besoin d'une authentique momie égyptienne pour se livrer à des expérimentations. Un jeune homme qui souhaite se marier avec la fille du professeur, lui fournit une fausse momie, en fait un comparse sous des bandelettes. L'affaire se complique quand deux Egyptiens (en costume!) interviennent, car ils recherchent une momie sacrée qui leur a été dérobée...

Comme Two knights of Vaudeville, ce court métrage d'une bobine sauvé de l'oubli est une production de Luther Pollard pour Ebony films, qui entendaient fournir au public Afro-Américain des grandes villes des comédies taillées sur mesure pour eux, avec des acteurs noirs. L'histoire n'a pas retenu le nom des protagonistes de cette pochade, qui est bien meilleure que le film cité plus haut... Mais dont les marques irrémédiables de décomposition rendent le visionnage parfois malaisé.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie
12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 18:13

Ce court métrage sauvé de l'oubli et de l'auto-destruction est historique à plus d'un titre: non qu'il soit bon, on va évacuer la question tout de suite: il est même d'une impressionnante médiocrité... mais le producteur Luther Pollard avait créé une structure destinée à concurrencer les films Blancs produits à Fort Lee et à Hollywood, pour donner aux salles fréquentées par les afro-américains des films qui les mettaient aussi en vedette. Et comme le standard contemporain des comédies de Sennett ou de Rolin, les films y voyaient des acteurs payer de leur personne et ne pas hésiter à se tourner en ridicule.

C'est d'ailleurs là que le bât blesse: les trois protagonistes principaux sont deux hommes, Jimmy Marshall et Frank Montgomery, et une femme, Florence McCain, qui après une nuit désastreuse au music-hall décident de monter un spectacle qui s'avérera une autre catastrophe. Mais comment ne pas constater que les trois héros du film sont eux-mêmes tellement au bas de l'échelle qu'on ne peut que tiquer... Ils tendent à renvoyer, cette fois à un public supposé être 100% noir, l'image de faire-valoir imbécile que les films 100% blancs avaient forgé des afro-américains. Donc si le film vaut par sa rareté iconique (en gros, le film "officiel" le plus ancien d'un cinéma destiné au public noir), il n'en reste pas moins un témoin gênant d'une tendance du cinéma des origines à forger et anticiper le racisme de ses spectateurs...

...Tout en montrant, objectivement, des héros confrontés aux deux communautés, et rejetés par l'establishment blanc du music-hall dont il se font expulser, puis rejetés par un public noir qui ne trouve pas leurs numéros à son goût.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie