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1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 17:09

Ce court métrage consacré, comme l'indique assez clairement son titre, au base-ball, fait partie des films qui sont sans doute plus intéressants pour le public Américain, dans la mesure où une large part est dépendante d'une certaine familiarité avec cette étrange manie de regarder des gens s'envoyer une balle dans la figure, habillés avec des casquettes moches (ce qui n'a rien de plus douteux que de regarder onze analphabètes milliardaires affronter onze autres analphabètes milliardaires, habillés d'un short ridicule, avec des coiffures d'une laideur à vomir, mais je digresse). 

Cela étant dit, le film est drôle, reposant sur les extrapolations autour de figures imposées du sport, sur la répétition de gags, et sur la mise en relation littérale d'une expression imagée et de son application: bref, quand quelqu'un hurle "à mort l'arbitre", c'est suivi d'un coup de feu...

Et il y a une belle et flagrante application du principe de destruction de la barrière entre le personnage et la fiction, le fameux "quatrième mur", puisqu'un joueur se plaint que le film ait commencé trop tôt, sans qu'un générique n'ait détaillé le nom des artistes, et sans que le lion de la MGM n'ai rugi...

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Published by François Massarelli - dans Animation Tex Avery
1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 16:59

Patrick Brion a réservé, dans son ouvrage consacré à l'histoire du film noir, au milieu de 80 films du genre, une place à ce court métrage: un clin d'oeil au fait que l'historien est aussi un des spécialistes de l'oeuvre de Tex Avery qu'il a d'ailleurs largement contribué à faire découvrir en France à travers ses diffusions de la totalité de ses film MGM, et d'une bonne trentaine de ses films Warner. Pour ma part, je relie ce film, beaucoup plus au genre inauguré dans les années 20 avec des films comme The bat, ou l'excellent The cat and the canary: maisons hantées, ambiances gothiques, etc... 

Un présentateur nous annonce doctement que nous allons assister à la recréation par un cartoon d'une sombre affaire de meurtre, et sans transition nous entrons dans l'intrigue: dans une bien étrange maison, un vieil homme est tué. L'inspecteur entre en action: qui a tué? ...Ou comme l'annonce le titre, "qui a tué qui?", tellement c'est peu clair et de toute façon accessoire: ce qui compte, ce sont les variations sur les figures du genre: coucou suisse qui est un squelette, messages étranges, mort qui prend la pose pour les photographes, pièges, trappes, etc. Les gags se suivent à un rythme assez effréné, malgré la lenteur calculée et glauque de l'accompagnement à l'orgue Würlitzer.

C'est l'un des rares films de Tex Avery dans lequel il a utilisé directement un personnage filmé en live-action... 

 

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Published by François Massarelli - dans Tex Avery Animation
1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 16:48

Voilà un film qu'on ne présente plus... Les personnages du Petit Chaperon Rouge se rebellent et souhaitent faire partie de la distribution d'un cartoon plus moderne... On les retrouve dans une métropole, évoluant dans la vie nocturne, autour de gratte-ciels avec tous les derniers conforts: le loup, désormais un séducteur de night-club, Red, chanteuse ultra-sexy, et sa gran-mère, qui n'attend qu'une seule chose: la visite du loup!

"Red", la jeune chanteuse animée de mains de maîtres par Preston Blair (un ancien de chez Disney qui avait besoin de tâches plus, disons, intéressantes, et qui était préposé aux jolies filles dans l'unité de Tex Avery), le loup: ces deux personnages vont devenir des archétypes de la production du metteur en scène, et leur dynamique génératrice de gags enchaînés sera vue dans plus d'un film... On retrouve aussi avec plaisir la caricature de Kate Hepburn à laquelle la filmographie Warner du réalisateur nous avait habitués, assortie en prime d'allusions à la voix de Red Skelton!

Mais l'essentiel du court métrage reste quand même la séduction tentée par la grand-mère (totalement obsédée, et qui l'assume particulièrement bien!) sur le loup qui n'en demande pas tant: c'est gonflé, c'est au ras des pâquerettes, mais c'est aussi et surtout hilarant.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Tex Avery
1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 16:26

A Budapest, le dirigeant d'un cinéma (Alan Hale) se rend dans un orphelinat pour y proposer l'embauche d'une jeune fille pour être ouvreuse dans son établissement. Il choisit Luisa Ginglebusher (Margaret Sullavan), l'une des plus âgées, mais aussi des plus fantasques, des locataires de l'établissement... Nous ne la verrons pas beaucoup faire son métier pour autant, car elle va très vite découvrir l'un des désavantages de son métier: il attire les hommes. Quand elle se retrouve en compagnie d'un séducteur, Luisa trouve la solution, elle prétend être mariée...

Ayant rencontré lors d'une séance de cinéma Detlaff (Reginald Owen) qui travaille comme garçon dans un hôtel de luxe, il l'invite à l'accompagner, afin de réussir à manger à l'oeil. Mais... Luisa, décidément peu au fait des aléas de la séduction, se retrouve dans les bras d'un important et riche homme d'affaires, Konrad (Frank Morgan). Afin d'échapper à ses assauts, elle prétend être mariée. Beau joueur, Konrad lui suggère de nommer son mari afin qu'il lui rende la vie plus facile. Luisa sélectionne dans l'annuaire le nom d'un avocat, Max Sporum (Herbert Marshall): celui-ci va donc bénéficier, sans trop y comprendre, des largesses de Konrad, et entrer malgré lui dans la vie de la jeune femme...

Qui est "la bonne fée"? Est-ce Luisa, qui essaie de profiter de son influence sur Konrad et ses millions, pour faire le bonheur d'un inconnu qui en a bien besoin (c'est un avocat, mais l'annuaire indique qu'il vit dans un quartier peu reluisant)? Est-ce Konrad, qui est prêt à tout pour séduire la jeune femme (mais qui a des intentions bien équivoques)? Ou ne serait-ce pas plutôt le grognon Detlaff, irascible mais dont la tendresse pour sa protégée n'a pas besoin d'être exprimée? Voire... ne serait-ce pas tout simplement Maurice Schlapkohl (Alan Hale, dans un rôle minuscule mais mémorable), l'homme qui a tout déclenché?

C'est un film formidable, dont William Wyler, qui n'adapte pas la pièce de Molnar puisque le script en est éloigné, fait son traitement coutumier, privilégiant des prises longues afin de laisser les dialogues respirer. Et quels dialogues! Preston Surges a du batailler ferme pour maintenir un certain niveau de coquinerie, d'autant qu'on en est aux premiers temps de l'application du code de production, mais il est impossible de ne pas y voir les aventures d'une innocente (Luisa), protégée par un brave homme qui la veille comme un oncle (Detlaff), aux prises avec un vieux garçon (Konrad) qui aimerait vraiment la faire passer à la casserole! On peut bien sûr ajouter le personnage de Max, l'avocat idéaliste, et admettre qu'il est probablement aussi innocent que Luisa, et on est en pleine screwball comedy, délectable et enlevée.

Cette fois, en dépit de la pièce écrite par Ferenc Molnar, on n'est pas vraiment dans l'esprit de Mitteleuropa... On n'est pas vraiment chez Wyler non plus, même si la mise en scène est impeccable: on est entré dans l'univers loufoque de Preston Sturges, où tout le monde ment sans mauvaises intentions... Et suivre Margaret Sullavan en folle ingénue dans cette équipée, est décidément un grand plaisir.

 

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Published by François Massarelli - dans William Wyler Preston Sturges Comédie
1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 10:11

Un bateau contenant une expédition scientifique aborde l'îlot Dumont D'Urville, situé au beau milieu de l'océan, et vide d'habitants... sauf trois personnes: Anna (Germaine Rouer), une Bretonne qui s'est exilée, et qui tient un paradoxal café pour les marins de passage, avec son mari et son fils. Le mari est un ancien marin, qui n'a plus toute sa tête...

Le but de l'expédition scientifique menée par Arlanger (Robert Le Vigan) est de ramener du minerai de radium, mais il va falloir très vite se rendre à l'évidence: il n'y en a pas, les hommes sont arrivés sur une fausse information... Mais l'équipage s'en fout, tous les hommes ne pensent qu'à une seule chose toute la journée, rejoindre le café et écouter les chansons de la femme... Surtout le lieutenant Robert Jacquet (Jean-Pierre Aumont) qui est d'ailleurs dans cette expédition par dépit amoureux...

C'est un film mutilé, d'ailleurs sorti sous un autre titre, Ile perdue... Epstein s'est vu déposséder du montage, selon un schéma qui s'est reproduit bien souvent dans sa vie. Ce film faisait pourtant partie de sa veine "commerciale", ces films qu'il a tournés pour d'autres afin de pouvoir continuer à financer ses projets "Bretons"...

Et justement, la touche d'Epstein, dans ce film, ce sont les plans qui nous montrent l'austérité des lieux, des rochers peu accueillants à perte de vue, d'ailleurs probablement à Ouessant, comme Finis Terrae (1928), son premier film Breton "en liberté"... Les hommes qui arrivent sur cet île avec un idéal, quel qu'il soit (trouver du radium, oublier l'amour, se faire aimer d'Anna, se perdre dans les beaux yeux d'une femme idéalisée) se trompent tous, et paradoxalement, le plus raisonnable est sans doute le plus désagréable des hommes, le mécanicien agressif et querelleur (Charles Vanel), qui se moque du romantisme des autres et essaie de séduire aussi lourdement que possible Anna. Il n'y arrivera pas non plus, il mais il agira comme un révélateur de la perte des repères de ces hommes...

Et le cinéaste se perd dans les visions lyriques des ces vagues, ces embruns et ces plans de tristesse sauvage et de rochers... Il savait capter la détresse d'hommes qui ont plus ou moins confusément choisi leur destin en restant dans des îles à y faire un travail ingrat, et nous le rappelle ici en filmant la mélancolie profonde des marins et des trois habitants de l'île. Cela étant, on admettra que Germaine Rouer, priée de figurer la tristesse infinie de l'exil volontaire, en fait trois fois trop en adoptant une diction à la Alain Cuny...

Mais l'ironie est profonde, et les hommes vont presque tous en souffrir: Arlanger, par exemple, va devenir fou après avoir falsifié les journaux de bord, et envoyé à ses commanditaires des messages uniformément positifs alors qu'il n'a rien trouvé. Jacquet va maladroitement tenter de séduire Anna, ce sera un échec... Le mousse va se suicider... Et le mécanicien, lui, va tuer un homme. La fin peu glorieuse des illusions romantiques, donc.

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Published by François Massarelli - dans Jean Epstein
29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 17:56

On est, avec cette rare comédie qui date d'avant l'âge d'or, mais juste avant, en plein univers de Frank Capra... Mais quinze années avant! C'est un des films réalisés autour de la personnalité attachante du comédien aujourd'hui oublié Douglas Maclean, et si le nom de Jack Nelson ne nous évoque lui aussi pas grand chose, on connaît en revanche le nom du superviseur de ce film, le célèbre Thomas Ince, qui adorait signer au delà du raisonnable mes films qui sortaient de ses ateliers; par exemple, sur les trois premiers cartons du générique de ce film, son patronyme apparaît 5 fois...

Jimmie Knight vient de finir ses études, il fait donc ce que tout héros de comédie muette doit faire: il rentre dans son petit trou pourri originel, en l'occurrence Centerville, Iowa... En chemin, il rencontre une adorable créature (Marian De Beck) et le coup de foudre est manifestement réciproque... Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il s'agit en fait de Miriam Rogers, la fille des rivaux du drug store qu'il va désormais tenir, en ayant hérité. Et le père Rogers, lui, est un capitaliste du genre qui ne rigole pas, le magasin familial pourrait bien être liquidé en deux semaines. L'idée qui va sauver le commerce familial est de prétendre que le père de Jimmie, avant de mourir, a trouvé la panacée absolue, de fabriquer un médicament (plus il sera dégoûtant, mieux ce sera), et de le vendre à tous les imbéciles qui le demanderont... Et en plus, ça marche: le truc commercial, bien sûr, mais surtout le médicament, qui guérit effectivement tous ceux qui y croient, quel que soit leur maladie!

Le titre fait allusion à une formule de P.T. Barnum, selon laquelle toutes les minutes, il naît un imbécile à arnaquer... ce qui annonce quand même assez sérieusement la couleur. On notera que sur les fonds baptismaux de la panacée créée par Jimmie Knight (charbon de bois, terre, gingembre...), on trouve non seulement un jeune diplômé de droit, mais aussi le journaliste local, propriétaire de l'unique organe de presse de Centerville: un beau pedigree, donc, pour un médicament qui n'est finalement que de la poudre aux yeux...

S'il faut admettre que le film promet plus qu'il ne donne (on s'attend longtemps à ce qu'un retour de bâton punisse les prétentions du héros, en vain), le film est plaisant pour son optimisme, sa simplicité, et le fait que finalement toute cette histoire de clochers se résout entre amis, au village, pour ainsi dire. Certes, c'est une vision par trop optimiste des dures lois de la publicité et du capitalisme, mais c'est dit avec le sourire, et Maclean évoluant dans un univers qui fait tellement penser à ceux de Fairbanks, Lloyd et Chase, qu'on lui pardonne beaucoup.

 

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Published by François Massarelli - dans Douglas MacLean Comédie Thomas Ince Muet 1921 *
29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 15:30

En 1927, dans les studios de Hal Roach, quelqu'un a eu la bonne idée de construire un film autour d'un duo, composé de deux solides acteurs, Stan Laurel et Oliver Hardy... Le reste est bien sûr historique, un partenariat irrésistible et fécond, comme on n'en a jamais vu ailleurs...  A moins que...

Sur les rudes côtes de la mer du nord, vit une petite communauté de pêcheurs, dans un petit village. Une vieille dame qui vit à l'écart, a adopté un enfant perdu, une vingtaine d'années auparavant: la vieille Malin (Petrine Sonne) vit toujours avec Tom (Erling Schroeder), qui bien sûr a bien grandi! Il est amoureux de la belle Karin (Karin nellemose), mais le père de celle-ci est totalement opposé à leur mariage et ils doivent se cacher pour se voir... Le village est depuis quelques temps la proie d'une certaine psychose, en raison de l'apparition nocturne de fantômes, qui poussent les gens à se terrer chez eux la nuit venue...

Deux vagabonds arrivent (Carl Schenström, le grand dépendu, et Harald Madsen le petit râblé), et avec l'autorisation de Tom et de Malin, s'installent au bord de la mer, dans une petite cabane... Leur séjour sera rude, car non seulement ils vont affronter la tempête quasi permanente, perdre leur toit, couler un bateau en allant pêcher, mais en prime, ils vont aussi résoudre les deux mystères du lieu: d'où vient Tom? et quelles activités louches se cachent donc derrière ces apparitions?

C'est un film de long métrage, très long même si on le compare aux canons hollywoodiens du genre: à l'époque, les films de Lloyd, Chaplin, Langdon et Keaton dépassaient rarement une heure et vingt minutes, mais ici, on arrive à cent minutes, soit une heure quarante. C'est que Lau Lauritzen, qui vient d'ailleurs de réaliser avec ses deux protégés un long métrage mammouth autour d'une adaptation de Don Quichotte, avait trouvé avec ses nombreuses comédies mettant en scène le duo Schenström-Madsen, un succès jamais démenti, et savait que le public le suivrait. On pourra toujours se plaindre que c'est un peu trop long, que les intrigues qui sont accumulées comme autant de feuilles de lasagne sont probablement trop nombreuses (ce qui est assez juste): mais tous les films du duo fonctionnent comme une mise en parallèle de la petite vie (ou survie) pépère des deux personnages d'un côté, et d'une communauté de l'autre; et la plupart du temps, le constat est sans contestation possible un échec: l'impossibilité pour ces deux enfants mal grandis de s'intégrer est évidente. 

Dans ce film pourtant, leu comportement proactif étonne: ils vont en effet, et sciemment, résoudre deux énigmes alors que d'une certaine façon il ne leur est rien demandé! Mais c'est aussi parce que pour Lauritzen, et pour le public danois (et le reste de l'Europe car ces films s'exportaient rudement bien), les gens qui vivent autour des héros ont gardé une vraie importance. Le metteur en scène a d'ailleurs toujours pris la précaution de filmer ses histoires dans un Danemark tangible, et c'est particulièrement vrai ici, dans cette rude communauté de pêcheurs qui sont loin d'être des rigolos, avec leur folklore... Avec ses naufrages aussi, dont un qui est filmé dans des conditions assez proches d'une vraie catastrophe. De plus, en lieu et place de la sempiternelle ballade sur la plage avec des girls en maillot trop grands pour elles (on les appelait les Lau's Beauties!), les jolies filles qui peuplent la salle où une danse folklorique est organisée, sont en costume national... 

Mais c'est toujours nos deux Doublepatte et Patachon qui volent la vedette, puisque dans la scène du bal, ils commencent par être rejetés par absolument toutes les femmes, et finissent par se résoudre à danser ensemble. Mais l'originalité de leur lecture du charleston (absolument hilarante) est non seulement un moment de grâce pour le spectateur, mais aussi un moment qui va révéler doucement, sans excès d'émotions, les deux personnages au reste de la distribution. Rien que pour ça, et pour l'excellente tenu du slapstick génial développé sur la plage, en plein vent (et avec un solide dose de sable dans la bouche) par les deux acteurs, le film vaut vraiment la peine.

https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/vester-vov-vov

 

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Published by François Massarelli - dans 1927 Lau Lauritzen Muet Comédie Schenström & Madsen DFI *
29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 09:01

Ce film est un cas à part, y compris dans le contexte parfois franchement baroque du cinéma Italien des "divas " des années 10! Il est l'adaptation d'un poème de Fausto Martini, une variation sur Faust au féminin. Non seulement il a été conçu comme un "véhicule" pour Lyda Borelli, mais il était accompagné 'une partition très élaborée de Pietro Mascagni, faisant du film une sorte d'opéra cinématographique!

La respectable vieille dame Alba d'Oltrevita (Lyda Borelli) aime à s'entourer de jeunes personnes dans sa demeure, mais ils lui rappellent cruellement la vérité sur son sort. Passant devant une toile présentant Faust et Mephisto, elle émet le souhait d'être confrontée comme le vieux Faust à une nouvelle jeunesse... ce qui n'est pas tombé dans les oreilles d'un sourd: Mephisto (Ugo Bazzini) l'a entendue, et le tableau s'anime.

L'accord conclu entre le démon et la vieille dame est simple: elle va récupérer sa jeunesse et sa beauté, mais a l'obligation de ne pas tomber amoureuse. Et bien sûr elle accepte...

Dans la première partie, Alba tourne la tête d'un jeune homme, Sergio (Giovanni Cinni) qui ne l'intéresse pas du tout. Elle préfère passer du temps avec le frère de celui-ci, Tristano (Andrea Habay) qui est venu pour lui demander de cesser ses manigances, et bien entendu, elle tombe amoureuse, ce qui va précipiter les deux frères dans la mort...

Oxilia a conçu le film en trois parties distinctes, un prologue donc, la première partie qui laisse la place au lyrisme et dans laquelle Lyda Borelli se retrouve très entourée. Mephisto est généralement dans l'ombre, mais au fur et à mesure de l'avancée de la situation, les figurants disparaissent... La deuxième partie, qui vient après la révélation de l'amour d'Alba pour Tristano, est quasiment un solo de l'actrice, qui joue comme elle savait le faire, des pieds à la tête: son jeu n'est ni timide, ni mesuré, mais elle réussit à éviter le ridicule en maintenant un répertoire d'expressions magistral. Oxilia se plait à filmer avec adresse tous les éléments de l'immense propriété où se situe l'action, trouvant toujours des solutions personnelles pour cadrer l'actrice derrière des filtres, des éléments de décor, des branchages... Le cinéaste profite aussi d'une belle lumière estivale.

Un élément essentiel du film, outre sa partition, est la couleur: teintes, mais aussi pochoirs, sont utilisés dramatiquement. Alba et Mephisto en particulier bénéficient d'un traitement de faveur, puisque dans de nombreuses scènes ils sont les seuls à avoir été colorés: Mephisto en pourpre, et Alba en fuschia... Ce dispositif particulier est l'un des éléments qui ont fait que la sortie du film a été retardée, jusqu'à juillet 1917, peu de temps avant la mort d'Oxilia.

Ce reflet extravagant d'une autre époque, mais aussi d'une confiance inconditionnelle dans les pouvoirs du cinéma, cette fois allié aux autres arts, est de ces oeuvres qui ne peuvent laisser indifférent, et qui plus de cent années plus tard, intriguent forcément... A voir donc à tête reposée, dans les meilleures conditions possibles, soit avec ses couleurs et sa musique.

 

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Published by François Massarelli - dans 1915 Nino Oxilia Muet Lyda Borelli *
28 février 2020 5 28 /02 /février /2020 16:59

Un touriste jette une cigarette allumée dans le parc de Jello-Stone, et... c'est le début d'un incendie. Les deux rangers pompiers George et Juniors interviennent donc...

Peu de choses à dire, c'est un film qui se place de suite en pilotage automatique. C'est aussi l'une des fois où Avery a recours à un truc plus associé à Disney: il donne à son feu le physique d'un espiègle galopin, un sale gosse après lequel les deux héros pas vraiment très efficaces courent du début à la fin...

Avery va aussi donner une figure concrète au rapport très particulier entre George, le meneur du duo, et son acolyte Junior, qu'on mène gentiment par le bout du nez: quand il a commis une bêtise, Junior se voit obligé de se pencher en avant ("Bend Over, Junior!") par George, qui lui administre alors un impressionnant coup de pied aux fesses. Mais on a droit à des variations de ce gag à de nombreuses reprises dans le film: Avery s'ennuyait-il?

 

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Published by François Massarelli - dans Tex Avery Animation
28 février 2020 5 28 /02 /février /2020 16:42

Outre Droopy et Screwy Squirrel, Avery a tenté de lancer une autre série de courts métrages qui n'aura qu'un succès limité, s'arrêtant au bout de quatre films... Hound hunters est le deuxième (le premier s'appelle Henpecked hoboes), et présente assez bien la dynamique à la Laurel et Hardy entre les deux vagabonds (...vaguement des ours) George et Junior.

Lassés d'être sur la route, ils postulent pour travail à la fourrière et doivent donc attraper les chiens errants, ce qui ne sera évidemment pas de tout repos. Notons qu'ils retrouvent à travers cette situation les prémisses d'une comédie burlesque à l'ancienne, en montrant les héros s'engager dans une nouvelle voie afin de se nourrir.

Mais si les deux personnages ont déjà leur mode de fonctionnement, avec le petit George en tête pensante et autorité morale sur le gros Junior-tête-en-l'air, il n'y a pas encore le gimmick qui sera beaucoup mis à profit dans les films suivants: "Bend over, Junior!". Maintenant, si Avery s'est vaguement inspiré du duo de vagabonds de Steinbeck (Of mice and men) pour ces deux personnages, il a aussi fait appel à l'autre personnage inspiré directement de ce roman, Le Lenny de Lonesome Lenny, qui revient pour une apparition éclair.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Tex Avery