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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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19 mai 2017 5 19 /05 /mai /2017 10:54

Il ne sert à rien de refaire l'histoire... Néanmoins, découvrir ce film après avoir vu toute la suite de la carrière de son metteur en scène donne une drôle d'allure à son premier long métrage, dans lequel on s'évertue à chercher des indices, à construire une lecture, inévitablement inspirée des dédales mis en place par le réalisateur dans Incendies, Prisoners, Arrival, et surtout, surtout, dans Enemy. Pourtant le film que voici s'avère assez linéaire, tout en admettant qu'il y a effectivement de quoi s'amuser un peu à chercher la petite bête...

Pour commencer, l'intrigue, qui rappelle vaguement Fearless de Peter Weir (Un autre film à thèse ET à tiroirs) se base sur un accident de voiture subi par l'héroïne, Simone Prévost (Pascale Bussières). Elle conduit, s'endort au volant, et se réveille la tête en bas, commotionnée, mais vivante. elle s'extirpe avec difficultés de son habitacle de fer et de débris, et marche jusqu'à la route où elle attend qu'une voiture s'arrête. Quand enfin une personne la prend avec elle, il l'amène à l'hôpital, ou elle prend une série de décisions: elle était en partance pour Rome, elle a décidé de ne plus partir, mais n'en informera presque personne. Elle vivait seule, elle va faire un enfant. Elle refuse depuis qu'elle le connaît l'amour de son ami Pjhilippe (Alexis Martin), mais c'est à lui et à lui seul qu'elle annonce son intention de rester au Québec, de devenir mère, et... elle a d'ailleurs décidé qu'il serait le père.

Deux lectures sont donc possibles.

L'une, directe, prend en charge le symbole de renaissance, nous permettant de suivre les aventures d'une femme qui reprend le contrôle de sa vie... Comme elle le fait avec son petit caractère impulsif bien à elle, le film va déboucher sur une comédie classique, entre les exigences d'une femme au caractère bien trempé, et les hésitations d'un homme certes amoureux, mais qui ne se voit pas solder ses sentiments pour devenir distributeur de sperme... tout en admettant que la situation est, sur le coup, bien tentante. Pour compliquer cet aspect, il est en couple, mais avec une femme qui, à part dans une apparition éclair, et comme partie de la conversation entre Simone et lui, disparaît quasi complètement du film.

Et sinon, les deux amis vont se mettre en quête d'un endroit, un désert, pour concevoir l'enfant. Ils se rendent à Salt Lake City pour aller dans le désert de sel, et vont s'y retrouver confrontés... à rien: juste l'un et l'autre, la vérité des corps, et l'impossibilité de faire face à leur "mission". Et du même coup, peut-être, se confronter à un début de prise de conscience de leurs sentiments, de la possibilité de s'aimer pour de vrai au lieu d'un rapide rapprochement à caractère utilitaire.

Ils vont surtout, comédie oblige, se faire bien arnaquer... Le chauffeur de taxi qui les a amenés voyant des proies faciles, utilise son pouvoir pour les faire chanter, et finalement ils vont devoir revenir à la civilisation par leurs propres moyens. Une séquence à l'aéroport, lorsqu'ils attendent toute une nuit leur vol pour le Québec, reprend la symbolique de départ et redistribue les cartes: ils s'endorment sur un banc dans la salle d'attente, ils trouvent un mini-hôtel à la japonaise, c'est à dire juste un caisson avec un lit tout confort. Ils s'installent, ne parviennent pas à dormir, et... Simone va acheter du mescal, ils se saoulent, mais Philippe tient bon: il ne veut pas céder au désir de la jeune femme. Pourtant un long passage le voit rester seul en attendant son amie (Il ne sait pas qu'elle est partie acheter une bouteille), et...il joue, seul dans son cocon, à imiter un corps en apesanteur. A force de tourner autour de l'enfantement, il finit par se prendre pour un foetus... il a fini par être la responsabilité de son amie, particulièrement dirigiste. Et pourtant, l'histoire se finira mal... une fois rentrée, rejetée par Philippe, Simone comprend enfin ses sentiments à son égard, et elle lui demande de venir chez elle: il ne pourra pas le faire car il va faire une mauvaise rencontre: trois voyous le mettent dans le coma.

Voilà, une intrigue qui permet un portrait de femme forte, qui prend en main son destin et tente de se projeter en mère célibataire, avant de se rabattre, trop tard hélas, sur la vérité de ses propres sentiments. portrait ironique, qui s'inscrit dans une renaissance et une recherche d'un nouveau départ (Couper les ponts, choisir son destin, aller dans le désert)... Mais qui passe par la mort.

Et c'est là que le film ouvre (Sans nécessairement les emprunter) des pistes autour de la mort: après son accident, Simone saigne du nez dans la voiture du bon samaritain. On retrouve ce motif dans le désert quand elle reçoit un coup de portière du taximan indélicat: un gros plan nous montre le sang qui tombe sur sa robe. Et comme celle-ci est jaune... Quelques instants plus tard, Simon qui s'apprête à quitter le désert, voit un cadavre calciné. On n'en saura pas plus, mais cette présence lancinante de la mort nous fait nous poser des questions tout de même, surtout si on a vu les autres films de Villeneuve, ou... Alice ou la dernière fugue de Chabrol! Tout est possible, et si il est tentant de voir en cet accident un nouveau départ, une renaissance, le fait est que tout ce qui suit l'accident tourne autant autour de la mort (Qui rôde), que de la vie (Qui ne parvient pas à s'accomplir puisque en dépit de tous ses efforts, Simone ne parvient pas à ses fins.

Mais en attendant de résoudre ces aspects (Ce qui n'arrivera pas puisque Villeneuve ouvre les portes mais ne lâche aucune interprétation), c'est un premier film attachant, souvent comique, bien venu, et... terriblement Québécois.

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Published by François Massarelli - dans Denis Villeneuve
18 mai 2017 4 18 /05 /mai /2017 07:31

Londres, fin du XIXe siècle: lévèque Soper (Louis Jouvet), un insupportable empêcheur de tourner en rond, tente de mobiliser les gens contre Felix Chapel, un mystérieux romancier à succès, dont il ignore que c'est en réalité son propre cousin, le botaniste Irwin Molyneux (Michel Simon). Soper s'invite à manger chez les Molyneux, mais ceux-ci ont une tuile: la cuisinière a rendu son tablier! Mme Molyneux (Françoise Rosay) improvise: elle fera la cuisine, et pour éviter de mettre en valeur son embarras, Irwin prétendra qu'elle est partie précipitamment chez des amis. Voyant que quelque chose cloche, l'évèque finit par croire que Mme Molyneux a été assassinée par son mari, et déclenche une tempête... pendant ce temps, le tueur de boucher William Kramps (Jean-Louis Barrault) cherche Félix Chapel, car il lui reproche d'avoir agravé sa manie de tuer les gens. Il veut donc, en tout manque de logique,lui faire la peau...

Contrairement à une impression généralisée, ce classique n'est pas le premier film du tandem Carné-Prévert, qui avaient l'année précédente produit Jenny avec Françoise Rosay... un film dont le projet avait en réalité été repris de Jacques Feyder démissionnaire pour raisons de santé. Mais quelles que soient les qualités évidentes du mélodrame en question, on ne peut que constater l'importance historique et cinématographique pure de Drôle de drame, un film qui invente, initie, innove et change tout. Les films scénarisés/dialogués par Prévert n'avaient jamais auparavant autant fait reposer leur poésie particulière sur le langage même, qui de vecteur de facilités et de bons mots, se muait en terrain d'expérimentation permanente, servi par des acteurs exceptionnels et une mise en scène enthousiaste et sure de son fait. ce n'est pas le fameux "réalisme poétique" tant vanté, c'est plutôt de surréalisme poétique, un univers parallèle fait de mots qui finissent par avoir une vie propre, qu'il sagit...

De scène en scène, dans cette sombre histoire de crime rendue rigolote par l'abattage des acteurs et la dimension pince-sans-rire d'une mise en scène qui fait souvent semblant de prendre tout cela au sérieux, on assiste éberlués à la naissance d'un style avec lequel les français, soyons honnêtes, n'ont jamais été très à l'aise. D'ailleurs, prudemment, Carné et Prévert distillerons l'humour iconoclaste du langage et des situations dans le parcours plus raisonnable du drame, du mélo et de la féérie dans les années à venir. Et la comédie à la Française ne les suivra que rarement dans cette formule (Qui fait quand même furieusement penser à La kermesse héroïque avec le génie langagier en plus): intrigue cohérente et bien construite, sérieux des costumes et décors, scènes d'anthologie ("Bizarre, bizarre", bien sur, mais aussi toutes les interventions de William Kramps le tueur de boucher, et ses confrontations superbes avec l'immense Françoise Rosay), et don de soi par des acteurs qui en prime, sont loin d'être des manchots. Bref, un joyau.

Un joyau qui se moque des corps constitués "favoris" de Prévert: la police à travers le redondant comissaire interprété par Alcover, et l'église (Certes Anglicane, mais qui pensait-il tromper?) dont Louis Jouvet est le digne, fat, hypocrite et licencieux représentant. La cerise anarchiste sur le gâteau, quoi.

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Published by François Massarelli - dans Marcel Carné
17 mai 2017 3 17 /05 /mai /2017 16:43

Les premiers films de Borzage, ceux du moins qui ont été conservés, témoignent de la vitalité de sa vision du western, un genre auquel il souscrit dans tous ses développements (Villes sur la frontière, personnalités entre le bien et le mal, plus versées sur ce dernier, conditions précaires et éveil pionnier d'une conscience civilisatrice), mais auquel il ajoute une part toute personnelle: bien sur, les sentiments y ont leur place. Ce film dont la vedette est la cow-girl Texas Guinan, une actrice qui a tourné brièvement, mais uniquement des westerns, montre bien cet aspect...

Dans la ville de La mesa, située sur la Frontière, il y a bien un shérif, mais celle qui fait la pluie et le beau temps, c'est la patronne de The devil's kitchen, le saloon local. On l'appelle La tigresse, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle mérite son surnom... Mais l'arrivée de deux étrangers va bouleverser la ville, et chambouler sa reine: l'un d'entre eux, un pied-tendre comme on dit, surnommé "Le Bostonien", a été victime sur la route des méfaits du bandit local, "Le collectionneur", et du coup Le Bostonien décide de devenir adjoint au shérif. L'autre étranger, un homme élégant aussitôt surnommé The gent, devient l'amant de La tigresse, et ils échafaudent des plans d'avenir... Mais plus dure sera la chute.

On connaît Borzage en chantre de l'amour fou, celui qui soulève les montagnes, et transforme les hommes. Ici, il s'intéresse à l'amour comme facteur de civilisation, avec son héroïne qui devient de plus en plus 'respectable' au fur et à mesure de sa relation avec l'homme de sa vie. sauf que Borzage va également mettre en scène, plus tard, la tempête d'un amour déçu, et c'est là qu'on voit que pour la compagnie Triangle, Texas Guinan était un eu le pendant féminin des westerns de William Hart... Ca va donc canarder. Et c'est un petit bout de femme qui va sortir les armes.

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Published by François Massarelli - dans Muet Western 1918 Frank Borzage *
15 mai 2017 1 15 /05 /mai /2017 11:59

Tout à une fin, dit-on souvent. On est tenté, devant ce film qui nous prend par surprise par la nostalgie et même par l'embarras, de dire aussi que tout a un début. On assiste, avec ce film qui était à l'origine à peine plus qu'un modeste divertissement de samedi soir dans l'esprit de ceux qui l'ont promu, à la naissance d'un mythe, d'une saga cinématographique et d'un cinéaste. Concernant ce dernier, James Cameron, il convient sans doute de rappeler qu'il est dans le circuit depuis quelques années au moment ou ce film sort, ayant assisté John Carpenter (New York 1997) et même tourné un long métrage pour la galaxie Corman (Le très embarrassant Piranhas 2, the last spawn). Bref, il a fait ses classes... Mais The terminator, c'est son premier film personnel, imaginé, écrit et dirigé par lui.

Faut-il raconter l'histoire? The Terminator nous explique omment un jour de 1985, un cyborg venu du futur, très rapidement suivi par un homme, son ennemi, se mettent dans le L.A. qui est le passé pour eux, à chercher Sarah Connor, la future mère du futur chef de la résistance aux robots, l'un pour la tuer (Et empêcher toute rebellion par voie de conséquence), et l'autre pour la prévenir, la protéger, voire la sauver au péril de sa vie. et plus si affinités... Le robot, c'est un Terminator, une machine qui a tout de l'humain sauf les sentiments et la fragilité (Arnold Schwarzenegger), et c'est le mythe qui naît dans ce film, que Cameron fera fructifier et rendra définitivement immortel avec un autre film... Mais n'anticipons pas.

L'histoire est simplissime, réellement, sans autre enjeu que la survie basique, pure et dure, de son héroïne, qui doit à la fois courir, survivre et apprendre à vivre avec la menace permanente qui pèse sur elle, alors qu'elle n'est pour rien dans ce que lui reproche cette société du futur qui se dessine. mais le film est décidément du Cameron typique, à savoir qu'il s'agit pour le metteur en scène d'explorer l'interpénétration de deux mondes situés à deux époques différentes, en se situant à leur point d'impact exact: la tentative d'imposer une colonie dans l'espace (Aliens), la rencontre sous-marine du troisième type (The Abyss), et l'aventure du Titanic ne seront pas autre chose. Mais il y a aussi une thématique souvent présente, le metteur en scène étant fasciné par les machines comme étant une extension de l'humain. Le Terminator, mais ausi les armes et tous les procédés de survie au jour le jour manipulés par Kyle Reese (Bill Paxton) en montrent des exemples.

Maintenant, j'avais parlé d'embarras au début: il faut qund même reconnaître qu'en choisissant de montrer Sarah Connor en jeune femme bien de son temps, le metteur en scène n'a pas eu le nez creux... On a donc droit à l'esthétique dégueulasse, la mode infecte, la musique vomitive et surtout, surtout, la coiffure caniche de Linda Hamilton.

...Ouch!

Mais que cela ne nous fasse pas bouder notre plaisir devant ce qui reste une aventure très efficace, qui n'a sans doute pas coûté grand chose, mais qui fait son petit effet...

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Published by François Massarelli - dans James Cameron Science-fiction
14 mai 2017 7 14 /05 /mai /2017 08:54

Dans un endroit qui ressemble plus à l'Italie qu'à l'Angleterre, nous assistons aux exploits de l'athlète fantôme, un justicier mystérieux qui se charge des voleurs avec muscle et efficacité. Il est, pour la belle Jenny Ladimoor (Elsa Zara), le modèle parfait de l'homme, ce que n'est certes pas son fiancé, le réservé et ennuyeux Harry Audersen (Mario Guaita-Ausonia)... Come le fait remarquer un ami de la famille Ladimoor, elle, c'est le Vésuve, et lui, le Mont-Blanc! Elle veut du frisson, de l'aventure, et lui... du confort. Lorsque les bandits de tous poils d'un côté, et Jenny Ladimoor de l'autre, se mettent tous à convoiter un bijou fabuleux qui va être mis en vente, le mystérieux athlète va pouvoir entrer en scène...

...Mais au fait, qui donc est cet athlète fantôme, pourrions nous nous demander, si nous n'avions pas vu le Zorro de Fred Niblo?

Comme tant de films Italiens muets, celui-ci est un objet plat à deux faces...

Pile: une histoire rocambolesque, rythmée, dans laquelle un héros déploie non seulement ses muscles (Beaucoup, mais alors beaucoup), mais aussi une vraie ingéniosité, dont on peut d'ailleurs se demander comment elle fonctionne, car cet athlète fantôme est fort bien renseigné: il se trouve toujours sur la route du crime! Héros ultime, il ne s'encombre ni de manières ni de tergiversations, et il atteint son but en utilisant des moyens fortement cinématographiques: déguisé en statue, ou se saisissant à pleines mains de deux fâcheux, il distribue les bourre-pifs et ne sera mis en danger que brièvement. De son côté, la belle Jenny, fiancée à un homme qu'elle n'apprécie guère, se languit de trouver un jour sur sa route le valeureux justicier, et il est aisé de deviner qu'elle ne serait probablement pas farouche le cas échéant: car Jenny Ladimoor, vue la façon dont elle contemple les muscles exposés de l'Athlète fantôme dans une de leurs scènes communes, en ferait bien son goûter.

Bref, un film rigolo, distrayant, rebondissant, et s'il n'avait pas un côté face, on ne trouverait rien à y redire.

Donc, face: Après Cabiria, le cinéma Italien a pris plusieurs routes: continuant d'un côté à explorer les possibilités graphiques de l'antiquité, et développant un intérêt pour les actrices flamboyantes, c'est tout un pan du cinéma populaire qui s'est jeté dans les bras de Maciste, l'homme fort révélé par Bartolomeo Pagano dans le film de Pastrone. Mais dans un pays qui s'apprête à se laisser séduire par ce matamore de Mussolini, cet attrait pour la force brute qui triomphe de tout, y compris de l'intellect, laisse songeur. Et dans ce film, on constate que le principal protagoniste fait tout reposer sur ses muscles, qui sont le principal argument. Et quand on constate aussi que parmi les bandits qu'il affronte, se trouvent les boucs-émissaires les plus courants du cinéma populaire de l'époque, on tousse; certes, ils ne sont jamais nommés, identifiés comme juifs (Ou Israelites, le terme qui aurait probablement été utilisé à l'époque), mais ces deux fripouilles ont tout du cliché... Facile, trop facile, et embarrassant au regard de l'histoire. 

Pour résumer, ce film sans cerveau, pourvoyeur de plaisir immédiat et d'une idiotie assumée, n'est pas à proprement parler un film fasciste. Mais il nous permet de voir que l'Italie (Comme les trois quarts de l'Europe, soyons juste) était prête à basculer quand même...

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Published by François Massarelli - dans 1919 Muet
13 mai 2017 6 13 /05 /mai /2017 16:21

Déjà, rien que le titre inspire le respect. On ne se rend sans doute pas bien compte, mais filmer en 1913 une histoire d'amour transfrontalière, et montrer qu'elle est vouée à l'échec à cause de cette propension qu'ont les hommes à se foutre sur la gueule pour un oui ou pour un non, c'était quand même une belle transgression. A tel point que ce film Franco-Belge, tourné à la fin de l'été à grands frais par l'un des metteurs en scène de prestige de Pathé, a attendu huit mois, avant de bénéficier d'une sortie en... juin 1914. Ironique...

Machin, ce n'est pas n'importe qui. Toutes proportions gardées, il avait pour Pathé l'importance d'un Feuillade ou d'un Tourneur, et il lui a confié la mission d'aller en Belgique créer une production Pathé afin d'installer, de dominer et de contrôler le marché du Nord. Et Machin a tourné en toute liberté un certain nombre de films, dont celui-ci qui imagine une guerre fictive entre deux pays, à travers lesquels on devine aisément la Hollande et la Belgique.

Il imagine donc l'histoire d'un jeune homme envoyé par sa famille (Du pays du Nord) chez des amis (Du sud), afin qu'il puisse bénéficier de l'apprentissage militaire de l'aviation. Logé chez les amis le Morzel, le jeune Adolf apprend très vite, et non content de se faire beaucoup d'amis à l'académie militaire, il s'éprend aussi de la fille de ses hôtes. Mais bien sur, la guerre entre les deux pays éclate, et les deux amoureux doivent se dire adieu... Adolf, devenu un pilote émérite, on demande à un jeune as de l'aviation du Sud de l'abattre. C'est son ami personnel, le frère de sa fiancée qui exécutera la basse besogne, y trouvant lui même la mort...

L'heure est grave, et comme au Danemark Benjamin Christensen avec L'X mystérieux (1913), Machin anticipe sur le conflit inévitable qui hante les esprits de l'époque, en représentant des batailles qui bien sur seront dépassées en sauvagerie par la réalité; c'est néanmoins un bel effort, d'autant que le cinéaste a décidé d'utiliser beaucoup de ressources et d'effets spéciaux afin de rendre son film percutant: le plus spectaculaire étant l'utilisation de la couleur au pochoir, présente dans la copie restaurée sur la quasi totalité de ces trois solides bobines. Il va plus loin en utilisant la surimpression (Pas la meilleure idée) pour "ajouter" dans l'image des explosions, et des flash de rouge vif pour figurer le choc des explosions; il use abondamment de split-screen "à l'ancienne" aussi, en insérant ainsi les souvenirs et la pensée de ses héros...

Le film est engageant par la sincérité de son propos, par son économie, le jeu des acteurs qui n'en font jamais trop (Machin avait assemblé, au bout de quelques années, une troupe authentique), et par sa construction magistrale. Bon, par contre, si le film a été salué à sa sortie, ça n'a pas empêché l'inévitable. Mais il est temps de rendre à Machin sa place...

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Published by François Massarelli - dans Muet Alfred Machin 1914
13 mai 2017 6 13 /05 /mai /2017 08:43

Six ans avant Ford et son célèbre film à l'atmosphère noire tourné pour la RKO, le cinéaste Allemand tournait une première version du roman de Liam O'Flaherty à Londres, pour le compte de British International Pictures. A la vue de ce dernier, on est totalement surpris de la façon dont l'histoire a choisi l'un (Le film de Ford) au détriment de l'autre (Celui de Robison), tant l'avantage de ce film, qui porte la marque de cette période durant laquelle le cinéma hésitait entre muet parlant, est flagrant. Peut-être, que l'importance du metteur en scène a été la seule raison. Peut-être parce que le film Anglais est surtout connu pour sa version partiellement parlante, aussi: dans un film Anglais, sensé se situer à Dublin, quand tous les personnages ou presque parlent avec un accent Oxfordien, la vraisemblance a du plomb dans l'aile! Mais le fait qu'il ait fallu doubler Lars Hanson (Gypo Nolan) et Lya de Putti (Katie Fox) a probablement joué un rôle... Mais quand on voit la version muette, largement supérieure, il n'y a plus de doute possible.

A Dublin, en 1922, les révolutionnaires (Opposés donc à l'établissement d'un gouvernement qui serait indépendant mais toujours affilié à l'empire Britannique) envisagent de mettre un terme à la lutte armée, pour entrer plus sereinement en politique... Mais ils ne sont pas aidés: durant leur réunion, les forces soutenant le gouvernement les attaquent. Durant la confusion qui s'ensuit, le chef de la police locale est tué par le révolutionnaire Francis McPhilipp. Il doit se cacher... Gypo Nolan, son meilleur ami, est amoureux depuis toujours de Katie, la petite amie de McPhilipp, et il va profiter de son absence pour la conquérir. Quand l'homme recherché revient en ville une dernière fois pour voir sa mère, il passe chez Katie, et Gypo les voit s'embrasser. Ce qui est à l'origine un geste d'adieu est mal pris par Nolan, qui prend une décision impulsive: il va donner son copain au poste de police...

Tout le reste découlera de ce geste fou: Gypo n'a pas d'autre motivation que la vengeance, et d'ailleurs il est très étonné quand on lui tend de l'argent, qu'il tente de refuser. Cette somme dérisoire devient d'ailleurs un symbole: celui de sa trahison autant que de sa confusion...Lars Hanson est formidable en homme impulsif, blessé par des gestes qu'il n'a pas compris, lui qui dès le début est dans l'ombre de McPhilipp à tenter d'attirer l'attention de Katie par tous les moyens. Mais une fois devenu l'amant de Katie, le comportement de celle-ci est très clair: elle l'aime vraiment, le lien entre eux n'st pas fait que de pitié. Et Gypo s'ouvre à la femme qu'il aime en lui disant directement qu'il a dénoncé son copain, et il n'y aura pas le moindre doute dans l'esprit de la jeune femme: il faut l'aider! 

A cette vision d'un amour total, mais compliqué, le film ajoute une grande part de poésie urbaine qui bénéficie d'une superbe direction des foules et des figurants; la scène de la décision de Gypo, qui le voit fendre la foule en pleine rue pour se rendre au poste de police, est à cet égard splendide... Et Robison, qui comme de juste a tourné tout le film dans l'illusion d'une atmosphère nocturne, se délecte d'un jeu d'atmosphères, d'ombres de fumées et de lumières, qui restent fascinantes... Bien plus que son exercice de style expressionniste, le fortement médiocre Schatten de 1923.

La version parlante du film ne l'est que partiellement, et suivant la mode de l'époque, on n'y parle que dans le dernier tiers. L'examen des deux versions est sans appel... La comparaison avec le Ford aussi: Celui qui prétendait parfois s'appeler Sean Aloysius O'Fearna (Mais s'appelait en réalité Sen Feeney, ce qui aurait été bien suffisant...) était surtout motivé par l'ambiance et l'enfilade de clichés: catholicisme, parcours christique, absorption massive de Guiness, etc. On a souvent l'impression que le Gypo de Ford vend son copain parce qu'il n'a plus de quoi se payer à boire. Grandeur et décadence...

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Published by François Massarelli - dans Muet 1929 **
12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 16:49

On parle parfois de western spaghetti, en faisant allusion à la branche Italienne du genre; Tampopo a été présenté comme le premier western-ramen, du nom de cette spécialité culinaire Japonaise, qui donne son principal argument au film: la restauratrice Tampopo, en effet, entend bien trouver la recette idéale de ramen pour faire venir un maximum de clients dans sa petite échoppe, mais pour cela, il lui faut faire appel à un maître: celui-ci, Goro, sera donc l'élément westernien du film, constamment coiffé d'un vieux chapeau de cuir, et doté d'un caractère volontiers laconique: on n'est donc pas surpris lorsque à la fin du film il part au loin... au volant de son camion. Donc de western, il n'y a point! Par contre, pour ce qui est des nouilles et de leur bouillon, ce n'est pas ça qui manque, et il est bon à savoir que ce film est l'un de ceux qui vous donnera faim quand vous le visionnerez...

Raconter Tampopo s'avère impossible, tant Itami s'est amusé à dynamiter sa propre narration par des digressions, qui toutes tournent autour de la nourriture: anecdotes drolatiques, séquences burlesques, et même une séquence érotique du plus haut mauvais goût se succèdent, venant généralement parasiter l'intrigue principale en se greffant plus ou moins artificiellement. Ca vous rappelle quelque chose? Moi oui: ce film est presque structuré comme un épisode du Monty Python's flying circus! Et ça commence dès le départ, avant même le générique, avec l'étrange vision d'une salle de cinéma dans laquelle s'installent un gangster (Vêtu intégralement de blanc) et sa maîtresse, qui font installer un table sur laquelle un maître d'hôtel dépose des victuailles. Puis l'homme nous parle: car après tout nous avons un point commun, nous allons voir un film aussi! Mais le fait qu'il s'apprête à manger ne l'empêche pas de terroriser les autres spectateurs, qu'il menace de tuer s'il leur vient l'idée de faire le moindre bruit en mangeant des chips... Un écho, peut-être, annonciateur d'une scène dans le film: une dame enseigne à plusieurs jeune femmes les bonnes manières occidentales dans un restaurant, où elle entend bien faire passer l'idée que quand un Italien mange des spaghetti alla vongole, on n'entend pas un bruit... Mais c'était compter sans le client occidental, occuper à manger aussi bruyamment que possible... son plat de spaghetti.

L'humour se fait parfois intrigant et même surréaliste, voire franchement grinçant: la scène durant laquelle un père de famille, constatant que son épouse est au bout de sa maladie, l'exhorte à faire à manger, pensant qu'elle ne pourra pas mourir si on lui permet d'accomplir sa mission... le résultat sera logique, cruel et sans appel. Mais l'humour de l'intrigue principale, celle de Tampopo (Nobuko Miyamoto) et de Goro le routier-cowboy (Tsutomu Yamazaki), reste d'un humour le plus souvent bon enfant, et possède constamment un charme poétique qui rend le film, décidément attachant. C'est donc non seulement un Ofni, un film unique en son genre, c'est aussi le chef d'oeuvre inclassable d'un metteur en scène oublié, pourvoyeur de comédies et excentrique à l'oeil gourmand.

...Gourmand, c'est bien le mot. Ce film entièrement dédié à la joie de manger ne se contente pas de vous donner envie de participer à la fête. Il est une fête, entièrement consacrée au plaisir d'être en vie.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Criterion
10 mai 2017 3 10 /05 /mai /2017 16:47

Tout commence par l'arrivée d'un Anglais (Un "angliche", un "limey" en argot), interprété par Ternce Stamp, à Los Angeles. Sa fille Jennifer, qui avait quitté la Grande-Bretagne (Et son papa repris de justice), vient de mourir dans des circonstances plus que douteuses: elle a eu un accident sur Mulholland Drive, et sa voiture a pris feu. C'est un ami à elle, Eduardo (Luis Guzman), qui a envoyé à Dave Wilson la mauvaise nouvelle de la mort de son unique enfant. Il est donc venu pour tirer ça au clair, avec l'aide parfois réticente d'Eduardo (Un ancien taulard, qui souhaite plus que tout rester à l'écart des ennuis), et d'Elaine (Lesley Ann Warren), une autre amie de Jennifer. Très vite, Wilson se concentre sur le producteur Terry Valentine (Peter Fonda), avec lequel sa fille a passé beaucoup de temps, et qui a tout l'air de mener des affaires bien louches...

Entre Peter Fonda, Terence Stamp, Lesley Ann Warren, ou encore la présence de Joe Dalessandro, et la bande-son, le film est envahi par les années 60 dont il s'amuse mine de rien à tirer une sorte de bilan, mi-cruel, mi-nostalgique. Soderbergh va jusqu'à donner des flash-backs à son personnage principal, qui sont autant de réemplois de Poor cow, de Ken Loach, permettant ainsi de confronter le personnage de Stamp à ses souvenirs de jeunesse. Comme le dit Terry Valentine à sa nouvelle petite amie, "les sixties, c'était essentiellement 1966 et le début de 1967. Le reste..." Et lui, ainsi que tant d'autres protagonistes, sont coincés comme pour l'éternité dans un lendemain de fête cosmique, dont la mort de Jennifer ne serait qu'une sorte de réveil brutal... Le personnage de Wilson, d'ailleurs, admet avoir passé plus de temps en prison qu'ailleurs, comprenant pourquoi sa fille a tant souhaité prendre le large!

Mais ce film au style si fortement empreint de cette cinématographie particulière qui a tant marqué Soderbergh, reste avant tout un film noir modèle, avec son ange exterminateur mû par une idée fixe, aux méthodes expéditives qui nous renvoient à Get Carter (A ce propos, Michael Caine était pressenti pour le rôle!), et tout sert ici le style, dans un film qui semble n'avoir pas d'autre message que de nous montrer ce qu'il raconte! Et le metteur en scène entremêle les points de vue, et nous fait parfois, de manière abrupte, passer du côté de l'ennemi, soit le riche Terry Valentine, ce qui l'humanise fortement. Le montage aussi est à la fête, avec un déroulement apparemment anarchique, qui joue avec la chronologie un peu à la façon dont Alain Resnais (L'un des modèles de Soderbergh, là encore) s'amusait à perdre le spectateur entre les couches temporelles... C'est un tour de force, et il est du à l'excellente Sarah Flack.

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Published by François Massarelli - dans Steven Soderbergh Noir
9 mai 2017 2 09 /05 /mai /2017 13:49

Ceci est le premier long métrage de Clouzot... plus ou moins. Entendons-nous bien: le metteur en scène n'a jamais signé un long métrage avant ce gros succès de la firme Continental, mais en 1942, il est tout sauf un débutant. Il a réalisé un court métrage qui reste encore bien mystérieux sur un script de Jacques de Baroncelli en 1931, La terreur des Batignolles; puis il a été engagé en Allemagne pour "superviser" la direction de versions Françaises de films musicaux, à une époque ou on ne doublait pas encore: pour être clair, sur trois films Allemands réalisés en 1933, Clouzot a été en charge de mettre en scène les passages en Français des versions destinées eu marché Francophone, ce qui fait de lui au moins le co-réalisateur de ces films par ailleurs signés par Joe May, Karl Hartl ou Geza Von Bolvary. Et on attribue à Clouzot (On ne prête qu'aux riches) la responsabilité d'autres oeuvres, notamment ces films qu'il a dialogués, ou même Le duel de Pierre Fresnay. Quoi qu'il en soit, si ce film policier est sa première réalisation officielle de long métrage, on pourra admettre qu'il connaissait déjà fort bien son métier. Et ça se voit!

Adapté d'un roman de Stanislas-André Steeman situé à Londres, L'assassin habite au 21 se déroule à Paris, et reprend les deux personnages d'une autre adaptation de Steeman dialoguée par Clouzot (Le dernier des six, de Georges Lacombe): le commissaire Wenceslas "Wens" Vorobiétchik (Pierre Fresnay) et sa maîtresse l'infernale Mila Malou (Suzy Delair), ce dernier personnage a été créé par Clouzot, et c'est l'un des motifs d'une certaine discorde entre l'auteur du roman et le metteur en scène: Steeman voulait, dans ses romans policiers, privilégier l'atmosphère noire et glauque, alors que Clouzot scénariste-dialoguiste a tourné le film vers la comédie. Maintenant il faut être sacrément bouché pour ne pas voir la noirceur du résultat...

Steeman faisait reposer son intrigue sur une énigme, qui est reprise dans le film: un tueur assassine des personnes seules, dans la rue ou chez eux, et leur dérobe de l'argent. Par bravade, il laisse sa carte de visite à chaque fois qu'il tue: "monsieur Durand". La Police Judiciaire est sur les dents, et on demande au commissaire Wens de résoudre le mystère le plus vite possible. Tuyauté par un indicateur, il se rend à la Pension Mimosas, au 21 de l'avenue Junot, pour y enquêter sur les personnes présentes, car... l'un d'entre eux est le tueur. Wenceslas Vorobiétchik, déguisé en pasteur, fait donc la connaissance de plusieurs suspects, parmi lesquels le docteur Linz, un vieux colonial aigri et misanthrope, ui professe une véritable affection à l'égard du tueur, mais aussi l'artiste de music-hall Lallah-Poor, un bien curieux personnage, et enfin Colin, un fabricant de marionnettes qui se fait de l'argent en confectionnant des figurines de bien mauvais goût inspirées de la vedette du moment, Monsieur Durand! Enfin, il y rencontre aussi mademoiselle Cuque... Une vraie jeune fille.

La tâche de Wens ne sera pas de tout repos, parce que bien sur, il sera malgré lui accompagné de celle qui, sous prétexte de l'aider, ne fait que lui compliquer la tâche: Mila Malou, chanteuse occasionnelle, et maîtresse enquiquineuse à plein temps. C'est Suzy delair qui se charge du rôle, et elle est pétillante... Un peu trop du reste, car si Clouzot est à l'aise sur son découpage impeccable, sur sa mise en scène qui se joue en permanence des ruptures de ton, et sur ses dialogues (un vrai bonheur), l'interprétation est encore à affiner: Fresnay, Larquey (Colin), Jean Tissier (Lallah-Poor) ou Noël Roquevert (Linz) font admirablement ce qu'on attend d'eux, mais Delair en fait des tonnes, et on a envie d'être ailleurs devant la prestation de certains acteurs, je pense en particulier à Jean Despaux, qui joue le second rôle anecdotique (Et pour tout dire assez inutile) du boxeur aveugle. Si les dialogues donnent parfois l'impression d'être plus destinés à être lus qu'à être joués, Clouzot sait déjà cacher son vitriol derrière la satire, et nous décrit un monde de crime et de noirceur, dans lequel tout le monde en prend pour son grade, à travers des vignettes toutes plus inspirées les unes que les autres: un entretien entre une aspirante chanteuse imbue d'elle-même et un impresario peu scrupuleux, la hiérarchie policière qi se renvoie la balle de la responsabilité de ses échecs, un café des faubourgs dans lequel se mêlent ouvriers, clochards et prostituées, un petit commissariat avec ses flics bonhommes et ses indics malins (Bussières, inoubliable) et enfin la pension de famille dans laquelle, tueur, innocent ou victime, tout le monde a un passé trouble et écrit au milieu de la figure, et tous les gens ont une saleté probable à cacher... Un thème qui anticipe déjà sur Le corbeau, qui viendra bientôt éclabousser les écrans et apportera des ennuis en cascade à son auteur.

...qui pour l'instant peut apprécier son succès avec cette petite histoire en apparence si anodine, à laquelle d'ailleurs on ne croit pas une seconde: ce n'est pas le but. C'est donc là le premier des deux films de Clouzot réalisés pour la firme Continental, le studio Allemand qui tournait uniquement des films Français, et se tenait à l'écart de la politique. Ce qui n'empêchait pas les metteurs en scène, occasionnellement, de peindre le monde avec une noirceur rigolarde... la preuve.

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Published by François Massarelli - dans Henri-Georges Clouzot