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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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9 mai 2024 4 09 /05 /mai /2024 20:02

Sorti en février 1918, c'est un cas d'école: un film de guerre, certes patriotique et réalisé puis sorti alors même que les conflits faisaient rage, c'est donc assurément l'un des premiers films d'un genre nouveau, ceux qui depuis ls Etats-Unis, observaient les combats sur les fronts Européens, et dans des intrigues plus ou moins mélodramatiques, opposaient d'un côté les alliés, principalement les Américains bien entendu, et de l'autre les Allemands... Un genre à part entière, dont font partie des films comme Hearts of the world de Griffith, The hearts of humanity d'Allen Holubar, mais aussi sorti plus tardivement, The four horsemen of the Apocalypse, de Rex Ingram. Tous ces films ont en commun une vision férocement binaire, dans laquelle les Allemands sont présentés comme des monstres... 

Ici, le point de vue est celui d'une famille Américaine, dont le fils est parti se battre parce que l'attraction et le glamour des marines l'avaient attiré... Les parents, inquiets, voient partir un garçon immature, qui ne croit pas en Dieu, et a une attitude de dédain pour les classes qu'il considère comme inférieures. C'est lui, le non-croyant du titre... Mais le front, nous dit un intertitre, c'est la forge dans laquelle on va tester un homme... Sur le front en Belgique, il va se conduire en héros, constater que la fraternité ignore les classes, et apprendre à croire en des valeurs plus importantes que celles qui l'ont jusqu'à présent motivé...

En même temps, nous verrons dans le film les exactions de certains officiers Allemands, dont Erich Von Stroheim dans son premier rôle du genre: un sadique, attaché à son décorum, et qui exige d'un peloton d'exécution réticent et dégoûté l'assassinat pur et simple d'une grand-mère et de son petit-fils... Quand le héros se réveille sur un lit d'hôpital, et constate que le lit à côté de lui est occupé par un Allemand, il s'emporte... avant de constater que le soldat n'est finalement qu'un homme blessé qui a peur de la mort. D'ailleurs, dans le prologue du film, le jardinier d'origine Allemande, qui vient d'apprendre la mort de son fils sur le front, est confronté par la mère du héros.

Bref: ce film tranche particulièrement sur l'absurde sentiment cocardier et chauvin des autres films de la même période. Il est riche, et jamis excessivement démonstratif. Le metteur en scène (qui n'est pas n'importe qui, même s'il a parfois été amené à tourner n'importe quoi, c'est le paradoxe du système des studios) s'est même plu à utiliser de façon innovante le montage ultra-rapide lors de la scène de l'exécution mentionnée plus haut. Gance n'a pourtant tourné ni j'accuse, ni La roue, dont les sorties Américaines seront relativement condidentielles, de toute façon. Ce film de grande qualité, avec bien sûr un esprit exalté, bien typique d'un film de la décennie qui a vu les sorties de Civilization, Intolerance et Joan the Woman, est sans doute le dernier film sorti par Edison, qui s'est lassé de faire du cinéma.

 

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18 avril 2024 4 18 /04 /avril /2024 18:37

Deux jeunes adultes (Glady Hullette et Edward Earle) s'aiment... Mais Simon Selfridge (Frank Currier), le père de la demoiselle, aisé et soucieux de préserver son capital, voit d'un très mauvais oeil l'intrusion d'un homme dans sa famille, qu'il soupçonne den vouloir à l'argent. Il décide de séparer le couple, pourtant fraîchement marié, en envoyant sa fille le plus loin possible. Quand elle revient, c'est avec un bébé, une petite fille prénommée Peggy: le père souhaite la voir, mais Selfridge lui tend un piège: il l'accuse d'avoir voulu s'introduire par effraction dans leur maison. Le jeune homme se retrouve en prison, et pendant ce temps son épouse se morfond, et Peggy grandit loin de son père...

C'est un scénario de mélodrame sans aucune retenue auquel nous sommes confrontés dans ce prologue, et le film joue à fond cette carte, du début à la fin du film. Mais d'une part, Seiter qui est metteur en scène de comédies (et non des moindres, quand on y pense: on lui doit quand même quelques pépites, après tout, la plus célèbre étant à n'en pas douter Sons of the desert avec Laurel et Hardy) ne s'est pas privé de chercher une façon de détourner cette tentation mélodramatique, et l'a trouvée: car l'héroïne évidente du film, dès qu'elle arrive, sera Baby Peggy Montgomery, qui interprète bien sûr le "secret de famille" assez mal gardé, la petite fille qui fera craquer l'armure de son grand-père, et qui empêchera son père de mal tourner, par son énergie et son côté solaire...

Mais Seiter fournit, tout en se pliant aux règles en vigueur du mélo, un cadre très rigoureux, dans lequel il joue habilement du cadre, de l'ombre et de la lumière dand de belles scènes nocturnes, et dirige ses acteurs avec goût et sobriété, ce qui est une bonne chose, au vu d'un script qui repose sur tant de ficelles... 

Mais soyons franc: le principal atout du film... c'est son actrice principale! C'était déjà une star, à lâge de quatre ans et en voyant le film on comprend pourquoi.

 

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Published by François Massarelli - dans William Seiter 1924 Muet *
10 avril 2024 3 10 /04 /avril /2024 17:34

Un jeune homme naïf (Monty Banks) se passionne pour les exploits des aviateurs... Il est décidé à suivre les pas de Lindbergh, mais son ineptitude lors du vol inaugural de son avion le condamne à l'échec. des recruteurs le persuadent de tenter sa chance dans l'armée de l'air où, lui dit-on, on lui offrira la chance de piloter un nouvel avionntous les jours...

Une fois sur place, sa naïveté en fait la risée de la garnison, et le colonel (Jack Johnston) ne sait pas trop quoi faire de lui: il devient même le souffre-douleur préféré du sergent (Kewpie Morgan). Heureusement, la fille du colonel (Jean Arthur) l'a à la bonne...

Admettons qu'on pourra toujours se demander ce qu'elle lui trouve... Mais bon, Monty Banks, ici, se glisse pour sa part dans les pas, non pas de Lindbergh ou de quelque autre aviateur que ce soit, mais bien dans ceux de Chaplin (un peu), Keaton et Lloyd (surtout ce dernier) et même Harry Langdon, par sa naïveté et son côté lunaire. Les quatre premières bobines sont vraiment axées sur le côté "comique militaire" (en France on dirait "comique troupier" et ce n'est généralement pas un compliment: je préfère l'éviter ici, car le film est sympathique). Cette partie concerne surtout l'inadaptation d'un héros qui n'a pas compris qu'il était complètement à côté de la plaque...

Les deux dernières bobines montrent comment, lors d'un concours de circonstance, il en vient à voler de façon (involontairement) spectaculaire, et à sauver la réputation de son bataillon, ce qui lui ouvre toutes grandes les portes du bonheur conjugal aux côtés de Jean Arthur. On se met à sa place...

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Published by François Massarelli - dans Monty Banks Muet 1927 *
18 mars 2024 1 18 /03 /mars /2024 16:15

Réalisé pour le compte de la Vitagraph, ce film n'a survécu que dans une copie établie dans les années trente pour l'exploitation en 9,5mm, donc dans un format très réduit... Il n'en reste qu'une dizaine de minutes, dont la moitité au moins est consacrée au final spectaculaire...

L'intrigue, ou du moins ce qu'il en reste, concerne Jack Bradbury (Warner Baxter), un homme injustement accusé d'un meurtre, et l'amour que lui porte une jeune femme pure et virginale (Colleen Moore d'avant la comédie); avant d'être disculpé à temps, il participe au sauvetage de plusieurs personnes lors d'un incendie impressionnant...

Le principal ingrédient du film est donc préservé, dans une version raccourcie, mais avec une certaine intensité, cela va sans dire. La décennie des années 20 est vraiment celle durant laquelle le cinéma Américain va passer ma^tre dans la représentation des désastres en tous genres, et cet incendie, même danssa version raccourcie en 9,5, est impressionnant malgré tout. Dommage que le reste du film (et les prestations de Colleen Moore, très amenuisée, et celle de Gertrude Astor qui a carrément été supprimée) n'ait pu être préservé aussi...

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Published by François Massarelli - dans Colleen Moore Muet 1922 *
8 janvier 2024 1 08 /01 /janvier /2024 15:11

Tout de suite, le titre: ce n'est pas une faute, ni une réinterprétation, c'est bien le titre officiel de ce film, sorti à la sauvette en 1928, et qui selon la formule consacrée s'est perdu dans les brumes de l'oubli, auquel une ressortie assortie d'une reconstitution et restauration rend aujourd'hui la vie. Cette expression à la syntaxe douteuse est probablement due à un besoin d'associer le film à une origine populaire... D'ailleurs le film est situé sur une péniche. Comme L'hirondelle et la mésange (André Antoine), La belle Nivernaise (Jean Epstein), La belle marinière (Harry Lachman), et surtout, surtout, L'Atalante, de Jean Vigo. c'est donc un genre à part entière dans l'histoire du cinéma...

L'histoire n'est pas à proprement parler révolutionnaire: Jean-Marie Grignard (Camille Bardou), marinier, rencontre une danseuse, La Concha (Suzanne Talba), dans un bar, et lui propose de venir avec lui sur sa péniche La Mouette. Il y vit avec sa servante, Gertrude (Gaby Dary), et son fils adoptif Pierre (Jean Gérard). Après des hésitations, une bagarre qui éclate à cause d'elle décide la jeune femme à accepter la proposition. Et pourtant elle n'apprécie pas outre mesure la vie sur l'eau. Elle remarque que Pierre, par contre, n'est pas indifférent à la jeune femme...

Jayet, dont c'est la première réalisation, a des ambitions. Il a manifestement été bouleversé par Gance, dont il a adopté le style des séquence de montage paroxystique... Il a probablement beaucoup vu les films des Impressionnistes (Delluc, les premiers L'Herbier et les premiers Epstein), et peut-être le premier film de Sternberg, Salvation hunters. Il a donc oscillé entre un cinéma naturaliste au jeu très sobre, et une mise en scène qui repose sur des images dont le but est de traduire les sentiments, quels qu'ils soient. Beaucoup s'y sont cassé les dents... Ici, tout dépend du degré de cliché, par exemple, Camille Bardou, en vieux marinier qui a tout à coup la tête dans les étoiles à la simple pensée de la jeune femme qu'il a rencontrée, est touchant, et la mise en scène semble incorporer sa pensée naïve. La vision de Concha, très connotée comme si souvent les femme saltimbanques dans le cinéma français, est plus embarrassante, même si le metteur en scène a su obtenir une économie de moyens de son interprète.

Le film ne s'embarrasse jamais d'images inutiles, tout en utilisant le montage pour opposer aux images de l'intrigue, des plans de nature (le soleil couchant vu depuis la péniche) et des images du travail des hommes, comme chez Grémillon... Ou Hawks.

Donc ce n'est sans doute pas le film français le plus intéressant de la période, mais il s'inscrit après tout dans une tradition assez noble, et la délicatesse de certaines séquences (Grignard rapenant la jeune femme à la péniche, au petit matin, une séquence dans laquelle tout passe par les regards) peut effectivement surprendre. Tout comme la dureté d'autres scènes,: quand Pierre se rend à la cale où son père adoptif est sur le point de violer la jeune femme qu'il vient de ramener en lui promettant monts et merveilles, et que le jeune homme semble manifester une totale indifférence à ce qu'il a vu, par exemple...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1928 *
8 octobre 2023 7 08 /10 /octobre /2023 14:28

Ce n'est pas la première adaptation du roman à succès (1896) de Henryk Sienkiewicz, mais c'est la première qui soit vraiment significative: une durée imposante, près de deux heures, de grands moyens, des centaines de participants, et une volonté de tourner l'histoire Romaine en un spectacle cinématographique. Autant d'aspects qui auront un impact sur le cinéma du monde entier, lorsque tous les pays, à la suite des Italiens, des Danois et des Français, vont eux aussi orienter l'industrie cinématographique vers le long métrage...

L'histoire part d'un enlèvement, mais effectué par l'empereur lui-même: à la demande de son ami Petronius (Gustavo Serena), Néron (Carlo Cattaneo) enlève la jeune Lygia (Lea Giunchi), élevée par des Patriciens, afin de la marier avec Vinicius (Amleto Novelli). Lygia connaissait Vinicius, mais de là à l'épouser... Et Vinicius, qui a assisté aux hésitations de la jeune femme lors d'un banquet, décide de se l'approprier... Mais la jeune femme est suivie à distance respectable, par son esclave, le fidèle Ursus, qui est un homme très fort, et lui est totalement dévoué. ll reçoit une aide précieuse, celle des Chrétiens de Rome avec lequels il récupère Lygia... 

Petronius tente de calmer Vinicius (notamment en lui apportant une jolie esclave, autres temps...) mais rien n'y fait. En attendant, tout Rome semble se mobiliser pour retrouver la jeune femme et la ramener à Vinicius.

Le fond du problème, dans Quo Vadis? (assez typique d'un roman de la fin du XIXe siècle), est un conflit de civilisation, entre la Rome Patricienne, sous la coupe d'un empereur fou furieux, et capricieux jusqu'à l'extrême, éprise de ses privilèges, et de la vie dissolue que permet l'esclavage, et d'autre part les premiers Chrétiens, symbolisés ici par Lygia et d'autres, la jeune femme devenant presque le vecteur inattendu d'une rencontre qui n'aurait peut-êytre jamais eu lieu sans elle... C'est bien sûr naïf, et ça ressort plutôt du mélodrame que de l'histoire, tout comme d'ailleurs, hélas, l'est le personnage de Chilo, un homme de la pègre qui apporte son aide à Vinicius pour repérer Lygia, et se comporte selon tous les codes théâtraux qui désignait Shylock, ou un Juif, à cette époque.

Mais le roman est ici représenté dans toutes ses grandes lignes, développées grâce à la durée, et il est remarquable de voir comment Guazzoni a traité cette histoire foisonnante, qui part d'une anecdote pour aller vers le drame, passant par la présence de l'apôtre Pierre à Rome, et incluant aussi la menace des persécutions. Comme d'autres avant et après lui (Capellani, Griffith, Stiller, Blom, Christensen, DeMille, etc), Guazzoni repose sur l'importance de figurer des moments épiques, et le dosage de leur représentation... ce que Mauritz Stiller appelait des "montages d'attractions". et là où l'exposition du film repose beaucoup sur l'habitude de l'époque (intertitre annonciateur, plan pour illustrer, puis un autre intertitre, etc), l'incendie de Rome reçoit un traitement en longueur, à partir d'un plan de fournaise, puis les lions du cirque, inquiet dans leur cage, puis la panique, etc... On multiplie aussi les digressions durant l'incendie (évanouissement de Vinicius, Néron déclamant ses poêmes...) pour faire monter le suspense. C'est magistral...

La façon dont les Romains réalisent le danger d'avoir néron comme empereur, l'incendie de Rome, le Cirque et les sacrifices de Chrétiens, la douceur des premiers Chrétiens qui vont au supplice, Lygia sur un taureau sauvée par le dévouement d'Ursus... tous ces passages obligés, mais aussi l'éveil de Petronius à l'amour parle biais des sentimentsde son esclave Eunice, autant d'ingrédients qui font de ce film une des premières grandes dates dans le développement du long métrage; on les retrouvera pour la plipart dans d'autres films, notamment les autres Quo vadis?, de Gabriellino d'Annunzio (1925), et de Mervyn Le Roy (1951), mais aussi bien sûr dans l'adaptation de contrebande qu'était The Sign of the Cross (DeMille, 1932).

Bref, on pourra dire ce qu'on veut sur les lourdeurs de voir tous ces gens en toge, sur le message habituel du peplum (Chrétiens, bons, Romains, pas bons), sur les gestes amples de ces figures antiques, mais Quo Vadis reste à mes yeux une étape essentielle...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Enrico Guazzoni * 1913
4 octobre 2023 3 04 /10 /octobre /2023 18:24

Le film nous présente une organisation criminelle tentaculaire, celle de "Sapphire" Mike Wilson (Wade Botteler): un véritable syndicat du crime comme le début des rutilantes années 20 les imaginait... On s'apprête à fêter le retour de Roger Moran (Lloyd Hughes), qui a fait de la prison. En particulier, Betty Palmer (Enid Bennett) se réjouit de retrouver son petit ami. Mais ce dernier, qui a beaucoup pris le temps de réfléchir en prison, a pris en particulier la décision de sortir de l'organisation... Il quitte donc la bande, lors d'une soirée où tout le monde, dégoûté, le prend désormais pour un traître... Y compris Betty.

Le temps passe, et Roger a trouvé un lieu où se refaire, et un emploi: il aide un vieux couple, un banquier et sa femme, dans une petite communauté rurale à l'Est. Mais la bande, comme dans tout bon mélodrame, a des vues sur la banque, précisément, de cette petite ville, et Betty et une amie viennent passer quelques jours. Elles tombent nez à nez avec leur ancien condisciple...

C'est un film réalisé pour le stuio de Thomas Ince, qui était très industrieux à cette époque dorée. Le film populaire (aventures, mélodrame, western et comédie) y sont les principales denrées... Niblo y était un metteur en scène à tout faire, en particulier le mélodrame. Avant donc de se trouner vers l'aventure avec un grand A avec des films réalisés pour Fairbanks (The mark of Zorro, The three musketeers) qui montreront une autre facette de son talent (académique) il développe donc une intrigue forteent morale qui n'aurait que peu d'intérêt si d'une part, il n'y racontait une histoire qui est un cheminement paradoxal. Une fois un coup fait, un personnage rangé fait la trajectoire inverse et réussit à changer le cours des choses en provoquant un simulacre de casse... 

Le film est soigné, quelques moments montrent, sinon du talent, au moins du savoir-faire, et Enid Bennett en femme qui a fait des mauvais choix et que l'amour fait évoluer vers le doute, est plutôt intéressante... Pour finir, le montage est truffé de petits moments de correspondances entre les scènes, qui font un peu penser à la façon dont Lang utilisait les images pour commenter l'action avec ironie. Quand les deux femmes qui sont à la campagne sous un prétexte prétendent s'éloigner "pour affaires", un plan nous montre l'inquiétant patron de l'organisation criminelle...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1920 Fred Niblo *
30 septembre 2023 6 30 /09 /septembre /2023 15:35

Visitant l'Egypte, le peintre Wendland (Harry Liedtke) se rend autombeau de la Reine Ma, où l'étrange Radu (Emil Jannings) lui prétend que la momie hante les lieux. Mais c'est une supercherie, Radu ayant séquestré une jeune femme (Pola Negri) dans le tombeau... Wendland lui vient en secours et la délivre, puis s'enfuit avec elle. Radu, devenu fou, se rend à leur poursuite pour se venger...

Alors qu'il devenait lentement mais surement le numéro un du cinéma Allemand, Lubitsch s'essayait à tous les genres, dont un certain exotisme de pacotille. Il y reviendra d'ailleurs (SumurunDie Weib Des Pharao), mais ce film ne passe plus, excepté pour certaines séquences triées sur le volet. Le final en particulier, dont l'intérêt relatif est du aux talents conjugués de Jannings et Negri. Pour le reste, il fallait bien faire bouillir la marmite et faire oublier une guerre en voie d'être perdue.

On ne pourra par contre pas s'empêcher, à travers ces histoires de supercheries et de soumission (notamment celle de Ma à Radu, au-delà de la folie, qui exerce sur elle un pouvoir hypnotique assimilable à celui d'un Svengali, de penser au film de Karl Freund qui en reprendra les contours, mais cette fois-ci, point de supercherie... Pour le reste, l'intérêt du film reste d'être historique, comme on dit poliment. Lubitsch avait certainement mieux à faire!

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Published by François Massarelli - dans Ernst Lubitsch Muet 1918 *
27 septembre 2023 3 27 /09 /septembre /2023 18:11

Dans la steppe, une troupe de Cosaque vit joyeusement, entre raids et pillages... Mais l'un d'entre eux n'est pas très populaire: Lukashka (John Gilbert) a beau être le fils du chef (Ernest Torrence), ce dernier se lamente, car sa progéniture n'a aucun intérpet pour la guerre... Il préfère (car il est fort fripon) rester au village et lutiner les filles, surtout Maryana (Renée Adorée). celle-ci ne se laisse pas trop faire, jusqu'au jour où elle avoue son affection. Transformé, Lukashka décide de devenir un vrai Cosaque, et en rajoute tellement que son père est ravi. Mais en revenant au village, son attitude de matamore est tellement désagréable pour Maryana qu'elle lui prfère un élégant bellâtre de sang noble (Nils Asther)...

C'est sous l'égide de Léon Tolstoï que ce film a été tourné, et la MGM a tout fait poour évoquer la Russie. Des prairies pour imiter la steppe, de beaux décors naturels, la construction d'un faux village convaincant, des costumes (avec chapeau-moumoute de rigueur), et des danses appropriées. Plus, des figurants  engagés sur leur pedigree slave, ce qui n'était pas si difficile à cette époque de changements géopolitiques... Mais si George Hill est un réalisateur compétent et qui fut un ancien chef opérateur, donc partuculièrement apte à composer de belles images, il n'a eu entre les mains qu'un scénario de second ordre, des aventures toutes plus indigentes les unes que les autres... 

Et d'ailleurs, la résolution de ce film passe par des séquences qu'on jurerai emprintées au western, d'autant que les décors renvoient plus à Monumen Valley qu'à la Sainte Russie! Mais voilà, le but affiché par le studio n'était absolument pas de fournir une oeuvre d'art de grande qualité, mais bien de proposer un film d'aventures aussi bas du front que distrayant. Aussi bien Hill (qui partira du plateau avant la fin, remplacé par Clarence Brown qui a sûrement du se boucher le nez) que Gilbert que Renée Adorée, personne donc n'y trouva son compte... Sauf le spectateur peu regardant.

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Published by François Massarelli - dans 1928 Muet *
25 septembre 2023 1 25 /09 /septembre /2023 18:11

La première scène justifie à elle seule le titre: une rue de Shangai, la nuit, avec des marins de tous les pays qui se retrouvent en bordée, entre (forte) consommation d'alcool et fréquentation de dames obligeamment présentes... Les hommes se saoulent, fraternisent, chantent (fort) et consomment...

Ce qui surprend aussi, c'est le fait que le film, en l'état, ne soit ni muet ni parlant: c'est un hybride, une copie partiellement sonorisée avec musique et bruitage et le cas échéant des chansons, mais dont les dialogues sont constitués d'intertitres sauf lorsque les répliques, privées éventuellement de leur sens, ont un intérêt dramatique ou documentaire... Un ordre solennel donné par un officier, par exemple...

Le film raconte l'odyssée dangereuse d'un sous-marin qui prend la mer et dont le destin de l'équipage va être mis à rude épreuve, car suite à une collision avec un navire, il a coulé et commence à se remplir d'eau. Le capitaine fait partie des victimes de la collision, et un sous officier, Price, assume le commandement. Une course contre la montre s'engage, et un autre suspense se met en place: un des officiers a été reconnu à Shangai par un Anglais qui a vu en lui un "fantôme", un marin qu'il croit mort... Qu'en est-il?

C'est une expérience étrange, que de n'avoir pu conserver qu'une version très intermédiaire d'un film... A sa sortie, Men without women existait certainemnt sous la forme de copies totalement muettes, à destination des salles rurales des Etats-Unis, mais surtout d'une version parlante qui était évidemment celle qui faisait autorité. Mais en l'absence de versions étrangères, le marché non anglophone ne pouvait profiter du son que dans cette version hybride, qui maintenant l'atmosphère sonore du film sans rendre le dialogue impossible à comprendre (les intertitres des copies étaient adaptés dans les pays qui importaient cette version).

C'est un film d'aventures dans lequel les hommes n'ont que peu de temps à consacrer au fait de penser aux femmes, le titre étant surtout là pour attirer le spectateur. On reconnait John Ford, fasciné par cette histoire d'un groupe d'hommes à la dérive (aucun jeu de mots ici), qui vont unir leurs efforts pour le bien commun, certains allant au sacrifice. Une fascination facilitée par la profonde sympathie du metteur en scène pour ces marins, qui ne seront certes pas les derniers de son oeuvre (Seas beneath, Submarine Patrol, reprendront partiellement ce type d'intrigue, et d'autres films suivront, donc The long voyage home...).

Pour l'anecdore, c'est l'un des nombreux films pour lesquels Marion Morrison a joué le cachet chez Ford en attendant qu'on lui confie de meilleurs rôles: ce sera chose faite avec The big trail cette même année, mais ce sera sous le pseudonyme de John Wayne. On verra aussi un des complices de la première heure à la Fox, le grand J. Farrell MacDonald, caution Irlandaise oblige, un vétéran qui savait se mouiller, c'est le moins qu'on puisse dire.

 

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Published by François Massarelli - dans 1930 Muet John Ford Pre-code *