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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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4 février 2022 5 04 /02 /février /2022 17:53

La vie de Jésus, présentée à travers des tableaux élaborés, de l'arrivée de ses parents à Bethléem jusqu'à la résurrection, en passant par tous les événements marquants... C'est une compilation très propre sur elle, visant autant à l'édification des masses sous l'égide de la bonne morale catholique, la seule qui vaille pour Léon Gaumont, qu'une tentative consciente et militante de montrer et démontrer la puissance du cinéma... D'ailleurs, c'est le premier film de long métrage (in extremis, mais l'intention est là) réalisé en France, et une fois de plus Alice Guy est à la manoeuvre...

Et c'est aussi, de façon importante, la base d'une injustice profonde: parmi les assistants de mademoiselle Alice, il y avait un futur cinéaste, ce qui a permis à de nombreux soi-disant historiens dont le toujours approximatif George Sadoul, de se dépêcher d'enlever tout crédit à Alice Guy. Et comme ce genre d'injustice stupide est toujours vouée à faire école, le film est présenté aujourd'hui par Gaumont sous le double patronage de sa vraie réalisatrice, et de son assistant. A ce régime-là, si vous voulez, je parlerai bientôt de La ruée vers l'or (1925) d'Henry D'abbadie D'arrast, ou des Nouveaux Messieurs (1928) de Marcel Carné... Je vous laisse bien sûr le soin de chercher le nom du réalisateur que les imbéciles ont décidé de promouvoir afin d'éviter qu'une grande première soit considérée comme l'oeuvre d'une femme.

Blague à part, le film n'est sans doute pas folichon, mais c'est quand même, à sa façon, une grande date...

 

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Published by François Massarelli - dans 1906 Muet Alice Guy *
30 janvier 2022 7 30 /01 /janvier /2022 18:42

Le miroir aux alouettes: Holywood et le cinéma Américain n'ont pas attendu très longtemps avant de s'auto-représenter, et par exemple en Californie, à la Keystone, dès les années 10 le pli était pris. Plus loin vers l'Est, dans les studios de Fort Lee où on résistait encore à la tentation de l'exil vers le Pacifique, Maurice Tourneur a mis en chantier cette petite comédie avec Doris Kenyon, où une jeune femme de la campagne est repérée lors d'un tournage en extérieurs par l'acteur principal d'une série de westerns... Kenneth Driscoll (Robert Warwick) est vain, attaché à son statut de star et il séduit sans trop de problème Mary (Doris Kenyon), qui en dépit d'un début difficile (son essai est une catastrophe) va s'accrocher, et sous la protection de Driscoll, devenir une vedette... Mais sa mère (Jane Adair) vient la voir pour son anniversaire, et tombe sur une soirée bien arrosée...

C'est touchant: d'une part, le film part des ressorts du mélodrame et réussit à en faire quelque chose d'assez solide, de par l'ironie dont fait preuve le cinéaste face à ses pantins qui sont tout à coup confrontés à la vraie tendresse, rustique mais sincère, d'une mère éplorée; d'autre part Tourneur se fait plaisir à tourner en montrant les studios où il travaille quotidiennement, et où il a déjà accompli un nombre important de grands films. On le verra d'ailleurs en plein travail, sauf qu'il joue un accessoiriste... Il montre également le studio sous un jour bien moins glamour que ce qu'on aurait pu imaginer, avec ses acteurs farceurs et dragueurs, mais de fait, dans le film, tout le monde ou presque a l'air de prendre du bon temps dans son métier.

Le film est adorable, même s'il est mineur. Le réalisme de la situation, au milieu de ce mélodrame très classique, donne un intéressant mélange. Quel dommage que les copies qui circulent soient assez peu glorieuses, sauf la version abrégée disponible un temps dans une anthologie consacrée, justement, aux studios du New Jersey.

 

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Published by François Massarelli - dans Maurice Tourneur Muet 1916 *
23 décembre 2021 4 23 /12 /décembre /2021 09:21

C'est une épure, un film de complément de programme qui ne totalise pas une heure, et que Ozu et sa troupe habituelle ont fini en six jours...

Chikako (Yoshiko Okada) est la grande soeur de Ryoichi (Ureo Agawa), un étudiant brillant. Is habitent ensemble, elle le nourrit, paie pour tout et surveille de loin sa vie amoureuse, qui n'a pas besoin d'elle: il voit régulièrement Harué (Kinuyo Tanaka), une jeune femme très bien comme il faut. Ils vont voir des films ensemble (nous assistons à une projection du film collectif If I had a million, et c'est la contribution hilarante de Lubitsch: Ozu, Ryoichi et Harué ont manifestement les mêmes goûts!). Bref, tout va bien, sauf que... La police semble s'intéresser aux activités nocturnes de Chakiko et vient se renseigner à l'entreprise où elle travaille. Il semblerait que les cours du soir que la jeune femme donne pour arrondir ses fins de mois soient moins catholiques que ne le croit Ryoichi... Le frère (Shin'yo Nara) d'Harué révèle à cette dernière ce qui se dit sur sa future belle soeur, et elle en parle à Ryoichi, qui le prend très mal...

Le poison du patriarcat, comme dans les films de Mizoguchi, voilà le vrai sujet du film, qui prend la forme d'un mélodrame sans une once de graisse... Mais contrairement à Mizoguchi qui dépeint avec une grande ambiguité la prostitution depuis les bordels eux-mêmes, le cinéaste ici prend un point de vue qui part du grand public et de sa morale en révélant peu à peu les dessous sordides de la vie de Chikako, qui assume pleinement un sacrifice qui permettra à son frère de réussir: une mission donnée par ses parents, et on pourrait même dire par l'empereur lui-même... Alors le mélodrame fonctionne à plusieurs niveaux, bien sûr, et le drame ira loin, jusqu'à la mort d'un des protagonistes.

C'est un très grand film en dépit de sa taille, dans lequel Ozu montre qu'il n'a pas besoin nécessairement, contrairement à ce qu'il a fait ailleurs (Va d'un pas léger, L'épouse d'une nuit, Femmes et voyous) du cadre du film de gangsters pour toucher à des sujets plus graves voire criminels... Ici, le crime est l'un des fondements paradoxaux d'uns société qui fait avancer les hommes en marchant sur les femmes: faites tout pour que votre frère, fils, mari réussisse, vraiment tout... mais ne vous faites pas prendre sinon on ne peut rien pour vous. Les derniers plans, qui semblent reposer le cadre du drame en nous montrant les rues vides de façon apparemment anodine, sont une façon comme une autre de nous dire que la vie continue, mais que le drame aussi.

 

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Published by François Massarelli - dans Yasujiro Ozu Muet 1933 *
23 décembre 2021 4 23 /12 /décembre /2021 09:02

Horino (Ureo Agawa) est un étudiant qu'on ne qualifiera pas de modèle. Sans doute la perspective inéluctable de reprendre à l'avenir l'entreprise familiale florissante joue-t-elle un rôle dans ce laisser-aller... Avec ses copains qui ont moins de chance, il passe du temps à la petite pâtisserie à côté de l'université, où travaille la belle Oshige (Kinuyo Tanaka), qui est tellement plus intéressante que toutes les candidates au mariage arrangé que lui propose son père; des liaisons qu'il sabote d'ailleurs consciencieusement par un comportement irresponsable, tout comme ses études. Mais le père meurt et tout va changer...

Le titre est clair: une fois passé à la vie d'adulte, finie la rigolade! Du mois partiellement, parce que dans un premier temps, Horino maintient fermement un contact inchangé avec ses copains de l'université, au point de les embaucher en leur donnant les réponses du test d'entrée! Mais même excentrique, c'est le patron et on est au Japon, et le message d'Ozu est clair: il s'attaque ici au poids des convenances, sous couvert d'une aimable comédie autour de la nostalgie estudiantine (un thème souvent présent dans son oeuvre, au passage)...

Une comédie? Sur le papier et officiellement, oui, bien sûr, mais la comédie s'effrite vite: le premier coup qui lui est porté est bien sûr la mort du père, une scène troublante: quand on le lui dit, Horino ne semble pas réaliser; il est en plein examen, sort de la salle, et croise Oshige avec laquelle il échange quelques mots. Arrivé chez lui, il se rend vraiment compte que son père va mourir, et le film bascule... Tout en ménageant quelques scènes inspirées directement des personnages les plus pro-actifs de Harold Lloyd, son idole, Ozu assène sa vision très critique des effets de la hiérarchie et de la réalité socio-économique du Japon patriarcal, et même une fin en douceur finit par être bien plus amère que douce...

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Published by François Massarelli - dans Yasujiro Ozu Muet 1932 *
11 décembre 2021 6 11 /12 /décembre /2021 11:51

Deux jeunes garçons, les deux enfants d’une famille qui vient de s’installer dans la banlieue de Tokyo, affrontent leur quartier, devant s’affirmer devant une bande de petits voyous qui les menacent de représailles s’ils osent se rendre à l’école… Il va leur être dur de s’imposer. Mais pendant ce temps, nous suivons les efforts du père (Tatsuo Saito) pour s’imposer également, lui qui a le but de devenir le bras droit de son patron, et ne recule devant aucune opportunité pour attendre ce but…

C’est l’un des plus connus sinon LE plus connu, des films muets d’Ozu : une épure aussi, un de ces films que le réalisateur refera dans les années 50, car le mélange de chronique du quotidien et de poignante critique sociale fait mouche sans aucun effort apparent, se reposant pour commencer sur deux personnages formidables : parfaitement dirigés, totalement complémentaires (leurs gestes sont aussi naturels que simultanés), les deux garçons fournissent un fil rouge totalement séduisant, avec leurs histoires de bagarres, de défis à la noix (gober un œuf de moineau en classe) et les anecdotes autour de leur intégration, de plus en plus inéluctable.

Le titre français ne traduit pas vraiment l'original, qui correspond à toute une série de films du metteur en scène qui se terminent en "mais" avec des points de suspension. Je suis né, mais... est autrement plus amer que le fonctionnel mais générique Gosses de Tokyo, et laisse entendre que la vie ne sera pas facile...

Tatsuo Saito, souvent clown en chef dans les films d’Ozu, a un rôle intéressant ici, en père plus préoccupé par son propre avancement que par les frasques de ses deux galopins, mais il est à la source d’une scène formidable : les deux garçons sont invités par le fils du patron, qui a lui-même invité ses employés à regarder les films amateurs qu’il a tournés. Sur l’écran, les deux garçons qui ont une image sanctifiée et assez autoritaire de leur père le découvrent tout à coup en boute-en-train avide de devenir le préféré de son supérieur, et commencent à douter de leur envie de « réussir à l’école pour devenir quelqu’un d’important », comme on le leur serine en permanence…

Avec ses deux anti-héros de la débrouille, qui affrontent l’enfer de l’enfance avec élégance et la main près des fesses (qu’ils se grattent en permanence !), cette comédie douce-amère est un joyau.

 

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Published by François Massarelli - dans 1932 Muet Yasujiro Ozu Comédie *
6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 17:34

Schenström et Madsen, le grand dépendu et le petit pas si malingre, vivent dans un petit appartement à Copenhague en face de deux jeunes femmes avec lesquelles ils ont une complicité de voisinage: pour rien au monde ils ne manqueraient ces conversations d'une fenêtre à l'autre, qui tournent parfois à un concours farfelu de mimes... Madsen, qui rend parfois des services à la voyante qui habite sur leur palier, apprend de cette dernière qu'il va probablement devenir riche, et trouver l'âme soeur, mais pas avant d'avoir triomphé d'un ennemi redoutable. Pour ce dernier, il est vitre trouvé, c'est un voisin irascible qui habite le même étage. Mais un avocat lui annonce qu'il va hériter la fortune considérable d'un Américain excentrique...

Sorti en décembre 1929, à l'heure où le cinéma du monde entier s'adonnait aux joies étranges du parlant, du balbutiant, du chantant, du bêlant, du bégayant, ce film a le bon goût d'être muet, une situation qui va durer pour Carl Schenström, Harald Madsen et Lau Lauritzen jusqu'à la sortie en mars 1932 de leur dernier long métrage silencieux, I kantonnement, réactualisation du burlesque troupier. Ce film qui nous occupe est assez typique, dans la mesure où l'intrigue, simple comme bonjour et traitée de façon linéaire avec suffisamment de quiproquos et de confusion pour maintenir l'intérêt, permet aux deux acteurs de faire exactement ce pour quoi ils sont devenus des superstars mondiales en leur époque: des numéros physiques, un authentique ballet de pantomime de haute voltige, dans les situations suivantes:

Ils sont vendeurs de bananes sur la côte, et attendent leurs clients sur un radeau et risquent en permanence de se retrouver à l'eau; comment piquer le petit déjeuner du voisin quand il pourrait sortir à n'importe quel moment et vous coller une baffe terminale? on les verra en hommes-sandwiches, déguisés en hommes de la bonne société pour vendre des vêtements, mais s'efforçant de ne jamais montrer leur dos à leurs fiancées, car on y lit la réclame du magasin, et elles ne sont pas au courant qu'ils sont fauchés... Puis on les retrouve aux prises avec des fantômes dans un souterrain! C'est vivace, bon enfant, assez typique de Lauritzen et de ses productions élégantes tournées sur la côte en plein été, avec des jolies filles, dont Nina Kalckar et Marguerite Viby (ici de droite à gauche), qui une fois n'est pas coutume, diront toutes les deux "Oui" à la fin...

 

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Published by François Massarelli - dans Schenström & Madsen Lau Lauritzen Muet Comédie 1929 *
5 novembre 2021 5 05 /11 /novembre /2021 17:52

L'arpète, nous dit le Larousse, est un terme désuet qui désignait un apprenti, terme qui est resté un peu plus longtemps utilisé dans le monde de la couture: un(e) arpète, c'est donc le plus souvent une jeune couturière en bas de l'échelle... Et c'est exactement ce qu'est Lucienne Legrand, dans le rôle de Jacqueline: une apprentie qui rêve à égaler le patron, un jour... En attendant, elle ne rate pas une occasion de se distinguer: elle essaie les robes de la maison Pommier où elle travaille, robes qui lui vont d'ailleurs bien, et file en douce pour aller acheter un petit goûter pour tout l'atelier... Un jour qu'elle se fait pincer, Pommier l'oblige à jouer une cliente, pour appâter un Américain qui fait le difficile. Ca marche tant et si bien que le monsieur est fou de cette belle cliente qui prétend avoir ses entrées dans les ambassades...

Ce qui n'est pas du tout du goût de Jules (Raymond Guérin-Catelain), le peintre, avec lequel elle vit à Montmartre: il est noceur, mais il a de la morale, et ce qu'on propose à Jacqueline, ça ressemble quand même à une forme de prostitution, il y a donc de l'eau dans le gaz, non seulement entre Jacqueline et Pommier, mais aussi entre Jacqueline et Jules... Et comme pour ne rien arranger le riche Américain n'est autre que le père de ce dernier, vous comprendrez qu'il y a 1) du grabuge et 2) comme qui dirait une impossibilité de résumer ce film sainement!

Donatien, arrivé en cinéma presque sur un coup de tête, a réalisé une vingtaine de films, dont les deux tiers nous dit-on seraient perdus. Beaucoup d'entre eux sont l'occasion de présenter à son avantage son épouse et collaboratrice Lucienne Legrand, peintre, modèle, actrice, etc... Une actrice qu'on attend en Catherine Hessling et qui vaut bien mieux que ça. Parfois desservie par un script qui part volontiers dans tous les sens, elle donne de sa personne avec un bel entrain... Et Donatien, lui, n'est ni Renoir ni L'Herbier ni Gance: auteur de films aux titres aussi divers que Miss Edith, duchesse, L'île de la mort, Mon curé chez les pauvres et (mais vous l'aurez anticipé) Mon curé chez les riches, et Le château de la mort lente, il se rêvait sans doute un peu en Ernst Lubitsch Parisien, mais n'était pas aidé par le fait que la culture Parisienne ne pouvait pas s'exporter aussi facilement. Et si son film se passe dans le milieu de la mode, il multiplie de façon parfois étonnante les digressions (une bobine consacrée à une soirée des quat'zarts qui est un prétexte à déshabillages intensifs), et les non-sequiturs, passe d'une lecture fine et ironique du milieu de la mode à des remarques d'une désespérante franchouillardise ("c'est du vin français, il ne peut pas faire de mal", une remarque dont on aimerait dire qu'elle est antédiluvienne, hélas elle doit encore probablement encore s'entendre dans notre étrange pays)... On introduit Jules comme "le fils adoptif" de Jacqueline... avant de les voir se jeter l'un sur l'autre, ce qui est pour le moins gênant.

Plus étrange encore: Lucienne Legrand, que Donatien rêvait en star comme s'il était Hearst et elle Marion Davies, a été dirigée dans le rôle d'une jeune apprentie, mais elle fait son âge. Et elle garde intact un certain pouvoir de séduction, ainsi qu'une belle énergie, et le fait de ne pas, mais alors pas du tout, avoir froid aux yeux: elle est quasiment nue durant une bobine entière, uniquement habillée d'une hypothétique ceinture de chasteté et d'une perruque blonde... Et réussit à ne pas être (trop) ridicule.

Bref, de fait, c'est un film qui est probablement assez peu digne, mais qui ne  ressemble à rien de ce que j'aie vu auparavant, d'une part. Et d'autre part, dans la troupe de Donatien, il y avait l'immense Pauline Carton, et il me semble que ça c'est quand même un signe d'intelligence...

 

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Published by François Massarelli - dans 1929 Muet Comédie *
31 octobre 2021 7 31 /10 /octobre /2021 09:13

Dans l'Angleterre de 1790, un mariage va être célébré; un jeune officier essaie bien de l'empêcher, car il aime la jeune épousée, lady Margery (Mary Astor), mais on fait vite comprendre au capitaine Brummel (John Barrymore) que c'est peine perdue. Pire, la mariée elle-même participe au découragement. Revenu de tout, il décide de se rendre indispensable au Prince de Galles, puis devient le prince de la mode, des apparences et le séducteur des grandes dames de la cour...

La même année que Kean, de Volkoff, avec lequel il partage un certain nombre d'aspects, ce film a été une prestigieuse production de la Warner, qui cherchait désespérément à jouer dans la cour des grands... Avec John Barrymore, un réalisateur aguerri, une armée d'acteurs et de figurants, un script qui appelait la sophistication sur tous les fronts (interprétation, décors, costumes, éclairages...), ça donnait sans doute très bien sur le papier. Et de fait, c'est soigné, très soigné. Pas un détail qui vient perturber la représentation des moeurs de la fin du XVIIIe au début du XIXe siècle, pas un accroc, et... pas un seul moment où l'ennui poli devant tant d'affectation ne sera perturbé. 

 

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Published by François Massarelli - dans John Barrymore Muet 1924 *
19 septembre 2021 7 19 /09 /septembre /2021 09:13

Deux trajectoires inversées: les deux vedettes de ce film sont Ramon Novarro, qui peinait à confirmer les espoirs suscités par ses apparitions dans les films de Rex Ingram en 1922-1924, et par sa participation à Ben-Hur (son meilleur rôle avec Scaramouche), allait bientôt glisser vers la série B, avant de se fondre dans l'anonymat des anciens acteurs du muet... Pendant ce temps Joan Crawford, de plus en plus présente dans les films MGM, allait connaître un succès phénoménal avec Our dancing daughters et les autres films de la même formule. 

C'est une adaptation d'un livre, All the brothers were valiant de Ben Ames Williams, dont Irvin Willat avait déjà réalisé une version avec Lon Chaney en 1923 pour Metro, aujourd'hui perdue. Le rôle de Chaney est ici repris par Ernest Torrence, le grand acteur versatile au physique parfois étonnant. La première demi-heure est par certains côtés annonciatrice de Steamboat Bill Junior, dans lequel il tiendra la vedette aux côtés de Buster Keaton...

Des quatre frères Shore, trois sont marins: les plus grands, dont l'aîné Mark (Ernest Torrence) est d'ailleurs capitaine. Le petit frère, Joel (Ramon Novarro), attend son tour et pour l'instant passe le plus clair de son temps avec la jolie voisine Priscilla (Joan Crawford), dont la nature de la complicité qui l'unit à lui ne fait aucun doute. Un jour, alors que les trois marins sont rentrés au port, Joel leur force la main en utilisant un stratagème et se fait engager sur le bateau de son grand frère, en partance pour Singapour.

Mais juste avant, il apprend que son père et celui de Priscilla se sont mis d'accord pour marier Mark et la jeune femme, bien que celle-ci ne le souhaite pas. Coincé entre son amour pour elle, sa loyauté pour son frère et le désir de naviguer, Joel laisse faire. Mais une mutinerie larvée va précipiter les frères dans le chaos...

C'est un film d'aventures en trois parties, extrêmement bien construit et qui commence quasiment dans la comédie, où Novarro est très à l'aise en petit frère qui a de la ressource... Le tout début nous fait croire un instant que le film commence par une mutinerie (les deux adolescents Joel et Priscilla jouent!) est surprenant, et la suite confirme pendant 25 minutes cette atmosphère légère. Le mariage arrangé précipite le film dans le mélodrame...

Par la suite la mise en scène est d'une grande solidité, avec une mention spéciale pour les scènes de tempête, parfaitement convaincantes grâce à des effets spéciaux brillamment utilisés, et les scènes de conflit entre les mutins, Novarro d'un côté et Torrence de l'autre, qui multiplient les péripéties, tout en évitant de donner à Crawford le statut d'une simple potiche! C'est une belle réussite, dans laquelle on a même droit à une apparition d'Anna May Wong: même si elle n'est pas créditée, c'est un rôle important.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1928 *
28 août 2021 6 28 /08 /août /2021 17:06

Il y a du rififi au royaume de Pélicanie! Suffisamment pour motiver le retour de la Princesse Wajda, héritière du trône, pendant qu'un roi de pacotille règne mollement pour préparer le terrain à un félon héritier dont les dents rayent le parquet... Mais comme Wajda (Elisabeth Frederiksen) s'est reconvertie dans le music-hall, elle revient au pays flanquée d'un souffleur (Carl Schenström, le grand maigre) et d'un maquilleur (Harald Madsen, le petit rabougri) qui vont plus ou moins lui servir de gardes du corps... et se laisser berner par des espions! Mais peu de monde a repéré que le maquilleur est un sosie du roi, à moins que ce ne soit le contraire...

Ce dernier détail laisse vaguement entendre  que le film serait une parodie du Prisonnier de Zenda, mais ce n'est jamais vraiment le cas... C'est un film assez poussif, en tout cas, pour lequel les deux compères du duo comique le plus apprécié d'Europe sont dirigés, non par Lau Lauritzen, mais par l'obscur Valdemar Andersen, qui s'en débrouille sans jamais faire preuve du moindre trait de génie. Les meilleurs moments, d'ailleurs, sont à prendre dans la première partie située dans un music-hall: on sent les deux compères à leur aise, et le lieu leur inspire quantité de gags. Dans la partie "aventures en Pélicanie" du film, on a tendance à les séparer...

Moins dirigés que d'habitude, les deux acteurs restent aussi fascinants à regarder, par contre, et inventent des foules de petits détails loufoques, comme le fait de repasser un pantalon en se frottant vigoureusement le fessier dessus, les fauteuils vivants, voire la brosse à dents bien calée sur l'oreille droite au moment du coucher...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1928 Schenström & Madsen *