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17 avril 2021 6 17 /04 /avril /2021 10:30

Diana Merrick (Greta Garbo) et Neville Holderness (John Gilbert), depuis leur plus tendre enfance, s'aiment... Selon toute probabilité, ils vont se marier, mais le père (Hobart Bosworth) de Neville, qui n'a jamais pu souffrir ni Diana ni son petit frère alcoolique Jeffry (Douglas Fairbanks, Jr), envoie son fils au diable pour travailler, et ruine ainsi toute chance de mariage entre les deux amants. Diana se console dans les bras de David (John Mack Brown), le meilleur ami de Jeffry, mais celui-ci meurt dans des circonstances mystérieuses; la rumeur a vite fait d'attribuer cette fin précipitée à son mariage avec Diana, et celle-ci, malgré le soutien inconditionnel du Dr Trevelyan (Lewis Stone), vieil ami de la famille qui veille sur les destinées des deux orphelins, va s'abîmer dans un cortège de relations éclair avec toute la jet-set Européenne...

Quand Neville reparaît dans la vie de Diana, c'est marié, avec la belle Constance (Dorothy Sebastian)... Mais tout n'est pas réglé, et bien entendu, des questions restent en suspens. La première d'entre elles, évidemment, est liée à la mort soudaine de David.

Mort soudaine dont nous avons été les témoins, dans une scène qui ne résout par contre pas tout... David et Diana viennent de se marier, et arrivent à l'hôtel. Pendant que Diana attend son mari dans son lit, celui-ci, visiblement éméché, regarde le riz qui encombre ses poches, comme pour tenter de réaliser sa chance d'avoir épousé celle qu'il aime depuis longtemps. Soudain, il réalise que des hommes viennent d'entrer dans leur suite: l'un d'entre eux sort une paire de menottes... David saute par la fenêtre sous les yeux de Diana qui s'était levée. Il nous faudra attendre la fin du film pour comprendre le fin mot de l'histoire, et personne n'en saura rien, rendant ainsi toutes les hypothèses possibles, aussi valides les unes que les autres, y compris celles qui sont énoncées, dans lesquelles Diana est une gourgandine de première classe.

D'ailleurs, revenons au début du film: Greta Garbo joue la Diana post-adolescente en fille capricieuse et gâtée, qui emmène Neville en automobile et conduit au mépris du danger... Elle conduit sa voiture comme elle conduira sa vie en quelque sorte. Le message envoyé est celui d'une femme sans filtre, qui croque la vie à pleines dents en menant les hommes par le bout du nez... ou d'une dangereuse aventurière, c'est selon. Un aitre aspect qui est parfois évoqué à travers l'utilisation d'un terme dans les intertitres, c'est l'assimilation du personnage à la masculinité: quand son honneur sera éclairci, plusieurs personnages référeront à elle comme étant un gentleman, c'est un point qui permet de toucher à un thème prudemment laissé dans le sous-texte par Clarence Brown avec la subtilité dont il savait faire preuve: la notion de transfuge des genres inhérente à la sexualité. Si Diana (chasseresse, bien entendu) fait collection d'aventures comme un homme, dans cette société encore corsetée, son frère Jeffry pour sa part noie dans l'alcool une passion secrète mais qu'il n'est pas bien difficile de deviner, pour le beau David. C'est d'ailleurs pour protéger son frère que Diana taira la vérité sur son mari, qui s'avère être un dangereux voleur de classe internationale!

Brown avait déjà montré dans Flesh and the Devil comment il savait réaliser des films dont la sensualité apparaissait en filigrane derrière la mise en scène, et fait ici la preuve, surtout dans la première heure du film, qu'il n'a pas perdu sa verve. Maintenant, le film reste sage par rapport à ce qu'on aurait pu envisager: ainsi la vie aventureuse de Diana la prédispose à des maladies honteuses, que le roman adapté détaillait. Sinon, après s'être revus, Diana et Neville sont de nouveau séparés, et Diana est malade: on apprend que neuf mois ont passé, le message est clair. A ce propos, si la MGM misait tout sur la "réunion" entre les deux stars et le metteur en scène de Flesh and the Devil, on note que le film sert aussi de galop d'essai à d'autres acteurs et actrices; le jeune Fairbanks a un rôle ingrat, mais il s'en sort fort bien; Johnny Mack Brown reste léger, et Dorothy Sebastian en opposé de Diana ("Constance", ben voyons!) est adorable. Brown se livre avec ses acteurs à l'un de ses péchés mignons, le jeu de caméra sur les visages; c'est sans doute Dorothy Sebastian qui a droit à la séquence la plus spectaculaire, dans une scène où e désarroi de l'épouse qui se comprend potentiellement trompée, se dessine sur son visage en gros plan...

Tout ça fait un film qui était probablement contractuel pour la plupart des acteurs; reste que c'est l'un des plus surprenants, peut-être LE plus surprenant des films muets Américains de Garbo. Maintenant il n'apporte rien à la légende de John Gilbert, si ce n'est de le cantonner dans un second rôle pas toujours convaincant... Avec ses non-dits, il s'élève sans problème au-dessus de la mêlée, mais il laisse quand même une certaine frustration par le fait qu'il arrive souvent que l'intrigue se cogne dans les murs...

 

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Published by François Massarelli - dans Greta Garbo Muet Clarence Brown 1928 *
16 avril 2021 5 16 /04 /avril /2021 08:27

Un couple marié, formé d'un homme d'affaires d'un certain âge et de sa jeune épouse, se rend à Java: John Sterling (Lewis Stone) entend y sélectionner un thé pour future importation, et donc il y va pour des raisons o ne peut plus sérieuse... Mais Lillie (Greta Garbo) se laisse prendre parle romantisme de la croisière pour se rendre à Java, et voudrait bien partager un peu de ce romantisme avec son mari... De son côté, un potentat local, le Prince de Gace (Nils Asther), propriétaire puissant de nombreuses terres où l'on produit justement du thé, a bien compris comment le couple fonctionnait, et est prêt pour sa part à remplacer John auprès de Lillie...

C'est de prime abord un ensemble de fadaises et de lieux communs savamment orchestrés les uns avec les autres: Greta Garbo s'st souvent plainte, avec raison, du fait qu'on ne lui faisait pas interpréter de rôles intéressants à la MGM durant l'époque du cinéma muet. Sans me faire totalement l'avocat du diable (le film est quand même volontiers routinier), j'observe que la caractérisation de Lillie est à l'écart des clichés habituels. On fait généralement de Garbo une vamp morne et maussade? Lillie est enjouée. Elle "vant to be alone" tout le temps? Non, Lillie souhaite avoir de la compagnie... Et sa sensualité est ici totalement soumise à sa jeunesse et son amour... Bon, ce sont aussi des clichés, à n'en pas douter, mais ils tranchent au moins sur les habitudes!

Et puis le film, sous couvert de cocher toutes les cases du drame sensuel bien dans l'esprit de l'époque (avec sa dose de racisme bien assumé, dans la représentation du 'prince' et sa promesse d'être un amant bien supérieur à ce pauvre John qui s'endort dès que sa tête touche l'oreiller), le film rejoint le narquois Foolish wives dans la satire d'un peuple Américain en proie à l'oubli de ses sens... Si le "Prince" représente en cochant toutes les cases possible le fantasme ultime, jusqu'à la brutalité, de l'épouse insatisfaite dans l'esprit de l'époque, John Délaisse son épouse, malgré toute la tendresse dont il est capable (ah, ces amoureuses caresses sur la joue, ces sensuels tapotements du dos de Lillie!) quand elle, au contraire, fait tout ce qu'elle (et Adrian, le couturier de la MGM) peut pour attirer son attention: la garde-robe très étudiée de Garbo est ici, comme souvent, une savante étude de "jusqu'où, et comment, déshabiller la star tout en la rendant présentable pour le bal"... Avec une mention spéciale pour les dos nus et plongeants. Bref, l'homo Americanus est ici ciblé et accusé de négligence sexuelle, dans ce film à vocation familiale...

Et Sidney Franklin, dans tout ça? Le valeureux vétéran fait plutôt bien son boulot, si tant est qu'il ait eu une once de liberté, au vu du fonctionnement industriel du studio. Il est célèbre pour des films à intrigue sentimentale, et ses meilleurs films étaient les comédies avec Constance Talmadge: il y retrouve instinctivement cette manière de filmer à hauteur de personnage, qui sait jongler avec les points de vue. En témoignent de nombreuses scènes qui sont autant de passages de témoins, du Prince vers les Sterling, ou de Lillie vers John. La meilleure est traitée en deux plans superbes, et foncièrement économiques: Lillie vient de succomber à un baiser langoureux du Prince en l'absence de John... Mais celui-ci a vu tout un théâtre d'ombres chinoises en revenant au bungalow, donc il sait. Lillie quitte sa chambre pour rejoindre son mari dans le living-room, et pousse une porte: on voit donc Lillie, de dos, qui regarde son mari de dos qui se révèle une fois la porte ouverte. On coupe au contrechamp, cette fois c'est John qui est à l'avant-plan, inquiet et au fond on voit Lillie désemparée qui a compris que John la soupçonne de bien plus qu'un baiser...

Le film se résoudra dans une lutte conventionnelle mais efficace entre les deux hommes durant une chasse au tigre qui manque de devenir une battue à l'homme... Et John Comprendra-t-il enfin qu'il serait attendu qu'il montre un peu d'empressement vis-à-vis de son épouse? Réponse (mitigée) dans le film...

 

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Published by François Massarelli - dans 1929 Muet Greta Garbo Sidney Franklin *
11 avril 2021 7 11 /04 /avril /2021 10:12

C'est durant la période qui  suivi Orphans of the storm que ce film est sorti, et Griffith y retourne à l'évocation du Sud, dans un mélodrame cette fois... Il y tourne avec Ivor Novello et y retrouve Mae Marsh, pour la dernière fois.

Quatre personnages nous sont présentés: Marie Carrington (Carol Dempster), fille d'une riche famille du Sud, et qui attend son mariage avec un fiancé choisi par la famille; Joseph Beaugardé (Ivor Novello), beau parti et futur pasteur, mais qui souhaite vivre sa jeunesse un peu avant de plonger dans la rigueur qui sied à son office. C'est lui le fiancé de Marie... John White (Neil Hamilton) est un jeune idéaliste issu d'une famille pauvre, et il est amoureux de Marie, qui n'est pas indifférente... Enfin, Bessie (Mae Marsh) est une jeune orpheline qui se lance dans la vie et qui va croiser le chemin de Joseph.

Bessie va être enceinte, et le parcours de Joseph va se transformer en une épreuve de conscience... Une fois qu'il sera au courant, car dans un premier temps Bessie ne lui dira rien. 

C'est Griffith dans ses oeuvres, donc on a ici une forte présence du mélodrame... De la comédie aussi, parfois curieusement réussie comme quand Bessie commence à travailler pour un restaurant et que les serveuses lui apprennent à être plus aguicheuse... Il y a de la morale cette foi encore mais ce sont au moins les gens aisés qui en prennent pour leur grade: Joseph en particulier est la cible des attaques! 

Mais le film reste quand même bien en dessous de ses modèles, Way down east en tête, dont Griffith tente de reprendre l'atmosphère. Il est aussi, sans doute, coincé par une alchimie qui peine à se mettre en place entre ses personnages... Mae Marsh est fidèle à son style chez Griffith, et Novello réussit à être plus terne que Carol Dempster!

 

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Published by François Massarelli - dans 1923 David Wark Griffith Muet *
8 avril 2021 4 08 /04 /avril /2021 11:13

On pouvait faire confiance au cinéma Danois pour montrer la voie à suivre, en ces temps lointains... Ceci est en effet l'un des tous premiers longs métrages de l'histoire du cinéma, en même temps qu'un des films les plus importants d'une tendance qui va durer quasiment jusqu'à l'aube des années 20, et se prolonger parfois au-delà...

L'histoire concerne une jeune femme (Ellen Dietrich) qui se voit offrir une position comme dame de compagnie, mais c'est un piège tendu par un réseau de "traite des blanches", bref un système de prostitution. Une fois arrivée à Londres, et alors que sa famille ne reçoit plus de nouvelles d'elle, elle va aller d'aventure désastreuse en enlèvement de dernière minute... Car pendant ce temps, une amie d'enfance qui a flairé l'entourloupe a engagé un détective valeureux (Lauritz Olsen)... Pendant ce temps également, sa famille est rongée par l'angoisse...

Le sujet était déjà l'objet d'un film qui a obtenu un immense succès, sous le même titre, et réalisé pour le compte d'une petite société par Alfred Cohn. Devant l'engouement pour cette histoire sordide, la compagnie Nordisk a sans aucun scrupule décidé de le plagier... On peut comparer le film de Blom à 6 mn de fragments du film de Cohn, et on voir à la fois les similarités et la supériorité évidente du deuxième film... 

Aux Etats-Unis, on n'avait pas encore trouvé la parade pour parler de prostitution dans les films, et ce long métrage aux péripéties de serial allait donner l'impulsion: puisqu'on ne peut pas en 1910 ou 1911 représenter la prostitution (d'ailleurs le terme est prohibé, et on se cache alors derrière le plus évasif d'esclave dans la "white slave trade"), autant montrer les contours: les moyens rocambolesques déployés par les bandits pour mettre une femme en confiance puis les façons de l'enlever, les hommes qui gravitent autour des cercles de prostitution et qui montrent de diverses façons leur désir de s'approprier une de ces femmes, etc... 

Le film va plus loin que ses suites futures, sans doute victimes d'une censure de plus en plus tatillonne: ainsi, l'héroïne est-elle souvent en grand danger de devoir effectivement laisser les hommes, visiteurs du bordel clandestin où elle est prisonnière, disposer d'elle, et ses "collègues", pour leur part, sont manifestement aguerries, et ne semblent pas se plaindre de leur sort. Une dimension qui disparaîtra dès le deuxième opus, également dirigé par August Blom. Par contre, le deuxième film reprendra aussi un truc innovant qui fera beaucoup parler de lui, et qui voit ici l'une de ses premières utilisations: le split-screen, dans lequel l'écran est divisé en trois sections pour enrichir la narration.

 

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Published by François Massarelli - dans August Blom Muet 1910 *
6 avril 2021 2 06 /04 /avril /2021 10:12

Film "monumental" en deux parties (l'adjectif s'impose d'autant plus que c'était le nom de la compagnie de Reinert), perdu selon la cinémathèque de Munich, même si les archives Russes estiment posséder une copie de chacune des deux parties, Sterbende Völker a au moins survécu sous la forme d'une bobine de fragments plus ou moins disjoints. On peut y voir la dimension épique du film, son souffle pseudo-historique (l'intrigue y oppose l'empire Romain et les peuples proto-Germaniques, dans un écheveau de batailles, de pillages, d'incendies et de drames) et l'indéniable sens pictural singulier du metteur en scène.

Les quelques 9 minutes ainsi rendues disponibles nous font mettre la main sur l'incendie d'un village lacustre, nous montrent une transhumance hivernale dans les montagnes, qui anticipe sur la fabuleuse séquence célèbre du col de Chilkoot dans The Gold Rush de Chaplin, et nous donne à voir des fragments des prestations de Paul Wegener, Fritz Korner, Aud-Egede Nissen... Ca donne envie, donc. 

Reste le soupçon, toujours embarrassant: avec un sujet pareil, Reinert étant de droite (et là on parle de la droite Allemande des années 20), quels délires nationalistes s'est-il permis dans cette oeuvre? On ne saura sans doute jamais.

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Published by François Massarelli - dans Muet Robert Reinert 1922 *
29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 18:33

Acadie Française, au XVIIIe siècle: la jeune Evangeline (Dolores Del Rio) est fiancée à Gabriel (Roland Drew). Ils doivent se marier, et tout irait pour le mieux, mais les autorités Britanniques demandent à la communauté l'impossible: se retourner contre leurs "cousins" Français. Ils refusent, et c'est donc un exil forcé, dans lequel Evangeline et Gabriel sont séparés... Ils vont passer des années à se chercher, sans se trouver...

C'est un de ces films de la toute fin du muet, inclassable et sans doute marqué par la volonté d'un seul homme: le réalisateur, Edwin Carewe, réalisateur indépendant et free-lance depuis le début des années 10, qui a jeté toute son énergie dans un tournage qui allait du Nord des Etats-Unis, jusqu'aux bayous de Louisiane, désireux qu'il était de réaliser une adaptation aussi épique que le poème de Longfellow... Son film est picturalement impressionnant, et ne manque pas de qualités, mais...

...C'est cousu de fil blanc dès le départ. Il manque singulièrement d'enjeu, d'aspérités, sans parler de l'amour pur et enfantin des deux héros. Dommage, mais avouons-le, on préfère Dolores Del Rio en barmaid gouailleuse (What price glory) ou en princesse Polynésienne coquine (Bird of paradise) voire en héroïne Russe (The Red dance)! Ici, elle manque de substance, et le parcours convenu de ces amants maudits (d'ailleurs, "amants" est un mot impropre) est asse peu engageant. Sauf si on aime les belles images...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1929 *
27 mars 2021 6 27 /03 /mars /2021 16:49

Mary Bussard (Marion Davies) n'est pas vraiment une "Bussard de Boston): sa maman s'est mariée à John, un représentant de cette famille d'insupportables pères-la-pudeur, et (comme le dit un intertitre) "heureusement pour elle, elle est décédée"... A la mort de son beau-père, Mary apprend qu'elle n'héritera que sous deux conditions: la première, c'est de vivre avec la famille Bussard pendant un an; la deuxième c'est de ne pas se marier avant la fin de la période d'essai. Elle rejoint sa famille, et c'est un cauchemar: le frère de son beau-père étant celui qui n'a pas réussi, ils sont encore plus mesquins! Pour se distraire, Mary peut compter sur les visites de James Winthrop (Norman Kerry), mais celui-ci se retrouve en butte avec l'opposition des Bussards qui aimeraient bien caser leur fille plutôt que Mary, avec l'élégant playboy...

C'était déjà le cinquième film de Marion Davies, mais c'est surtout un moment important puisque c'est sa première comédie... Et la grande surprise, c'est que ce fut un grand succès! On sait que l'ombrageux propriétaire de Cosmopolitan, William Randolph Hearst, n'aimait pas que sa protégée se compromette dans le rire, mais c'est exactement ce qu'elle voulait faire... Et avec la patte experte d'Allan Dwan, l'omniprésent metteur en scène qui fisait déjà merveille en compagnie de Douglas Fairbanks, elle est excellente. Le film, lui, ne l'est pas tout à fait même si on retrouve l'univers assez particulier des films Cosmopolitan: une lente exposition, beaucoup d'intérieurs, et vers la fin un décor qui écrase tout! Pourtant Dwan reste concentré sur son intrigue et ses personnages... Et il trouve toujours des solutions pour s'approcher de ceux-ci, et tirer parti du naturel d'une actrice qui se réjouit enfin de faire ce qu'elle aime.

Forcément, il oppose d'un côté l'abominable famille de Boston, leur mesquinerie et leurs préjugés, et la tendresse incarnée dans cette jeune femme qui transfert les affections absentes sur son tout petit chien, ou encore Norman Kerry en élégant homme du monde, qui est sympathique en toute circonstances: ce type jouerait le bourreau dans un village espagnol en pleine inquisition, qu'on l'aimerait quand même. Et puis sans doute ce film a-t-il permis à Davies de parvenir à imposer à Hearst des films plus proches de son tempérament: Little old New York, Enchantment ou Beauty's worth... Pas mal.

 

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Published by François Massarelli - dans Marion Davies Allan Dwan 1919 Muet *
24 mars 2021 3 24 /03 /mars /2021 13:34

Alors qu'il se bat pour conquérir le coeur d'une jeune femme (Gertrude Olmsted), un jeune un peu niais sur les bords (Johnny Arthur) termine ses études de criminologie à distance, en s'attaquant au mystère de la commune: des disparitions étonnantes... La présence d'un sanatorium suspect, et le fait que d'étranges personnages se promènent dans la campagne en fête, aurait-il également à voir avec ces disparitions en série?

Réalisé en indépendant mais distribué par la Metro-Goldwyn-Mayer, The Monster est un de ces films qui hésitaient constamment entre film fantastique et comédie: ça commence d'ailleurs bien, voire très bien, avec une scène des plus intrigantes, et puis ça retourne vers une comédie comme il s'en produisait des caisses à l'époque, autour de la charmante niaiserie de la ruralité... Et surtout il faut attendre 30 minutes avant que le grand Lon Chaney (premier au générique, c'est après tout la même année que son inoubliable Erik dans The phantom of the opera) ne fasse son apparition...

Et c'est décevant: le film ne semble s'illuminer que quand West sort de ses cadres imposés, que ce soit le terrain de la comédie ou bien celui de la maison hantée avec tous ses sempiternels clichés. Et Chaney ne fait pas grand chose, ici, c'est le moins qu'on puisse dire. Non, le film ne devient vraiment intéressant qu'occasionnellement, par exemple quand on se retrouve face à une scène de funambulisme sous un orage avec un cinglé sur un toit; quelques plans ou séquences montrent bien une envie de montrer du bizarre... Mais on en revient toujours au tout-venant.

C'est toujours meilleur que l'abominable The Bat.

 

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Published by François Massarelli - dans 1925 Muet Comédie Lon Chaney *
15 mars 2021 1 15 /03 /mars /2021 15:52

Un village de pionniers, situé à proximité d’un campement indien, subit une attaque mortelle de la tribu, dont la colère a été provoquée par la mort du fils de chef, abattu par un cow-boy qui voulait protéger une adolescente.

A nouveau dans un film de Griffith, un homme se dévoue pour aller chercher du secours. Derrière ce scénario mis en image en Californie, on a une histoire épique à la Griffith, qui est dans l’ensemble rondement menée, avec Mae Marsh en orpheline qui arrive à l’ouest (Au cours d’un prologue Dickensien) en compagnie d’un gentil couple un peu gnan-gnan, joué par Lillian Gish et Bobby Harron : ils ont un enfant, qui jouera un rôle malgré son jeune âge. L’essentiel de l’action est provoqué par le fait que le patron du ranch, dont l’oncle de Mae est l’employé, interdit à la jeune fille de garder son chiot à l’intérieur de la maison. Pendant la nuit, deux Indiens entendent le chien, et s’apprêtent à le tuer pour le manger, lorsque la jeune fille intervient, ce qui entraîne la mort du jeune fils de chef comme on l’a dit plus haut.

Je me permets ici deux digressions: d’une part, Mae Marsh, en jeune préadolescente écervelée, est hélas insupportable; d’autre part les indiens nous sont, dans ce film, présentés comme d’abominables sauvages: ils mangent du chien, ils boivent comme des trous, ils font des fêtes païennes à s’endormir par terre en pleine danse, et ils ont dépenaillés… Tiens donc! C’en est fini de la magnanimité décrite dans d’autres films plus anciens, mais c’est aussi bien loin de la peinture des expéditions punitives de Custer sur les femmes et les enfants…

La deuxième bobine du film repose donc sur ces bases soigneusement empilées durant la première, et on assiste donc à une bataille, de plus en plus meurtrière pour toutes les parties concernées, à de micro-suspenses liés au jeune couple (Le bébé ? Ou est le bébé ?) où à la jeune fille (Tiens? Un bébé dans les bras d’un Cow-boy mort. Si je le sauvais?); tout cela est bien rendu, mais les gros sabots l’emportent vraiment sur la subtilité. La dimension épique vers laquelle Griffith tend, avec ses deux westerns, est surtout pour lui l’occasion de grossir le trait, et en retour il ne nous gratifie pas de beaucoup : tout au plus peut-on glaner ça et là des scènes de bataille relevées d’un fouillis de fumigènes qui accentuent le coté « boucherie héroïque » que Griffith aimait tant à souligner dans ses films, tout en s’y vautrant allègrement puisqu’il savait le public friand d’émotions fortes, etc…

Le film ressemble finalement à une ébauche de Birth of a Nation, par son racisme, son coté simpliste, et par des anecdotes précises: la cabane dans laquelle sont réfugiés les blancs est assiégée par les "sauvages", et lorsque les cartouches se font rares, les hommes s'apprêtent à sacrifier leurs femmes pour leur éviter un destin pire que la mort... 

Sinon, Elderbush Gulch ressemble à un galop d’essai pour Mae Marsh, autour de laquelle est centrée l’action. Le rôle de gentille demeurée que lui a donné Griffith ne lui rend pas justice, loin delà… mais c'est mieux que Lillian Gish qui reste cantonnée une fois de plus dans les jeunes ravissantes idiotes. Mae Marsh aura sa revanche avec Intolerance, et Lillian Gish l’a déjà eue avec The mothering heart, tourné quelques mois auparavant.

 

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Published by François Massarelli - dans 1913 David Wark Griffith Muet Western *
17 février 2021 3 17 /02 /février /2021 18:33

En réponse au serial La main qui étreint, la Gaumont a donc produit cet étonnant film, entièrement dû à l'esprit farceur de Jacques Feyder, le futur réalisateur de L'Atlantide, des Nouveaux Messieurs et de La Kermesse Héroïque... Et le film, clairement, n'a pas grand chose à voir avec toutes ces oeuvres prestigieuses.

D'ailleurs, il n'a pas grand chose à voir avec quoi que ce soit! c'est un indescriptible mic-mac de scènes pour rire, par des acteurs qui se prennent pas au sérieux, avec des intertitres aussi stupides que possible... Je mentirais si je disais qu'il y a beaucoup à glaner dedans, mais on se laissera aller à l'indulgence, ce serait-ce que pour ses deux dernières bobines, le dénouement (oui, au fait, c'est un film à épisodes!) dans lequel on révèle que le chef des gangsters n'est autre que... qu'un célèbre comédien burlesque (imité par Georges Biscot avec une moustache, et le bougre se débrouille plutôt pas mal), qui va piquer sans vergogne sa fiancée au héros, et en plus l'épouser en juste noce avec une bande de bras cassés dans lesquels on reconnaîtra Musidora en Irma Vep, et Marcel Levesque en Oscar-Cloud Mazamette... 

Vous avez dit "n'importe quoi"?

 

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Published by François Massarelli - dans Jacques Feyder 1916 Muet Comédie *