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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 10:54

Dans la maison d'une famille Sino-Canadienne, la maman prépare des baos: des petits raviolis fourrés aux légumes, cuits à la vapeur. Elle met la table pour elle et son mari, et le repas se passe... très vite: Monsieur avale tout très vite et part au travail, laissant Madame toute seule. De dépit, elle enfourne un bao... sauf que celui-ci se rebelle! elle le sort de sa bouche et constate que le dernier bao se comporte comme un nouveau-né... Elle va donc s'en occuper, l'accompagner dans ses premiers pas, le nourrir, le voir grandir, et le voir l'abandonner...

Un grand nombre de personnes ont exprimé leur confusion devant ce film, aux Etats-Unis. Il faudra s'y faire: encouragés par certains dirigeants, les gens ont décidé de voir le monde avec les oeillères de leur ethno-centrisme ragaillardi! Donc, je le dis pour le blanc moyen, ce film est empreint de culture Chinoise, et plus précisément il nous parle du "syndrome du nid vide". Le fait de mêler, comme Domee Shi l'a fait, nourriture et famille, émotions et culture, est assez typiquement Chinois en effet, et c'est fait de façon magistrale. Après, si les gens ne peuvent comprendre ce qui est devant leurs yeux, tant pis! Reste un film superbe, plus intimiste que bien des courts métrages Pixar, tout en proposant ce qui fait le meilleur de la plupart d'entre eux: de l'émotion, car on y affronte effectivement une thématique (familiale bien sûr) douloureuse, mais aussi une animation des objets inanimés, plus une esthétique intéressante.

Réjouissons-nous que pour accompagner le film dans lequel Helen Parr prend les rênes de l'entreprise familiale qui sauve le monde (Incredibles 2), les dirigeants de Pixar aient encouragé une femme, qui plus est d'origine doublement exotique: elle aussi est Sino-Canadienne.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Pixar Disney
30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 09:58

Je n'aime pas cette manie, chez Disney ou les autres, de gâcher un film a posteriori en livrant une suite contractuelle. D'ailleurs, on constatera que dans bien des cas, en particulier pour les films Disney-Canal Historique, la suite est purement et simplement un objet commercial et ultra-formaté qui sort directement en vidéo, sans passer par les salles: Mulan 2, Le bossu de Notre-Dame 2, etc... Oui, mais il y a eu Toy Story 2! Ou la possibilité, cinq années plus tard, de revenir aux personnages et d'aller plus loin, et honnêtement, de faire mieux, beaucoup mieux, que le film initial. On pourrait aussi argumenter à partir des exemples habituels, The Godfather Part II ou The Empire Strikes Back, et conclure, après tout, qu'il y a suite et suite... Pourtant on n'attendait pas (en fin, JE n'attendais pas!) de suite au carton fabuleux de Brad Bird, à ce qui restait pour moi le film le plus abouti de toute la galaxie Pixar. Tellement complet, achevé, fermé aussi, que 'on pouvait vraiment se demander ce qui motiverait une remise en route de la franchise. Mais entre le premier film et le deuxième il y a eu le passage de quatorze années, des changements internes au studio, la carrière de Brad Bird qui a eu des hauts (Ratatouille, avec Pixar, et Mission Impossible, le protocole fantôme, sans Pixar) et des bas, voire très bas (L'échec commercial de Tomorrowland, pour Disney)...

...et il y a eu Donald Trump et l'affaire Weinstein.

Bref: le monde quatorze années après The incredibles a suffisamment changé, et tous ces gens ont suffisamment ruminé pour qu'on puisse espérer, au moins un bon film, non? Mais si ce n'était que ça!

La décision prise pour relancer la machine a été de prendre exactement à la fin du premier: on se rappelle que dans une fin ouverte qui laisse présager un retour en grâce des super-héros, la famille Parr unie comme jamais, après avoir débarrassé leur ville de la menace de Buddy, le fan de super-héros passé du coté des Super-Méchants, s'apprêtait à affronter un autre Super-Méchant, qui faisait son apparition. C'est généralement casse-gueule, mais le film commence en effet par développer cette situation, de deux façons: bien sûr, on aura une bataille héroïque, délirante, dans laquelle toute la famille (et leur copain Frozone) vont s'impliquer, pour un résultat en demi-teintes: menace écartée, certes, mais des dizaines de bâtiments endommagés, des sommes considérables volées à la banque, et en prime, le criminel ne sera pas arrêté! Un reproche qui sera souligné par tous, avec pour effet de confirmer de façon plus importante encore la défiance à l'égard des super-héros. Comme le dit un policier aux Parr: laissez faire les assurances, bon sang!

La deuxième façon de réintroduire la scène de fin du premier film fait l'objet de la séquence d'ouverture: on y rappelle un gag qui a servi d'argument au court métrage Baby-Sitting Jack-Jack. Rick Dicker est un agent des services secrets dont le boulot consiste à "nettoyer" derrière les super-héros, et notamment effacer la mémoire des témoins qui ont vu quelque chose qui pourrait les amener à percer l'identité des super-héros: ici, Dicker efface la mémoire de Tony, le garçon qu'on voyait flirter avec Violet Parr à la fin du film; il a vu les "indestructibles" en action, et a reconnu Violet... Un effacement qui sera lourd de conséquences, puisque en effaçant la mémoire de ce jour-là, Dcker efface aussi tout souvenir de Violet. Mais rassurons-nous, le film ne va pas nous conter les mésaventures de Violet tentant de reconquérir le jeune homme, non: leur idylle balbutiante n'est que la victime collatérale d'une situation qui dans son ensemble est plus détaillée, plus réaliste presque, que dans le premier film: après l'affaire lamentable d'un sauvetage partiel qui tourne mal en effet, les super-héros sont donc conspués par la police, la justice et la presse, sans parler du public; les Parr sont privés de leur maison qui a brûlé à la fin du premier film; et il faut tout reconstruire... 

C'est ici qu'intervient un nouveau groupe de protagonistes: un milliardaire enthousiaste avec un lien fort au passé (son père était un mécène qui aidait les super-héros à l'époque de leur gloire, et est mort dans des circonstances tragiques); ce nouveau personnage, Winston Deavor, est un spécialiste de la télécommunication, et il travaille avec sa soeur Evelyn (incidemment, elle est délicieusement interprétée par la grande Catherine Keener) dans une firme multinationale aux moyens super-illimités...

Bien sûr qu'on sent que ça va amener des ennuis, mais reprenons.

...Aux moyens super-illimités, donc, avec lesquels ils ont décidé de contacter autant de super-héros mis au ban que possible, afin d'aider à leur réhabilitation: simple, dit Winston Deavor... Il suffit de manipuler l'opinion, et d'assurer soi-même la couverture médiatique. Il s'agit aussi de contrôler l'impulsivité des justiciers aux super-pouvoirs, et c'est la raison pour laquelle les premiers essais seront faits, non pas avec le "couple" Mr Incredible/Frozone, jugés trop "destructeurs", mais avec ElastiGirl, soit Mme Parr, dont le style plus subtil, plus féminin, conviendra à merveille à un retour en grâce sous monitoring médiatique. Si josais, je dirais que cette fois c'est elle qui fait bande à Parr...

Beaucoup des éléments de la thématique du premier film sont donc présents, à commencer par le sens aigu de la famille, la difficulté de cohabiter à côté des gens "normaux", la quête identitaire (même si le film nous la présente comme partiellement résolue)... Il y a aussi des reprises intelligentes de certains atouts: la présence d'Edna Mode, jalouse car les Deavor ont fait appel à un autre designer pour les costumes des Parr; la question des super-pouvoirs potentiels de Jack-Jack, dont nous savons nous qu'ils sont particulièrement délirants si nous avons vu le court métrage qui lui était consacré, ce que Bob Parr, puis ses enfants, et enfin Helen vers la fin, vont découvrir par eux-mêmes... Mais le plus important, c'est sans doute la reprise par le deuxième film de la situation de base, mais inversée: cette fois, c'est Helen qui part pour travailler pendant que Bob reste à la maison, permettant en effet à toute une thématique de se mettre en place, autour de la guéguerre des genres. Helen, d'ailleurs appuyée par Evelyn, se met en avant d'une façon inattendue quand on a vu le premier film, et Bob apparaît effectivement comme un gros super-nounours incapable de maîtriser sa force exceptionnelle... 

A ces éléments viennent s'ajouter de nouvelles épices fascinantes: Brad Bird étudie de quelle façon les nouveaux communicants pourraient en effet "vendre" du super-héros, en optimisant tout et n'importe quoi. Le portrait de Winston Deavor, tout en en faisant un personnage positif, est ambigu, et nous laisse un goût étrange, surtout quand il fait dire à Helen "It's time to make Super-Heroes great again": sans doute pas un hasard, non? Le film joue sur cette ambiguité, en nous montrant un monde qui tourne fort mal, finalement, où le public peut nous apparaître comme une masse de crétins ignorants des bienfaits qui les préservent, et capables de se jeter dans le moindre piège médiatique. Tiens donc!

...Mais le film n'est pas qu'un prêche, c'est d'abord et avant tout une montagne russe de gags, d'émotions, de séquences d'action impeccablement réalisés, et d'animation sublime. Le rendu des personnages est de plus en plus beau, le style de Brad Bird et Pixar est ici à son plus haut niveau, et en prime le rendu des décors est encore plus hallucinant que la dernière fois. La musique est splendide, etc etc. Pour finir, Jack-Jack est absolument Incredible.

 

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Published by François Massarelli - dans Pixar Animation Disney Brad Bird
17 septembre 2018 1 17 /09 /septembre /2018 15:42

Uchronie: un néologisme du XIXe siècle désignant une oeuvre de fiction basée sur la réécriture d'un événement du passé. Par exemple, Avril et le monde truqué part d'une scène durant laquelle Napoléon III meurt quelques semaines avant le déclenchement de la guerre Franco-Prussienne, et cette guerre n'a pas lieu, ne mettant donc pas fin au Second Empire, qui prospère encore jusqu'au milieu du XXe siècle... L'essentiel de l'intrigue de cette fiction uchronique donc, se situe en effet en 1941, sous le règne de Napoléon V. Parmi les autres changements, on remarque que le XIXe siècle a raté un certaine nombre de progrès suite à la disparition mystérieuse de tous les savants d'importance. C'est donc une humanité à l'âge du charbon, qui hoquette et qui survit de moins en moins agréablement, qui peuple ce film.

Avril, c'est la dernière descendante d'un scientifique génial, donc, mais son père et son grand père ont bien des talents aussi. Elle doit se battre dans une société qui se méfie des scientifiques (c'est fort bien expliqué dans le film) et réussir à retrouver sa famille dont elle a été séparée, tout en déjouant un complot étrange, mené par... mais je vous laisse découvrir tout ça, d'autant que c'est assez franchement irracontable.

Mais ce qui est tout à fait à mentionner, c'est que d'une part le film repose sur une série de dessins de Jacques Tardi, et épouse son univers d'une façon frappante, donnant à ce 1941 qui refuse le progrès l'allure d'une Belle Epoque steampunk. L'artiste et son style génial ont été respectés de A jusqu'à Z, donnant à ce dessin animé qui ne ressemble à aucun autre, une allure et une classe folle. D'ailleurs Tardi est tellement présent qu'on le créditerait volontiers à la co-mise en scène... Rien que pour ça, il faut voir ce film délicieusement farfelu dont Tardi là encore a beaucoup orienté le délire. 

 

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Published by François Massarelli - dans Animation
17 septembre 2018 1 17 /09 /septembre /2018 15:28

Dans ce film qui est particulièrement surprenant, ce qui compte n'est pas l'intrigue, ou du moins celle qui fait semblant de s'installer sous nos yeux ébahis. Car si le film est totalement une oeuvre de 2013, en 3D et images de synthèse, elle commence... par être un petit dessin animé en noir et blanc, avec post-synchronisation qui craque qui souffle et qui pète de rigueur, et qui n'occupe qu'une proportion infime de l'écran. Car, et on va vite s'en apercevoir, ce que nous voyons n'est pas un authentique dessin animé de Mickey Mouse de 1929, mais bien... un faux qui est projeté dans une salle, et dont les personnages vont être propulsés en dehors de l'écran par le méchant, Peg-leg Pete.

A la base, l'histoire est une sempiternelle ballade dans la campagne pour Mickey et toute sa ménagerie, qui est rendue dangereuse par l'irruption de l'ennemi juré de Mickey, qui a vu... Minnie. Ne reculant devant aucune vilenie, le gros chat va l'enlever et semer la terreur... Jusqu'au moment où, propulsés hors de l'écran, Mickey et le cheval Horace se retrouvent dans le cinéma, occupés à regarder eux aussi le film. Le reste, qui va très vite et qui est très drôle, montre de quelle façon les personnages (en couleurs) qui passent de notre côté de l'écran trouvent à agir sur le film étant projeté pour renverser (littéralement, parfois) la donne. C'est une nouvelle merveille...

La réalisatrice, Lauren McMullan, est une grande fan de la période des premiers Mickey, et ça se voit: elle a très bien étudié leur rythme, leur approximation, le rapport entre le son et l'image, et surtout leur incroyable grossièreté. Mais elle joue aussi beaucoup sur le décalage temporel, sur le fait par exemple qu'une fois passé de l'autre côté de l'écran, Mickey adopte une vision beaucoup plus cynique, et a aussi accès... à un portable! Non, je n'en dirai pas plus, mais sachez toutefois que le film est disponible sur Youtube, et aussi sur le DVD/Blu-ray de Frozen/La Reine des Neiges (ce qui fait au moins une raison de l'acheter), et qu'Eric Godlberg, le grand historien-animateur surdoué, est l'un des responsables de l'animation.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Disney
20 août 2018 1 20 /08 /août /2018 17:00

C'est en 1937, soit trois ans après la sortie du film WB Dames, que Tex Avery va en détourner la pièce de résistance. On sait que la plupart des fimls de la série Merrie Melodies sont largement basés sur les chansons entendues dans les films de la Warner; le fait que I've only got eyes for you, chanté à deux reprises par Dick Powell dans le film déjà cité plus haut de Ray Enright, soit devenu plus ou moins un « tube » de l'époque, n'a fait qu'encourager le studio de Leon Schlesinger...

Mais en 1937, on attendrait plutôt que Friz Freleng ne dirige un tel film... Car le style du vétéran et celui du Texan, sont quand même radicalement différent. A la base, le script du film raconte l'habituelle histoire mélodramatique du ver de terre amoureux d'une étoile. Un oiseau, vendeur de glace, aime une belle dame canari, qui ne se soucie pas de lui, puisqu'elle n'aime que les crooners. Il va la séduire par un stratagème, et rater sévèrement son coup... Mais dans le film d'Avery, tout change. D'abord, il allonge l'exposition pour en faire un prologue, donne une substance (parodique, certes, mais quand même) non négligeable au personnage principal, et en fait la victime des attentions pas vraiment catholiques d'une oiselle défraîchie, qui veut le garder avec elle pour le gaver de tartes ; enfin, il fait de la dame des pensées du héros une émule de Katharine Hepburn, un gag qui reviendra souvent... Et c'est plutôt drôle.

Le héros, qui parle avec un bafouillage particulièrement prononcé, est le contraire même de la sophistication, et il lui faut trouver un partenaire pour devenir un crooner : il persuade un imitateur (doué, il en fait une démonstration impressionnante) de chanter dans son camion de glace, pendant qu'il chante en play-back, une chanson qui n'est autre que...

(Soupir)

...I've only got ice for you. Tout ça pour ça ? Disons que quand un jeu de mot est aussi insondablement, glorieusement, pathétiquement mauvais, il mérite au moins l'attention, sinon le respect...

Quant à la morale, c'est le héros qui la fournit, lorsqu'il se résigne à accepter les avances en tartes de l'autre femme : Anyhow, she can cook.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Tex Avery
17 août 2018 5 17 /08 /août /2018 16:13

Porky Pig, producteur de music-hall, aimerait aller déjeuner, mais... il doit affronter une tempête: l'impresario Daffy Duck venu lui présenter son poulain, un très très jeune canard qui ne cesse pratiquement jamais de téter une sucette géante, sagement et passivement assis sur un fauteuil. Sage et passif, deux adjectifs qui en revanche ne vont pas pouvoir être utilisés pour une description de Daffy Duck, qui dans son numéro classique de dynamo vivante, vante les mérites supposés de son poulain...

Freleng dans ses oeuvres, en fait: avant que le personnage de Daffy Duck ne s'affadisse, il en reprend la folie totale et profondément indomptable, qu'il oppose à la normalité affichée de Porky. L'idée d'un personnage raisonnable, confronté à la folie dangereuse et impossible à arrêter d'un perturbateur, c'est aussi le contexte de Back alley oproar, chef d'oeuvre du réalisateur. 

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Friz Freleng
2 août 2018 4 02 /08 /août /2018 18:42

C'est la deuxième fois que Wes Anderson s'attaque à un long métrage d'animation, après Fantastic Mr Fox: ce grand succès de 2009 avait prouvé qu'il était inutile de s'étonner de voir un réalisateur de longs métrages en «live-action» faire le grand saut. Après tout, Anderson est sans doute l'un des plus éminemment visuels de tous les metteurs en scène en circulation, et son style géométrique, sa marque de fabrique, s'accommode particulièrement bien de l'animation en volumes.

Oui, c'est une fois de plus un film d'animation à l'ancienne, avec des petites poupées en plastique ou en plasticine, qui sont animées dans des décors «en dur» installés dans un studio. L'animation est excellente, on pourrait certes la trouver un peu raide, mais c'est le style d'Anderson qui veut ça... le plus surprenant, dans ce film adapté d'une idée originale du metteur en scène, c'est le parti-pris de situer ça, en intrigue comme dans la forme, au Japon...

En 2035 environ, Megasaki, une municipalité imposante du Japon est entre les mains du maire Kobayashi, un homme qui a la phobie des chiens. Il a décidé d'exiler les animaux, supposés amener des maladies, sur une île située au large, et qui est totalement jonchée d'ordures. Nous assistons aux aventures d'une troupe de chiens, tous ou presque nostalgiques de leur vie passée, au contact des humains. Ils reçoivent une visite inattendue, celle de Atari Kobayashi, le propre neveu du maire, à la recherche de son ancien garde du corps, un chien valeureux qui répond au nom de Spot... Les cinq chiens, dont Chief, chien errant sans grande amitié pour les humains, vont l'aider à travers l'île et ses pièges...

D'un côté, on retrouve tout l'univers de Wes Anderson, avec ces groupes faits d'associations inattendues, ces personnages qui croient cacher des blessures qui se voient comme le nez au milieu de la figure, et qui tous trouvent en une destinée héroïque bizarre, une sorte d'épiphanie. Certains trouveront aussi l'amour, bien sûr... Le burlesque naît ici de la juxtaposition d'une composition immobile, et de ces conversations décalées entre des chiens (qui tous portent un nom de leader: Rex, King, Chief, Duke...) dont la plupart trahissent une tendresse profonde pour l'humanité... Et on se demande bien pourquoi!

Oui, car tout le film est vu du point de vue des chiens, et le langage s'y adapte: on nous prévient au début du film que les aboiements des chiens ont été traduits en Anglais, alors que les humains parlent systématiquement leur langue maternelle, donc majoritairement le Japonais. Certains procédés internes à l'histoire permettent d'obtenir des traductions, mais pour l'essentiel, on n'en a pas besoin: la gestuelle est éloquente, et de toute façon ce qui doit faire sens dans le film provient des chiens, et des chiens seuls. On ne s'étonnera donc pas du fait que les voix de ces animaux soient fournies par rien moins que Jeff Goldblum, Bill Murray, Edward Norton ou F. Murray Abraham...

Mais ce dispositif particulier pousse le film dans une direction inattendue : la présence courante de sous-titres Anglais internes, qui accompagnent l'action, ou qui soulignent eux-mêmes l'omniprésence du texte sous la forme d'idéogrammes qui prennent toute la place, donne l'illusion qu'on est devant un artefact Japonais authentique, ce que la musique superbe d'Alexandre Desplat (Qui cite aussi la bande originale des Sept samouraïs, tant qu'à faire) renforce particulièrement...

Et le miracle s'accomplit : le style de Wes Anderson est là, et bien là, sans qu'on puisse s'y tromper. Son mélange de burlesque froid et de géométrie, plus tendre peut-être que d'habitude, parce que même si ce film ne s'adresse pas particulièrement aux enfants, il n'en reste pas moins que c'est un film d'animation, et la cruauté n'est pas de mise. C'est le neuvième long métrage d'Anderson, et une fois qu'on s'est adapté à son aspect visuel très particulier, c'est le neuvième sans faute.

 

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Published by François Massarelli - dans Wes Anderson Animation Arf!
28 juillet 2018 6 28 /07 /juillet /2018 18:30

Ce film, en quelques minutes vite consommées, présente à travers l'animation toujours volontairement hachée et rudimentaire de Bill Plympton, 25 façons d'arrêter de fumer. Je n'en conseille personnellement aucune, mais jetez quand même un coup d'oeil à ce florilège farceur de trucs tous plus idiots les uns que les autres... Mon préféré reste bien sûr l'idée d'engager un sumotori pour vous écraser à chaque fois que vous en allumez une, mais on peut sans doute trouver mieux...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Bill Plympton
28 juillet 2018 6 28 /07 /juillet /2018 18:24

Il y a quelque chose à la fois de rassurant et de profondément transgressif dans les cartoons de Bill Plympton: une animation et des idées foutraques et en liberté totale: certes, il dessine bien, mais adopte une sorte d'attitude low-fidelity pour son animation, et en prime se permet tout. Ce film en est un excellent exemple; il n'est, après tout, rien d'autre qu'une liste de trucs-machins qui se résument à une idée développée en une courte séquence d'animation, qu'on se prend dans la figure avant de passer à autre chose. A chaque fois, c'est synthétique, cru, osé, profondément idiot, et assez jouissif. Le titre est (presque) menteur, mais comment voulez-vous appeler un tel attirail?

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Published by François Massarelli - dans Animation Bill Plympton
23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 19:25

Le dernier des films "Sud-Américains" de Disney, le plus connu d'ailleurs, est cette fois un long métrage, qui reprend le principe de Saludos Amigos en allant cette fois vers du quasi tout-animation. Il est beaucoup moins didactique que son prédécesseur, et s'il fonctionne à nouveau sur le principe de compilation, le fil rouge prend plus de place: Donald reçoit un cadeau de ses amis Sud-Américains, un grand carton dans lequel il va trouver de quoi nourrir un film sur l'Amérique du Sud, notamment un faux documentaire sur les oiseaux rares, et l'inévitable Joe Carioca, qui va l'emmener au Brésil, puis Panchito le Mexicain. 

Mais le film, s'il démarre avec beaucoup de finesse, se perd dans le musical à l'excès; dans la dernière demi-heure, seule une danse surréaliste de Donald et des Cactus (J'aime les Cactus) nous interpelle...

Sinon, fidèle à son habitude, le studio prétend avoir expérimenté dans ce film pour la première fois avec des personnages réels intégrés dans le dessin animé, ou le contraire... Faux! ça a déjà été fait, par les frères Flesicher (Koko the clown) mais aussi pour la série des Alice dans les années 20, par un petit studio de Kansas City, qui s'appelait... Disney.

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Published by François Massarelli - dans Animation Musical Disney