Pluto s'acharne contre un chaton, qu'il poursuit jusque dans la maison de Mickey Mouse; celui-ci se fâche, Pluto puni s'endort au coin du feu, et... il subit une tentation extérieure: un chat vient le provoquer, il le suit jusqu'en enfer où une troupe de chats le condamne pour l'ensemble de ses mauvaises actions.
Très moral et impeccablement réalisé, ce court métrage est non seulement l'un des premiers en couleurs (l'excellent Technicolor trois bandes, dont Disney avait encore l'exclusivité), mais aussi l'un des premiers dans lesquels les scénaristes et animateurs essaient de passer outre la transparence du personnage de Mickey, dont il était clair que tout la ménagerie qui l'entoure est beaucoup plus intéressante à tous points de vue. Le voyage de Pluto aux enfers, monuments disneyien de sadisme contrôlé, est un grand moment, et on peut sans aucun problème y voir la source de l'inévitable "spin-off'", la série des courts métrages entièrement consacrés au chien, qui allaient se tourner quelques années plus tard... Ou Pluto.
Comme il est clair que l'enfer que visite le chien dans son cauchemar est une émanation de son subconscient, on se dit que ce personnage, par ailleurs si désespérément vide, a une vie intérieure assez effrayante.
Admirable film, le premier Mickey régulier en couleurs, avec en prime l'apparition de Donald Duck en trouble-fête. Un concert y est donné par une petite fanfare, qui s'attaque à du lourd (L'ouverture de Guillaume Tell, par exemple) mais dont la prestation est sabotée par l'intervention de Donald, dont l'enthousiasme pour la musique le pousse à jouer avec l'orchestre... Sauf que lui ne sait jouer que Dixie.
Le film est indispensable, c'est celui qui fait le lien entre les années durant lesquelles Mickey évoluait au sein d'une basse-cour hétéroclite (Ici devenue un orchestre) et les futurs dessins animés qui le verront perdre de l'importance au profit de ses acolytes. le chef d'orchestre Mickey est très impliqué physiquement dans la prestation, et ça le rend volontiers agressif et irascible. Certes! Pour la bonne cause...
Mais il y a aussi une progression notable depuis les premier films musicaux un brin mécaniques, et celui-ci ou tout est si fluide... Un modèle indépassable d'animation où chaque geste est pesé, au profit d'un effet, qui ne rate jamais sa cible.
Dans le cadre permissif de l'effort de guerre, ce film est l'un des derniers authentiques Looney Tunes, c'est à dire en noir et blanc; pas de héros, comme dans les travelogues bouffons de Tex Avery et Bob Clampett, juste une narration basée sur une idée simple: nous sommes supposés voir un film d'actualité et de propagande du Japon durant la seconde guerre mondiale, et bien sûr, ce que nous voyons est en réalité une oeuvre de propagande anti-Japonaise...
...Et la charge est lourde, odieuse, profondément raciste, jubilatoire, inexcusable, hystérique, et proprement injustifiable. Alors à vous de choisir: si vous avez un problème avec les gags raciaux de Buster Keaton, ou avec l'interprétation de Mickey Rooney dans Breakfast at Tiffany's de Blake Edwards, surtout passez votre chemin. Si vous êtes prêt à encaisser l'impossible, et si vous avez un minimum de second degré... Ca peut peut-être passer.
Africa est, comme le film My Pal Paul du même Walter Lantz, un dessin animé qui a pour but de contribuer à promouvoir sans trop en avoir l'air le musical The King of Jazz, dont il reprend certain éléments du cartoon qui en était l'introduction. En villégiature en Egypte, le lapin Oswald y danse avec une reine d'Egypte un peu (mais pas trop) sexy, et se bat avec des lions, et autres animaux...
Ce serait totalement anecdotique, sauf pour un ou deux détails du générique... Les noms qui y figurent sont impressionnants: les voix en sont assurées par Pinto Colvig, qui allait être la voix de Goofy quelques années plus tard pour Disney. Un autre nom lié à Disney était l'animateur principal, Clyde Geronimi, qui allait un solide réalisateur de la firme de Burbank durant une trentaine d'années. Sinon, les noms de Ray Abrams et Fred "Tex" Avery sont également ceux de futurs animateurs et réalisateurs de talent...
C'est en 1927 que Ub Iwerks et Walt Disney ont créé ce personnage, qui sera ensuite distribué par Universal. Mais le personnage s'avérant insatisfaisant, Disney va demander à Iwerks de revoir sa copie, avec, je ne sais pas, moi, une souris par exemple?
Donc bonjour Mickey, exit Oswald: celui-ci, dans un premier temps, a été continué pour alimenter les programmes Universal, ce qui explique qu'on en ait quelques minutes en ouverture de l'extravagant musical en Technicolor consacré à la musique de Paul Whiteman, The King of jazz.
Dans ce film produit dans la foulée, Oswald cherche à se pendre. Il est secouru par rien moins que Paul Whiteman, qui chante et danse avec lui, avant qu'ils décident de ne plus être copains. Du coup, le chef d'orchestre essaie de pendre le lapin...
Vous avez bien lu: on est bien loin de l'esprit policé des dessins animés ultérieurs! Mais il ne faut surtout pas chercher la cohérence dans un court métrage d'animation des débuts du sonore, où chaque geste est d'abord pensé en fonction de la synchronisation, et non afin de donner libre cours à la motivation d'un personnage! Et le film avait probablement pour fonction d'être une sorte de publicité subliminale pour le dispendieux musical... dont il recycle quelques éléments d'animation. Notons pour finir que parmi les animateurs de ce film, figurent Clyde Geronimi (futur animateur et réalisateur chez Disney), mais aussi Ray Abrams (Qui allait, lui, travailler un peu partout, dont la MGM à l'époque de Tex Avery).
D'un côté, il y a le fait que ces films sans queue ni tête qui tournent autour de la cohabitation entre humains et personnages de cartoons, depuis Who framed Roger Rabbit, ne parviennent pas à renouveler l'apport essentiel du film de Zemeckis, qui reste la référence du genre, et ne devrait pas avoir à subir de concurrence.
Sans parler du fait que le plus souvent, l'intrigue n'est qu'un prétexte et ne vaut pas tripette, et qu'en plus on a le sentiment que les acteurs qui jouent das ces films ont été punis...
Alors je ne parlerai pas de l'intrigue, je me contenterai de dire qu'elle est un énième prétexte à virer Daffy Duck, à afficher sa tendance à être jaloux de Bugs Bunny, et sinon, qu'on y voir Steven Martin dans ce qui est sans doute son rôle le plus atroce. Même si cette fois, en revanche, c'est volontaire...
Mais c'est un film de Joe Dante, l'enfant terrible déchu, qui a accepté le défi, non seulement parce qu'il fait bien vivre, mais aussi parce qu'il lui permettait de rendre un hommage vibrant à Chuck Jones. Après tout, pourquoi pas? Mais qu'il est loin, le temps de Matinée, de The howling, ou de The Burbs.
A 1:29 dans ce cartoon tardif, le coyote est pris dans un engrenage de désastres particulièrement impressionnant: juché en haut d'un rocher que le décorateur Maurice Noble a rendu très risqué, il s'apprête à utiliser un arc... Mais se prend l'élastique en pleine poire, et par conséquent, tombe. Le gag aurait du s'arrêter là, mais en tombant, l'arc s'accroche sur un piton rocheux. L'effet d'élasticité propulse alors le coyote sur un autre piton rocheux auquel il tente de s'accrocher... Le premier roc casse, et l'élastique ramène alors le bout de rocher sur le coyote, l'écrasant. Là encore on aurait pu s'en contenter... mais pas Chuck Jones. Par enchaînement, le piton rocheux qui vient de subir un choc se casse à son tour, et le coyote, pris en sandwich entre deux fragments de roche, tombe donc. Le gag rebondit encore deux ou trois fois avant d'aboutir.
C'est le meilleur moment d'un film qui n'apporte rien, ni ne retranche rien, à la légende du coyote qui n'arrive pas à attraper son déjeuner. Si ce n'est le fait que désormais Michael Maltese est loin, et sinon, le style évolutif de Chuck Jones (en partenariat, désormais, avec son animateur numéro 1, Abe Levitow) est moins attractif que par le passé...
Dans ce douzième cartoon des aventures du coyote, Michael Maltese et Chuck Jones ont décidé de varier le début d'une manière inattendue: en lieu et place d'une exposition, l'ouverture se fait, avant même l'arrivée du titre, sur un gag en cours... Qui va comme d'habitude se terminer sur une défaite cuisante pour l'animal, cela va sans dire.
La suite est conforme à ce qui était attendu: des gags courts et longs, des plans élaborés à l'aide de matériel acheté chez Acme, et souvent spécialisé (un "élastique pour attraper les Roadrunners", par exemple!); des chutes qui se terminent par des nuages de poussière vus de très haut, en plongée, et des enchaînements savants d'ennuis compliqués...
Mais à cette période, Jones qui s'apprêtait en compagnie de son animateur Abe Levitow a changer considérablement sa manière (en rendant ses animaux plus touffus notamment, et ses humains plus anguleux), a permis à Maurice Noble, le décorateur des films, de rendre son désert de plus en plus abstrait, et l'artiste s'est fait plaisir avec les rochers en équilibre fragile, notamment...
Autre changement notable: alors que les dessins animés avaient toujours gardé une sorte de logique globale, fut-elle fragile, les auteurs s'évertuent à trouver pour varier les gags des choses de plus en plus farfelues: ici, les "graines de tornade". Pourquoi pas?
Sous un titre glorieusement paré d'un jeu de mots absolument lamentable, se cache ce film, le septième parmi les cartoons de Chuck Jones consacrés aux quêtes de nourriture d'un coyote dans le désert au prise avec la fatalité symbolisée par un oiseau de taille modeste, mais qui ferait certes un en-cas fort appréciable. Je ne vous apprendrai donc rien si je vous dis que cette fois-ci, eh bien... il ne l'attrapera pas.
Il me semble qu'il est temps de s'intéresser à la fameuse compagnie Acme: derrière ce nom hérité du Grec (et Akme en grec veut dire plus ou moins "premier choix", ce qui est bien sûr totalement ironique), se cache en fait une parodie éclairée d'un mode de consommation en vogue dans les années 50, née dans ces courts métrages spécifiquement. Le coyote, on le constate, a la plus totale confiance dans la compagnie, qui lui envoie régulièrement les équipements les plus improbables afin de mettre à exécution des plans qui foireront toujours; ici, l'animal se commande un livre inattendu, au titre hilarant: "Comment couvrir un géocoucou de goudron et de plumes".
Ca s'imposait, je pense...
Et ce film est, pour la première fois, la reconnaissance définitive de la part du coyote de sa vraie condition: lassé, à la fin, de se prendre des coups, il démissionne de sa fonction de personnage de cartoon.
Ceci est le cinquième film de la série des aventures désastreuses du coyote qui aurait tant voulu manger un roadrunner, alias le géocoucou (oiseau natif dans grandes zones désertiques du centre du continent Américain). Ca commence par un détail monstrueusement graphique, puisque lors de l'exposition usuelle (assortie de noms latins délicieusement idiots), le coyote (Eatibus anythingus) en question mange... une mouche, puis mâche sans grande conviction une boîte de conserve avant de se faire bousculer et aplatir par l'oiseau (Hot-Roddus supersonicus). Ces notations scientifiques en latin de cuisine, par ailleurs parfaitement inutiles à l'intrigue, font partie des plaisirs renouvelés de cette série de cartoons, et au passage... quelle intrigue?
Un autre plaisir renouvelé tient dans un des codes narratifs et graphiques, nés par accident de la répétition à l'identique ou presque des gags les plus idiots: les chutes du coyote, inhérente à la malchance chronique qui le poursuit, sont souvent assorties de plans en plongée (sans jeu de mots, cette fois-ci) du désert, dans lequel la chute très longue se termine par un nuage de poussière vu du ciel. Le plan est souvent présenté, souligné, et prend son temps... A tel point qu'on aurait l'impression que le film serait vide sans lui, comme il le serait d'ailleurs sans le Meep-meep de l'oiseau, ou sans les arrêts du images avec latin de cuisine du début.
...Et puis, tant que j'en suis à parler du latin de cuisine, on constate que dans ce film, Jones et Maltese ont convoqué, exceptionnellement une tierce personne, et je ne parle pas de l'infortuné diptère du début. Ca donne un gag qui permet aux auteurs de renchérir sur leur petit plaisir préféré: le clin d'oeil au spectateur, qui fait exploser le fameux quatrième mur...