
Sous ce titre glorieusement inévitable, bien que situé 12 années après la sortie du film de Raoul Walsh What price glory, se cache un film hallucinant à plus d'un titre, dans lequel Bob Clampett révolutionne à tout jamais la vision d'une ferme de dessin animé (Un univers que par ailleurs, il a déjà largement exploré), mais aussi la vision de la première guerre mondiale en cartoon, et par dessus le marché multiplie les Daffy Duck quasiment à l'infini... L'intrigue est simplissime: Porky Pig souhaite nourrir sa volaille, mais les canards d'un gang local leurs volent la nourriture. Le cochon essaie de parlementer, mais les canards répondent par une lettre d'insultes grossières... La guerre est déclarée.
Ce qui frappe, à un an du second conflit mondial (Que tout le monde pressentait), c'est à quel point Clampett (Et Daffy Duck et tous ses canards) s'en fout. Si j'osais, je dirais qu'il s'en fout comme de l'an 40... Mais ce serait trop facile. Car un tel film, qu'on imagine très bien tourné par d'autres, à plusieurs époques, aussi bien chez Schlesinger qu'à la MGM voire chez Disney, débouche le plus souvent sur une métaphore à vocation didactique. Blitz Wolf, Der Fuehrer's face ou Bugs Bunny nips the Nips, avec toute la mauvaise fois triomphante dont ils font allègrement preuve, sont tous d'authentiques films de propagande, dans lesquels le message est clair: battez-vous! Faites de la purée de nazis! Un message sain, vital même, mais ce n'est évidemment pas le sujet de cette critique.
Oui, parce que Clampett, dans son film, s'amuse en permanence: il exagère le militarisme, nous montre un Daffy Duck armé jusqu'aux dents qui s'approche d'un autre et demande le chemin du front... avant de foncer dans l'autre sens. Il nous montre des poules qui au lieu de défendre leur ferme se posent tranquilles pour un petit goûter à a fraîche (Rappelons-nous qu'en plein effort national, il nous montrera Daffy Duck tentant d'échapper à la conscription dans Drafty duck, en 1945). A l'inverse, il arme ses poussins, qui deviennent une redoutable force guerrière, et surtout il montre l'efficacité des canards, qui sont non seulement des voleurs (de maïs), mais pour faire bonne mesure, sont aussi zinzins. Clampett reprend d'ailleurs son premier titre de gloire, l'animation du canard fou qu'il avait utilisée pour Porky's duck hunt de Tex Avery.
Enfin, si on identifie clairement les poules et Porky comme les forces du bien, il me semble qu'il adopte plus souvent le point de vue des canards. Pire: ils gagnent. Enfin, la bataille du rire, au moins. Ce type ne respectait rien...

