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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 17:20

Un couple d'amoureux, très jeunes, rentrent tranquillement au village sur une charette. Ils traversent une voie ferrée, et quelques instants après un train passe. Un symbole qui sera repris à la fin de ce film, et qui représente le destin qui va croiser en permanence le chemin de Jean Leonnec (Ramon Novarro) et sa petite fiancée Marise La Noue (Enid Bennett)... Et le destin n'attend en réalité pas, puisqu' on annonce dès son arrivée au village à Marise que son père, le sabotier du village, vient de mourir. Orpheline, elle va donc devoir vivre chez des cousins, mais ça se passe très mal: menacée par son cousin, un homme brutal et alcoolique, elle trouve refuge dans la grange des Leonnec, ou Jean vient la rejoindre pour la réconforter. Au réveil, les deux amoureux qui sont restés bien sagement assis sur une chaise au coin du feu auront bien du mal à justifier de la pureté de leurs intentions, et fuient à Paris. Entretemps, la mairie a été cambriolée, et le maire, le père de Jean, fait le rapprochement un peu rapidement avec la soudaine fuite de son fils...

Et ce n'est pas fini: Niblo s'amuse à fouiller des péripéties à la Dickens et les accumule à loisir tout au long des 80 minutes du film, qui devient presque un catalogue de tous les aspects du mélodrame. Il choisit aussi de situer son film dans une France de pacotille, où s'entremêlent les époques dans un maelstrom de bérets et de casquettes d'apaches. La raison me parait simple: tout en se reposant sur les ficelles du mélo, le film accumule les scènes risquées et le metteur en scène a souvent recours à une violence graphique, frontale et sublimée, tout en montrant les bas-fonds avec un réalisme, certes baroque, mais suffisamment explicite pour qu'on ne s'y trompe pas: Jean va devenir une petite frappe, un apache, mais Marise va passer par la prostitution lors de leurs aventures Parisiennes. Le même script situé en Californie ne serait pas passé au travers des mailles de la censure, d'où me recours à une France d'opérette.

Auteur complet du film (Il en a écrit l'argument), Niblo se fait plaisir, rappelant qu'il pouvait à son meilleur être 'un des grands cinéastes d'Hollywood. En 1924, la toute jeune MGM semblait prête à honorer sa devise 'Ars gratia artis', et le film en est une éclatante preuve: tout en louchant du côté de l'univers de Rex Ingram, bien qu'en moins baroque, le film bénéficie aussi de la rigueur des compositions de Niblo qui a du génie du début à la fin du film pour son utilisation inventive du cadre, et son sens du timing en ce qui concerne ses séquences. Son réalisme, en matière de violence en particulier, est sans doute l'un des atouts qui feront de lui un candidat idéal pour reprendre le navire en perdition de Ben-Hur, et on retrouve dans les deux films des points communs troublants: la façon dont Enid Bennett et Ramon Novarro se perdent de vue, mais se croisent ensuite en permanence rappelle de quelle façon Ben-Hur passera à côté de sa mère et de sa soeur qu'il croit mortes dans le film de 1925, une situation certes de convention mais que la force de conviction de Niblo nous fait passer come une lettre à la poste!

Le metteur en scène est parfaitement servi par des acteurs qui sont eux aussi à leur meilleur, et fait bien passer la transformation permanente d'Enid bennett qui joue en particulier sur le maquillage pour figurer sa descente aux enfers. Une scène la montre à l'hôpital, à l'article de la mort, après avoir été abattue par la police: on l'a quittée enlaidie, les cheveux dégoutants, en fille déchue, on la retrouve avec de nouveau la couronne dorée de ses beaux cheveux blonds, et le visage angélique:c'est la signal de la rédemption pour nos deux héros. Les décors et les éclairages sont aussi utilisés à leur avantage du début à la fin de ce film mené tambour battant, d'un grand cinéaste auquel il arrivait certes de se laisser aller (Sex, Blood and sand, le fort moyen The temptress), mais qui a aussi beaucoup donné (The mark of Zorro, The three musketeers, Ben-Hur, The mysterious lady). Son chef d'oeuvre? Je le pense, en tout cas.

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Published by François Massarelli - dans Fred Niblo Muet 1924 *
5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 18:46

L'un des cinq films de Michael Curtiz en cette année 1938, Four's a crowd n'est pas de la même veine que The adventures of Robin Hood (Co-réalisé par William Keighley) ou Angels with dirty faces, mais c'est une intéressante contribution à un genre auquel le cinéaste n'a pourtant pas beaucoup contribué: la screwball comedy. Il y est question, essentiellement, de mariage, de chassé-croisé amoureux entre quatre jeunes gens qui passent leur temps à changer de bras (Errol Flynn, Rosalind Russell, Patric KNowles et Olivia de Havilland); la motivation première pour ce film était essentiellement de permettre à Flynn de démontrer sa versatilité, et il est assez intéressant en consultant en relations publiques prêt à tout pour amener le richissime et extravagant Walter Connolly à lui confier son business. Rosalind Russell est une journaliste qui travaille pour l'éditeur Patric Knowles, et celui-ci est fiancé à Olivia de Havilland, qui n'est autre que la petite-fille du millionnaire...

De l'agitation, des dialogues à la mitraillette, des acteurs qui s'amusent comme des petits fous à buter dans le mobilier, et une action à cent à l'heure ne garantissent pas forcément la réussite d'un tel film. Et si le metteur en scène a décidé de s'approprier le film en se faisant plaisir (Il y a, clairement, du mouvement, et les plans séquences avec centaines de figurants sont là pour témoigner que les rênes sont bien entre les mains de Curtiz), il a surtout livré une copie qui est un peu le Canada Dry des Screwball comedies: ça ressemble à, ça a l'apparence, la couleur, le son ou même le tempo, mais ce n'est pas. C'est, après tout, trop brut de décoffrage, pas assez raffiné. Dans le genre, la même année Hawks allait fournir le joyau ultime avec Bringing up baby, et donner à voir une bien meilleure performance de Rosalind Russell auprès de Cary Grant dans His girl friday deux ans après. Mais c'est sans doute le seul film dans lequel on peut voir Flynn, une poche pleine de beurre, chasser un chien dans une chambre la nuit, en compagnie d'une fofolle en pyjama, jouée par Olivia de Havilland, qui est ravissante. Comme d'habitude. Ceci était malgré tout un argument subliminal en faveur du film.

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Published by François Massarelli - dans Michael Curtiz Olivia de Havilland
2 novembre 2014 7 02 /11 /novembre /2014 16:15

George M. Cohan (1878-1942) est une grande figure du théâtre et du music-hall aux Etats-Unis, qui a eu un succès phénoménal à Broadway entre 1904 et les années 30. Le film le montre, interprété par rien moins que James Cagney, dans une évocation très allégorique: au soir de sa vie (Cohan est d'ailleurs décédé quelques mois après la sortie de ce film), le vieil acteur reçoit une convocation à la Maison Blanche, et un peu embarrassé, s'en va rejoindre Roosevelt dans le bureau de celui-ci. L'embarras s'explique aisément: dans la pièce qu'il est en train de jouer à Broadway, il interprète sans complexe le président, dans une caricature assez leste... Pourtant l'entrevue va être l'occasion pour lui de lui raconter sa vie. Au dehors, quand Cohan rentre chez lui, une distinction inattendue à la boutonnière, des soldats paradent, au son d'une de ses chansons: ils vont partir pour l'Europe. Cohan rentre dans la parade et chante avec eux...

"Musical", avec Michael curtiz, le mot prend généralement une autre signification que celle généralement acceptée, y compris pour les quelques films du genre que le grand metteur en scène a réalisé à la Warner, c'est-à-dire le studio ou le grand Busby Berkeley a inventé la comédie musicale cinématographique. Curtiz, lui en est toujours resté au genre représenté par The singing fool(Lloyd Bacon, 1928), ou Mammy (Qu'il avait lui-même tourné en 1930): des intrigues situées dans le milieu du spectacle, avec des numéros musicaux certes intégrés au corpus filmique, mais situé sur un espace scénique cohérent et clairement délimité. Yankee Doodle Dandy se trouve donc plus être une biographie d'un homme de spectacle, avec quelques numéros in extenso et des extraits conséquents des spectacles de Cohan. Choix donc délibéré de Curtiz, qui malgré sa propre tendance au baroque flamboyant, ne concevait de films que situés dans un cadre plausible. Une contradiction quelque part, pour l'un des grands illusionnistes de la Warner avec ses jeux d'ombres, mais une contradiction qu'il semblait assumer. Du reste, si bien des films musicaux de Curtiz sont très accessoires pour ne pas dire médiocres (This is the army, Mammy, Night and day) celui-ci est non seulement un classique, c'est aussi un grand film irrésistible...

Grâce à Cagney? l'acteur n'est pas venu les mains vides, le film est en effet produit par son frère, et des membres de sa famille sont présents dans le casting. Il s'est passionné pour un personnage de hâbleur Irlandais, imbu de lui-même mais dont l'énergie indéniable semble propulser tous ses spectacles vers le succès; un personnage de véritable Américain, venu de nulle part et qui s'est construit un empire théâtral à la seule force de ses poignets - et de ses claquettes. Un personnage profondément patriote aussi, et un brin conservateur, ce que le film ne cache pas, mais fait passer de manière un peu subliminale. Et c'est devant l'un des présidents qui aura le plus fait bouger les lignes de la vieille Amérique vers un progressisme mâtiné d'interventionnisme, que Cohan semble, en racontant son histoire, rassembler tous les Américains derrière lui, devant la menace représentée par Hitler. Le film est d'ailleurs largement romancé, dans la mesure ou la médaille obtenue par Cohan à la fin du film, donc en 1941 ou 1942, lui a été attribuée en réalité en 1936.

Mais Curtiz aussi s'est passionné: son film est une réussite de bout en bout, peu importe le personnage, le message reste valide: un message profondément démocratique, réactivé par un cinéaste qui a beaucoup voyagé, comme le font les Cohan dans la première heure de ce film. Solidarité de saltimbanque? L'ancien acteur, dramaturge et homme à tout faire dans le cirque et le théâtre Michael Kertesz, dit Curtiz, s'est sans doute beaucoup retrouvé dans ce héros un peu en marge, qui a été absent des conflits et moments importants (Il nous est présenté souhaitant s'engager pour combattre en 1917, mais est refusé par les autorités en raison de son âge) mais n'a cessé d'incarner, à sa façon, l'esprit d'un pays qui a, en 1926, accueilli à bras ouverts l'éternel exilé Curtiz. Celui-ci a particulièrement soigné son évocation: certes, Cohan n'est pas l'un des êtres les plus fascinants qui soient, mais le Cohan de Cagney et Curtiz est très attachant, et le film est une merveille, qui se bonifie à chaque vision.

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Published by François Massarelli - dans Michael Curtiz
1 novembre 2014 6 01 /11 /novembre /2014 10:51

Quoi de neuf chez Salvadori? Toujours une histoire de personne mise en marge, cette fois de façon irrémédiable. Mais si Antoine (Gustave Kervern) file un mauvais coton (Il est en pleine dépression, accro à des substances, et fuit sa vie et tous ceux qu'elle implique), il n'est pas seul: une séquence au début du film le voit visiter une boite d'intérim, ou son interlocutrice est au bord de la panique, et tout le monde a des tranquilisants sur soi... Il s'installe dans un immeuble dont il est devenu le concierge, et fait assez mal son boulot, mais retrouve un certain gout pour l'humanité. Mais voilà, l'humanité va mal: un copain (Pio Marmaï) auprès duquel il va trouver du bon temps s'avère un ancien footballeur qui a trouvé refuge dans les drogues dures, un voisin apparemment pointilleux s'avère être un cas psychiatrique, qui aboie à sa fenêtre pour faire croire qu'il entend de mystérieux chiens, et surtout la propriétaire (Deneuve) est en plein trip maniaco-dépressif.

C'est la crise, et Salvadori, qui aime bien nous faire rire, ne le fera pas jusqu'au bout: question de choix, mais il faut le savoir, attention, le film ne vous aidera pas forcément à vaincre l'éventuelle déprime ambiante. Mais il l'illustre assez bien, avec une galerie de personnages touchants, bien campés, jamais totalement caricaturaux... Mais c'est sûr, on n'est plus dans le gentil monde un peu rose d'Après vous, ou de Hors de prix. On est dans les coulisses, dans l'arrière-cour pour paraphraser le titre. En tout cas, cette histoire de gens qui se cherchent en se perdant toujours un peu plus est à l'image de notre monde.

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Published by François Massarelli - dans Pierre Salvadori
30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 17:05

L'un des trois films Essanay de Linder, tournés en 1916-1917 (Des deux autres, seul Max in a taxi a survécu, Max Comes across étant a priori perdu). Le but de la compagnie de Chicago était de remplacer Chaplin, ce qui est un peu naïf, mais ce film a au moins le mérite de permettre à Max Linder de réaliser un film qui suit le sens habituel de son inspiration, tout en s'accomodant fort bien de la façon de travailler alors en vogue à Hollywood, ou on avait plusieurs longueurs d'avance sur la vieille Europe. Il suffit pour s'en convaincre de comparer ce petit film avec n'importe lequel des courts métrages réalisés par Linder en 1916...

Max, donc, veut divorcer, car il ne recevra l'héritage d'un vieil oncle que s'il est effectivement célibataire. Son épouse se prète donc à une mascarade douteuse, qui consiste à le suprendre dans les bras d'une gourgandine quelconque. Bien sur ça va mal se passer, et bien sur il y aura un coup de théâtre à la fin. Le mauvais gout aurai pu l'emporter, mais le film est sauvé par un grain de folie qu'aucun de ses films Français n'a jamais eu... à part peut-être le Petit Roman (1912). Dans l'immeuble ou se trouve le héros, un proto-psychanalyste vient s'installer, et avec lui, une galerie de fous furieux (Dont Leo White, resté en contrat avec Essanay après le départ de Chaplin). Le cinéaste s'amuse à accumuler les dingos avec un plaisir contagieux.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Max Linder
28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 18:00

Le nouveau film de Terry Gilliam est un retour à la science-fiction, le premier depuis 12 monkeys, et le troisième film dans ce genre spécifique depuis Brazil. Forcément, on en attend beaucoup, d'une part parce que les deux essais précédents restent des films majeurs du cinéaste, et aussi parce qu'on a senti, depuis quelques années, comme un passage à vide chez l'auteur de Tideland, et, hum, Brothers Grimm. Et devant ce nouvel effort, on reste perplexe... Mais on ne va pas pour autant bouder le plaisir de voir un nouvel opus de l'auteur de Time bandits sous prétexte qu'il ne va pas dans le sens attendu: si c'était le cas, aucun de ses films ne serait satisfaisant. C'est un auteur hors-normes, hors-catégories, hors-concours, et souvent hors-budget aussi, un cinéaste d'envergure qui possède un univers visuel propre et a parfois les plus grandes difficultés à l'imposer. Il mérite toujours l'attention, et aucun de ses films ne se révèle à la première vision...

D'emblée, on est frappé de ce que Gilliam, au lieu de confier toute sa logistique à l'ordinateur, semble partir de la possibilité supposée infinie de la réalité virtuelle pour se lancer de nouveaux défis, voire de nouvelles difficultés: il est vrai que l'homme qui a dix ans durant essayé de tourner le même film malgré les faux départs (Son Don Quichotte) ne sait pas faire de cinéma simplement. Et The Zero Theorem est un film qui prend acte de l'existence de la réalité virtuelle, pour nous plonger dans un univers encore plus malade que le notre. Il l'a déjà fait pour Brazil et 12 Monkeys, qui parodiaient le monde existant pour en extrapoler les avenirs terrifiants, ce film suit cette continuité, tout en le faisant poliment: Gilliam reprend à Spielberg (Minority Report) l'idée d'une publicité interactive qui vous suit partout, par exemple, mais il va beaucoup plus loin: son héros est un homme, génie de l'informatique mais sociopathe aggravé, devenu incapable de la moindre interaction avec le moindre être humain, mais les gens autour de lui ne vont guère mieux: tout passe par l'informatique et le virtuel, de la commande d'une pizza à une consultation auprès d'une psychologue. Pire: les convives d'une fête dansent seuls avec des Ipods, portant des tablettes numériques dans leurs bras... Qohen (Christoph Waltz), dont le nom ne semble pas s'imprimer chez qui que ce soit (Son supérieur, David Thewlis, l'appelle Quinn) travaille pour Management (Matt Damon), le PDG mystérieux d'un groupe de communication obscur, et il a une mission délirante aux développements très peu compréhensibles. Surtout, il ne tient debout que par un seul espoir: il attend un coup de fil qui lui expliquera le sens de la vie...

Aliénation, philosophie et futur inquiétant, on est bien chez Terry Gilliam, qui tend ici à collectionner les allusions à son propre univers: le prophète malgré lui, l'homme dont la rébellion intime débouche sur des catastrophes collectives, l'univers parallèle fait de l'accomplissement poétique et égoïste d'un seul homme, l'aliénation par le rêve, et la folie de la science... Tout ça, et ce sentiment d'une humanité arrivée au bout d'une quête inutile, on l'a vu déjà dans on oeuvre. Un développement qui prend ici beaucoup de place, et qui semble fragmentaire tant il ne fait pas vraiment sens, est une drôle d'histoire d'amour un peu bancale avec une femme qui tient autant de la prostituée que de l'espionne, mais l'interaction entre les deux est la source de moments tous plus touchants les uns que les autres... Une fois n'est pas coutume, la jeune femme tombe le masque lors d'un bref moment, mais l'incommunicabilité du héros prend le dessus. En tout cas, en écho à un autre film (12 monkeys, bien sûr) dans lequel l'intrigue de science-fiction était tout à coup court-circuitée par une histoire d'amour inattendue, Gilliam laisse les sentiments s'installer, nous livrant des pistes à explorer.

Bien plus que l'étrange et mal foutu Imaginarium qui l'a précédé, et dont on sait dans quelles conditions difficiles il a été tourné, ce Théorème Zéro est bien un film typique de Terry Gilliam. Mais cela implique désormais des doutes, des difficultés, et une certaine tendance à laisser beaucoup au spectateur. A ce dernier s'il le souhaite de revenir au film et de remplir les combles de ce film exigeant, pas toujours facile, mais attachant. Un nouveau film livré "en l'état", forcément issu d'une série de compromis, et dans lequel une fois de plus des acteurs se sont livrés corps et âmes, certains avec un plaisir communicatif: Thewlis, bien sur, ou encore Tilda Swinton, en psychologue sur website, qui se lâche dans un rap inattendu... Christoph Waltz, quant à lui, est remarquable de bout en bout. Quant à comprendre le sens du film... Autant demander à des poissons d'expliquer le sens de la vie.

 

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Published by François Massarelli - dans Terry Gilliam Science-fiction
27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 16:50

La proximité du titre de ce film avec Cinderella (Cendrillon) n'a rien d'une coïncidence: Ella Cinders (Colleen Moore) est en effet le mouton noir d'une famille recomposée, une jeune femme délaissée, bonne à tout faire de ses bonnes à rien de belle-mère et belle-soeurs... La chance viendra de ce que son ami Waite Lifter, à la fois bonne fée et prince charmant, va lui permettre de faire: il l'aide à participer à un concours organisé par un sudio de Hollywood. Ella gagne, se rend à Hollywood, et... comme Mabel Normand dans The extra girl, de F. Richard Jones, doit faire face à une sérieuse déconvenue: le concours n'était qu'une escroquerie. Mais Ella, qui en veut, réussit à s'introduire dans un studio, et après avoir mis involontairement son grain de sel dans un ou deux tournages (Dont une scène hilarante avec Harry Langdon), se fait engager...

Inspiré d'un comic strip alors très populaire, le film est une démonstration des talents très dynamiques de Colleen Moore, qui se posait un peu comme un équivalent féminin des clowns de l'écran, en particulier Harry Langdon, dont l'apparition était rendu possible par le fait qu'Ella Cinders était une production First National, comme les films de la star de la comédie. Moore, dont le physique la rapproche de Lillian Gish (Ce qui explique le choix de l'actrice pour un remake parlant de The scarlet Letter en 1934), est une comédienne au sens Américain du terme, une femme qui utilise la plastique de son corps, son visage en particulier, pour véhiculer la comédie: on rit beaucoup grâce à elle dans ce film, riche en gags. Le plus célèbre est basé sur un trucage, pourtant: Ella, devant son miroir, essaie de travailler son regard pour apprendre à jouer la comédie, et louche de multiples façons. Il fallait l'oser... Pas sur qu'une Gloria Swanson, ou une Lillian Gish se seraient prêtées au gag! Et l'histoire du film, calquée sur celle de Cendrillon, avec une douce ironie, fonctionne aussi bien que lorsque le fameux conte est appliqué au canevas d'un mélodrame. Green, qui restera un metteur en scène à la Warner après que celle-ci ait absorbé la First National, fait très bien son travail, et Lloyd Hugues en jeune premier est parfait: du grand art Hollywoodien, quoi...

Ce film du coup est un classique, qui supporte bien plusieurs visions, et à chaque fois on est ébahi par le fait que décidément, Colleen Moore, qu'il s'agisse de faire rire ou pleurer, qu'elle se batte contre ses méchantes "soeurs", sa méchante belle-mère, un cigare ou un lion, est impeccable!

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926 Comédie **
25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 16:34
Shadow of a doubt (Alfred Hitchcock, 1943)

Celui de ses films qu'a longtemps préféré Hitchcock commence par une séquence qui utilise un motif qui reviendra: comme l'oeil d'un entomologiste, la caméra s'insinue à New York, visitant un quartier puis une rue, puis une maison, puis une fenètre, et enfin pénètre dans une chambre où un homme, allongé sur un lit, fume un cigare. A coté de lui, sur une table de nuit, des billets de banque... On reverra ce dispositif, plus fluide encore, à l'ouverture de Psycho. On va très vite savoir que Charlie Oakley (Joseph Cotten) est un tueur de veuves, un Landru moderne, et que la police est à ses trousses. Il échappe d'ailleurs de peu à une confrontation avec deux détectives. Il prend la décision de partir vers l'ouest ou il va visiter la famille de sa soeur. Hitchcock nous invite donc à le suivre à Santa Rosa, Californie, et nous présente la famille de "l'oncle Charlie": sa soeur, aimante et aveugle à la nature profondément noire de son petit frère chéri, le beau-frère Joe, un banquier modeste qui trompe son ennui en discutant de criminologie et de meurtre avec son voisin Herb, les deux petits Ann et Roger et surtout la nièce préférée, qui s'appelle elle aussi Charlie. Mais si l'arrivée de l'oncle tueur va bouleverser la famille, c'est surtout la jeune charlie (Teresa Wright) qui va le ressentir: en effet, elle va découvrir la vérité sur son oncle, un homme qu'elle a toujours vénéré, et grandir de façon spectaculaire par la même occasion.

Charlie et Charlie: dès leur introduction, Hitchcock lie les deux membres de la même famille en les présentant dans la même position, pris dans une étrange connection télépathique... Alors que son oncle est en route pour Santa Rosa, la jeune Charlie qui s'ennuie, seule allongée sur un lit comme l'était Charlie Oakley dans sa chambre à New York, finit par aboutir à la conclusion que ce dont la famille (Et elle en particulier) a besoin, c'est de son oncle Charlie, pour les secouer un peu... Au moment d'envoyer un télégramme pour le faire venir, elle apprend qu'il est déjà en route. Cette connection entre eux, est l'élément principal qui précipite le drame: s'il dit souvent que Charlie est "sa nièce préférée", l'oncle sait aussi que la jeune femme est la plus à même de découvrir la vérité sur lui. Elle va en attandant se rendre compte assez vite que l'homme est un misanthrope, et un misogyne qui justifie ouvertement le meurtre de femmes inutiles dans une conversation à table, qui devient glaçante par l'utilisation d'un travelling lent et très précis, qui se termine sur le visage terrifiant du criminel... La dualité entre les deux permet à Hitchcock d'explorer avec bonheur l'idée de l'intrusion du mal dans une famille Américaine aussi conventionnelle que possible (Certes, ils s'en défendent, mais ils sont de braves gens, un peu excentriques, mais comme il en existe des milliers). Un Charlie est-il l'équivalent d'une Charlie? La jeune femme découvre avec effarement la proximité du crime, qui va de pair avec sa proximité avec l'oncle chéri... qui va vite devenir l'oncle dangereux, puis un meurtrier qui menquera par deux fois de la tuer.

Dans ce qui est le prototype de ses films noirs à venir, d'une rigueur impressionnante, Hitchcock observe une ville entière se mettre aux pieds d'un homme tellement flamboyant, si beau parleur, si séduisant, mais qui est le mal incarné. Je ne pense pas qu'il y avaiat chez le metteur en scène une intention de dénonciation des idéologies extrémistes en vigueur en Europe (Même si le discours froid de l'oncle Charlie sur le fait de se débarrasser de vieilles dames inutiles, ou le plan qui voit le voyageur satisfait arriver et laisser toute sa famille courir devant avec ses valises, pendant que lui, l'homme supérieur prend son temps et flâne avec plaisir); il généralise, et fait de Charles Oakley le symbole du crime, qui nous est montré comme étant une possibilité dans des petites bourgades aussi normales et tranquilles que Santa Rosa: sans que personne ne s'en rende compte, le diable est arivé chez eux. Et quand il mourra, tout le monde le pleurera et lui fera même des funérailles en grande pompe, parce que dire la vérité, c'est admettre que le mal est partout, et ni la jeune Charlie ni son grand benêt de fiancé détective ne le souhaitent sans doute...

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Noir
21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 17:58

Restauré par le BFI, dont les techniciens ont fait ce qu'ils ont pu avec les pauvres copies en 16 mm qui restent de ce film, Easy virtue est l'un des films mal-aimés d'Hitchcock, et je ne parle même pas du public ici, mais bien du maître lui-même... Cinquième réalisation après The pleasure garden, The mountain eagle, g>The Lodger et Downhill, le film est une adaptation d'une pièce de Noel Coward, donc dès le départ un type de sujet qui n'attirait pas vraiment l'auteur, déireux de poursuivre la voie policière engagée avec The lodger en 1926; il conte les mésaventures d'une femme lâchée dans la jungle de la haute société Britannique après le scandale retentissant de son divorce: à l'instigation de son mari alcoolique et brutal, elle avait posé pour un peintre qui se confondait d'amour pour elle, s'était suicidé et lui avait légué sa fortune. Suite à la publicité malencontreuse autour de cette affaire, Larita Filton décide donc de changer de nom et d'horizon, et part se dorer la pilule sur la Côte d'Azur, ou elle ne tarde pas à rencontrer le grand amour en la personne d'un Anglais jeune, riche, beau, et célibataire. Ils se marient, et rentrent en Angleterre, où il sera bien difficile à Larita Filton (Isabel Jeans) d'affronter les effets pervers de la résurgence du passé.

Pas de crime ici, pas d'enquête: juste une culpabilité affichée, stigmatisante, pour une femme qui n'a rien fait que d'être désirée. Bien sur, on comprend ce qui a pu rebuter HItchcock a posteriori dans ce film (Ainsi que dans d'autres oeuvres Anglaises qui l'embarrassaient à la fin de sa vie): cette impression d'insularité, d'impossibilité pour le film d'avoir un sens réel à l'exterieur d'un contexte Britannique, est gênante comme l'est du reste souvent toute intrigue mélodramatique. Mais Larita est coupable aux yeux de la société, d'avoir inspiré le divorce, et de ne pouvoir faire rien d'autre que de provoquer à la fois désir et méfiance chez les hommes... Hitchcock, tout en remplissant son contrat (Le film est donc un mélodrame froid sans humour, situé en partie sur les rives ensoleillées de la méditerranée), offre quelques séquences personnelles, dont celle du procès qui ouvre le film, dans laquelle le cinéaste s'amuse à mélanger le temps présent et les flash-backs en cadrant sur un objet, en rebondissant sur une idée. Comme d'habitude, il sait à merveille inspirer chez le spectateur l'impression de palper la culpabilité, qu'elle soit réelle ou ressentie... Et il réussit une courte scène sur une idée géniale: une déclaration d'amour au téléphone nous est livrée par les réactions d'une belle standardiste qui entend toute la conversation. Nous savons ce qui se dit grâce à ses impressions qu'il nous suffit de lire sur son visage. Une belle idée, donc, et quelques minutes à sauver. C'est bien peu pour un film, mais c'est bien plus que ce que je sauverais de The Skin game ou de Juno and the paycock... Signalons par ailleurs que le film a fait l'objet d'un remake en 2008.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Muet 1927 **
19 octobre 2014 7 19 /10 /octobre /2014 13:41

Tenoch et Julio, interprétés respectivement par Diego Luna et Gael Garcia Bernal, sont deux jeunes Mexicains à l'aube de la vingtaine. Ils sont très copains, au point d'avoir un code d'honneur idiot mais auquel ils croient obéir, et ont semble-t-il surmonté une inégalité sociale: Tenoch est le fils d'un homme important et au bras long, alors que Julio vit seul avec une mère qui a du se battre pour leur vie quotidienne; au moment ou le film commence, leurs petites amies partent en Europe pour un séjour assez long, et les deux garçons s'apprêtent à passer un été à ne pas faire grand chose... Ils rencontrent à la faveur d'un mariage auquel ils sont tous deux invités une jeune femme, l'Espagnole Luisa (Maribel verdu) qui se trouve être l'épouse d'un cousin de Tenoch. Ils la draguent mollement, et lui parlent d'une plage mythique où elle pourrait découvrir toute la beauté du Mexique. C'est purement et simplement du baratin, mais quelques jours plus tard, elle rappelle Tenoch et lui demande de l'emmener vers cette plage, la "Bouche du paradis", dont ils lui ont vanté les mérites. Les deux adolescents partent donc pour un périple en voiture vers la mer, en compagnie d'une femme qui va leur apporter beaucoup, leur prendre un peu, et leur apprendre énormément sur eux-mêmes...

Un road-movie étant fondamentalement un film qui va d'un point A à un point Z en montrant des gens aller d'un point A à un point Z, on peut après tout considérer que le mouvement est l'essence du cinéma, c'est la raison pour laquelle je me tiens à l'écart de cette appellation; par ailleurs, ce film commençant par la vision de Tenoch et de sa petite amie, qui font allègrement du sexe sous nos yeux, va parfois d'un point A à un point G aussi; mais si il est vrai que Y tu mama tambien possède une dimension sexuelle et sensuelle assumée, ce n'est pas là on plus la principale caractéristique. Le film est en effet une comédie ensoleillée, dont le constraste le plus spectaculaire réside sans doute entre la santé et l'énergie des trois acteurs formidables qui l'interprètent, et la distance froide d'une narration qui interrompt souvent la bande-son (On n'entend plus rien, et après une seconde, la voix distanciée de Daniel Gimenez Cacho, l'acteur principal de Solo con tu pareja, resitue ce qui se passe sous nos yeux, assène froidement un développement futur de la situation ou des personnages, ou nous donne un angle différent de la scène en nous livrant la pensée ou les émois intérieurs des protagonistes)... Et si les personnages voyagent et passent du temps en voiture, ils semblent ne pas se soucier du décor, et à mon sens ils perdent quelque chose, mais j'y reviendrai.

Tenoch et Julio, les deux ados militants qui fument des joints et se cachent derrière des hymnes à la masturbation (Dont nous savons qu'ils la pratiquent parfois en duo, puisque nous les voyons le faire!) ou des serments d'amitié qu'ils ont déjà trahi, sont en effet aux portes de leur vie d'adulte, déterminés à poursuivre leur jeunesse aussi longtemps qu'ils le pourront. A ce titre, Luisa qui est mariée à un homme qui la trompe et qui n'a semble-t-il aucun intérêt, adopte elle aussi un point de vue hédoniste le long de ce voyage, assez rapidement déterminée à goûter avec une curiosité gourmande au fruit défendu d'expériences sexuelles avec ces deux jeunes hommes auprès desquels elle se sent bien. Elles prend même en main (Si j'ose dire) une partie de leur vie future, en leur donnant des conseils suite à des relations qui ne dépassent pas les dix secondes, pour l"un comme pour l'autre... Mais contrairement à eux, elle revient en arrière, et cache un secret douloureux qui, s'il nous est livré à la fin seulement, a été clair dès le départ: une visite chez le médecin pour recevoir les résultats de tests, une décision drastique de quitter son mari sur un coup de tête, et une fois la plage mythique trouvée (Mais oui!! elle existe, à la grande surprise de Julio et Tenoch...) Luisa va rester sur place... Elle est atteinte d'une maladie grave, et vit ses derniers moments. Une présence de la mort qui est relayée du début à la fin du film par des événements croisés par les jeunes gens insouciants, et il est vrai qu'au Mexique, la mort est partout, infitrée dans la culture depuis tant d'années que ni Julio ni Tenoch n'y font attention. Pour eux, la conclusion du film est amère, leur jeunesse meurt avec Luisa, ils n'y étaient pas préparés.

Et puis, forcément, il faut fouiller cette fameuse différence entre les deux héros, le fait que l'un soit d'extraction modeste, et l'autre un gosse de riche. Ils sont ensemble, mais pour combien de temps? Et le Mexique est-il un pays d'égalité, dans lequel une famille comme celle de Tenoch ouvrira tous grands ses bras à Julio? Le film nous renseigne à travers un grand nombre d'anecdotes: rencontrés à la fin, le pêcheur Chuy et sa famille, dont nous informe le narrateur, le destin ne sera pas rose, mais aussi tous les paysans, Indiens, habitants pauvres de villages traversés en route, complètent la vision impitoyable d'une société à deux vitesses, dans laquelle les riches reçoivent pour un mariage somptueux la visite du Président de la République, auquel ils donnent la place d'honneur, tout en vantant hypocritement sa largesse d'esprit... Et autour d'eux, Julio et Tenoch habitués ne remarquent plus, sur la route, l'omniprésence policière d'un pays corrompu, dans lequel Tenoch sait pourtant que son père n'est pas pour rien, lui qui a été obligé de s'installer à Vancouver pendant quelques mois afin d'éteindre l'incendie d'un scandale de corruption. Sans jamais le clamer haut et fort, Cuaron fait le procès d'un pays aux bords d'un totalitarisme larvé, et soutenu par une industrie, une vie politique, et une diplomatie corrompues...

Mais force reste aux personnages: après le passage de Luisa dans leur vie, Julio et Tenoch qui ont grâce à elle été jusqu'au bout de leur amitié, une extrémité qu'ils ne soupçonnaient pas, n'ont plus grand chose à se dire, et vont partir vers un autre destin. La fin apparait logique, ne s'épanche pas sur l'amitié perdue, sur les grands sentiments, tout comme les deux garçons ne savent pas quoi faire de la mort de Luisa, de la découvertes de leur attirance l'un pour l'autre, ni du changement politique amorcé dans le pays: ils vont se rendre à l'université, et partir vers de nouvelles aventures. Mais pas de misérabilisme dans Y tu mama tambien, ni de tragédie, le film reste un hymne à la vie... Aus rires de trois amis qui blaguent sur tout, boivent à leurs tromperies mutuelles (Le titre, "Et ta mère aussi", provient d'une scène durant laquelle les deux garçons révèlent qu'ils ont tous deux couché avec la petite amie de l'autre, et même pour l'un d'entre eux, avec la mère de son copain, ce qui n'est pas forcément vrai), leurs mensonges, et parfois même à leur médiocrité rigolarde! Cuaron les filme en pleine vie, privilégiant les plans-séquences du début à la fin, faisant confiance comme toujours à ses acteurs, et laissant le génial chef-opérateur Emmanuel Lubetzki mettre en boîte des images d'une beauté sensuelle, gorgées de soleil, des tableaux captés souvent caméra à l'épaule, tant il faut être mobile pour mettre en boîte les mouvements de ces trois-là; les nombreuses scènes des héros, en voiture, jouant à trois un ping-pong verbal de haute volée, sont autant de moments d'anthologie, au vocabulaire riche, inventif, parfois limite pornographique dans son lexique mais toujours pétant de santé dans ses images. On s'en souviendra longtemps, on y reviendra souvent: c'est un des meilleurs films de ce début de nouveau siècle.

 

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Published by François Massarelli - dans Alfonso Cuaron Criterion