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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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14 août 2023 1 14 /08 /août /2023 17:23

Caroline de Bièvre (Martine Carol), née un 14 juillet, ne se doutait sans doute pas qu'en laissant ses parents organiser son anniversaire (en fait un coup pour tenter de faire venir un prétendant pour leur autre fille, la disgracieuse Louise) en cette année 1789, qu'on se souviendrait de ce jour... mais pour bien d'autres raisons. Pourtant, si Caroline s'en souviendra longtemps aussi, c'est sans doute parce qu'à l'insu de tous, elle aura participé à la sieste de Gaston de Sallanches (Jacques Dacqmine)! 

Alors que la révolution gronde, rugit, part d'un côté puis de l'autre, c'est avec la plus grande des candeurs et la plus admirable des déterminations, que Caroline tente à la fois de survivre, mais aussi, au travers des aléas politiques, mariages, alliances de circonstances, mensonges, arrangements et péripéties, de retrouver et garder pour elle son Gaston, quitte à jeter occasionnellement sa dignité avec l'eau du bain...

C'est amusant, comme ce film aujourd'hui bien anodin (on y voit occasionnellement la plastique de Martine carol plus en détail, la belle affaire; on y parle aussi beaucoup de sexualité, le plus souvent à mots plus ou moins couverts), a pu scandaliser à son époque. L'église Catholique, qui s'est souvent mélée de critique cinématographique voire de censure... non, en fait jamais de critique cinématographique, toujours de censure, et pas toujours après avoir vu les oeuvres, s'est donc jetée sur ce film et ses deux suites (Un caprice de Caroline Chérie, et Le fils de Caroline Chérie, tous les deux de Jean Devaivre) et en a fait un cas d'école, le condamnant au bûcher. Ce n'est pas malin, ça l'a rendu incontournable!

Ca reste un aimable divertissement, fait avec soin, interprété avec goût, et sur le fil du rasoir entre du licencieux narquois et de l'aventure sans second degré... Martine carol y est excellente, d'autant que le personnage, une femme qui décide d'aller de l'avant en ne laissant jamais la vie la priver de l'amour et du plaisir, et en se foutant de la politique comme de l'an (17)40, lui ressemble sans doute un peu. On a évidemment beau jeu aujourd'hui d'y déceler une sorte d'esprit anti-républicain, mais si vous voulez mon avis, si on doit chasser le sentiment anti-républicain forcené, qu'on commence par interdire le Puy du fou et on verra après: ici, tout le monde, les deux camps, en prennent sévèrement pour leur grade... Et au moins Caroline Chérie ne prétend en aucun cas être une leçon d'histoire pour véhiculer une propagande politique nauséabonde.

 

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Published by François Massarelli - dans Martine Carol
14 août 2023 1 14 /08 /août /2023 08:56

Dunkerque, mai 1940: cernés sur la terre, les combattants français et britanniques n'ont plus que deux options: la reddition ou l'évacuation. Repliés sur Dunkerque, les Britanniques sont sur la plage en attendant les moyens de partir, et c'est la confusion...

Les Stukas (bombardiers en piqué) les attaquent régulièrement avec gourmandise, et au sol, les soldats et marins s'impatientent... Un seul bateau est présent pour les recueillir...

Trois soldats réussissent à trouver une embarcation, et tentent la traversée.

Un anglais d'âge mûr, accompagné de son fils et d'un autre adolescent, met son navire à la disposition de l'armée et fonce vers Dunkerque; en chemin, il récupère des soldats naufragés, dont l'un d'entre eux est déterminé à ne pas retourner sur la côte française.

Des pilotes de Spitfire font route vers Dunkerque pour couvrir l'évacuation. Auront-ils assez de carburant?

Les choix de Nolan lui permettent de couvrir beaucoup de situations et évidemment de croiser les éléments des différentes composantes du film, traité de façon aussi chronologique que possible. La question de la collaboration entre les français et les anglais est au coeur du film, et donne lieu aux plus importantes incopréhensions de la part du public... Il convient de rappeler que dunkerque, justement, a été longtemps la pomme de discorde entre une armée Française qui s'estimait trahie par les "Tommies" qui rentraient chez eux, et des Britanniques dont les ordres étaient assez contradictoires, ce que rappelle le film à travers un officier qui doit "interpréter" les ordres de Churchill, qui a aussi bien demandé qu'on rapatrie surtout les Anglais, que de laisser une chance équitable aux Français. 

Pourtant, c'est la confusion qui règne, et le système D pour tout le monde: ce soldat Britannique au début, seul survivant d'un bataillon, qui tente de s'insérer dans des files d'attente qui ne le concernent pas, ces Ecossais qui avisent un bateau isolé sur la côte, ou ce français qui réussit à se faire passer pour un britannique, mais ne parle pas la langue et provoque une émeute dans un des bateaux...

C'est souvent virtuose dans l'exécution, dans la gestion des moyens, et on applaudit la décision de tourner en 70mm, pourtant la sauce ne prend pas. En choisissant de tourner un film aux dimensions modestes (1h46, c'est notable à l'heure où n'importe quel blockbuster assume des dimensions épiques pour un oui ou pour un non), tout en couvrant un maximum de terrain, Nolan survole un peu trop le drame humain, mécaniquement et froidement, et semble presque retourner à The longest day... C'est donc un film qui a le mérite, au moins, de montrer une débâcle, ce qui n'est pas courant (Waterloo l'avait fait, et Blackhawk down aussi, mais peu de films sinon).

C'est aussi, au milioeu d'une production un rien agaçante, un film qui s'attelle à raconter l'histoire et en donner un point de vue à hauteur d'hommes. C'est déjà ça...

 

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Published by François Massarelli - dans Christopher Nolan
13 août 2023 7 13 /08 /août /2023 17:29

Le parcours de J. Robert Oppenheimer (Cillian Murphy), aurait déjà été complexe, et aurait fait un film académique dense: depuis des études brouillonnes mais prometteuses, jusqu'à la réalisation pour le gouvernement américain de trois bombes atomiques; d'une soudaine impulsion d'embrasser la carrière d'un spécialiste de la physique quantique, face à une incompatibilité forte entre lui et les laboratoires d'expérimentation, à une position plus nuancée, motivée en particulier par une culpabilité très forte; un parcours politique qui embrasse les causes nobles du siècle (guerre d'Espagne, la lutte contre le fascisme, la cause ouvrière) sans en épouser les dérapages; enfin, la figure du "père de la bombe atomique" est en porte-à-faux avec celle de cet homme aux sympathies de gauche, qui sans jamais avoir eu à se défendre dans un vrai procès, a quand même été éloigné de responsabilités auxquelles sa carrière lui donnait droit. Un homme qui a vu aussi le travail de sa vie (inventer un moyen ultime de gagner contre le nazisme) se faire quelque peu détourner à des fins qu'il a forcément fini par désapprouver.

La structure est donc complexe: une narration à la "Manuscrit trouvé à saragosse", donc en poupée Russe, mais compliquée par des décrochages chronologiques nombreux et permanents... Nolan reste un cinéaste cérébral qui souhaite (à tort ou à raison, ce n'est pas à moi d'en juger) assujettir son art cinématographique à une structure sensorielle, ainsi qu'à des données morales complexes. Ce n'est sans doute pas pour rien qu'il a présidé aux destinée de trois films avec le personnage de Bruce Wayne/Batman... Son premier film (Memento) racontait le brouillard à rebours d'un homme confronté à une situation morale qu'il ne pouvait comprendre, ayant une mémoire réduite aux cinq dernières minutes; Insomnia nous plongeait dans la bouillie sensorielle d'un policier qui, confronté aux nuits en plein jour d'Alaska, devenait incapable de dormir, et errait dans un état de quasi-veille permanente... je ne vais pas revenir sur l'insupportable Inception, on aura compris de toute façon que le réalisateur se joue, justement, des sensations et de leur rapport complexe à la réalité, un rapport toujours, finalement, relatif... Donc pour une fois, je vais réussir à dépasser mon agacement devant un cinéaste qui a trop souvent été vendu (et sur-vendu) pour ses vertus de spécialiste du casse-tête cinématographique (Tenet, Inception), mais qui prouve qu'il est d'abord un virtuose cinématographique, et qu'il peut utiliser cette virtuosité pour le meilleur...

Pour Oppenheimer, on pensera (un peu) à Citizen Kane de par la structure: le film est ancré sur deux moments tardifs. D'un côté, donc, la tenue d'une commission (1958 ou 1959) qui tente d'établir si Lewis Strauss (Robert Downey Jr) mérite ou non de devenir secrétaire au commerce dans un cabinet Eisenhower; de l'autre, une commission (1953) qui enquête sur Oppenheimer pour établir s'il faut ou non lui retirer son habilitation de sécurité, qui lui permet en particulier de naviguer dans les arcanes du pouvoir et le rend incontournable aux yeux du gouvernement, en matière de décision sur les armements nucléaires et au-delà; les deux événements sont liés par des allers et retours temporels, et occasionnent aussi, par les sujets qu'ils évoquent, des flash-backs sur les études, les choix, et la carrière d'Oppenheimer. Ceux-là sont, globalement, chronologiques.

Notons que le film fait usage aussi bien de la couleur (les épisodes à la première personne, en quelque sorte, tous ceux qui font intervenir "Oppie" et donc son point de vue), que du noir et blanc (les parties consacrées à une sorte de vision objective, ou à la troisième personne, notamment tout ce qui concerne les points de vue de Lewis Strauss, ou tout point de vue qui exclut Oppenheimer). Et il le fait sur pellicule, car tout le film a été tourné en 70 et 65mm, un parti-pris qui donne une incroyable beauté aux images, tant qu'à faire...

La structure du film incorpore aussi un grand nombre d'aspects liés aux sens, et au ressenti, d'où un grand nombre de décrochages dans des plans très courts, qui figurent la fission nucléaire, les explosions, les tremblements de terre, mais aussi le son des explosions, séismes et autres déflagratoins, réelles ou symboliques. Celles-ci sont parfois décrochées de leur représentation à l'image, comme ces étonnants bruits de pas, qui sont obsédants dans la bande-son, avant qu'on puisse comprendre qu'il s'agit de ceux des étudiants d'Oppenheimer qui manifestent leur joie à l'annonce de la caputulation du Japon, et veulent signifier leur gratitude au Physicien... L'usage du son dans ce film est, sinon révolutionnaire (tout a déjà été fait depuis 1929), en tout cas d'une rare inventivité...

D'ailleurs le son participe aussi du suspense en particulier dans les cinq minutes les plus importantes du film, celles qui sont consacrées à l'essai de Los Alamos, baptisé Trinity, le 16 juillet 1945: on a beau savoir, ce n'est pas l'issue de l'essai qui est posée comme l'enjeu, c'est le récit minutieux de chaque sensation, de chaque bruit ou de chaque silence, de chaque éclair, déflagration ou souffle qui s'est produit ce jour-là. Avant, la bombe n'existait pas, elle n'était que théorique. Après... tout devient possible, y compris ce qui ne sera jamais exprimé clairement, mais baigne la performance de Cillian Murphy jusqu'au bout du film, à savoir le sentiment de culpabilité d'Oppenheimer, d'avoir été à la base du massacre de plus de deux cents mille personnes...

Car Oppenheimer, c'est dit dès le départ et c'est souvent répété à l'intention des béotiens (dont je suis, je le confesse humblement) est un théoricien à la base, et le reste longtemps. Comme il le confie au Général Groves (Matt Damon), avant que la première bombe n'ait été testée, impossible de savoir si elle comporte ou non, le risque de décimer en un éclair toute l'humanité. Oppenheimer a basé sa vie entière sur ce principe: on ne peut pas mesurer toute conséquence, qui de fait appartient aux variables possibles... Et la culpabilité, d'ailleurs, en fait elle-même partie; cette situation, qui voit le passé revenir mordre les fesses du présent pour Oppenheimer lui-même, permet aussi à Nolan d'asséner sa vision de ce qui différencie le scientifique (homo scientificus intelligentsia) du politicien (homo neandertalis politicius) ou du militaire (australopithecus affligeanti militarius).

Le scientifique (Openheimer, Einstein) ne repose que sur des hypothèses, le politicien (Truman, qui traite ouvertement Oppenheimer saisi de remords de "pleurnichard", ou encore le très manoeuvrier Lewis Strauss) sur des opportunités, et le militaire sur des certitudes (généralement établies par d'autres, comme ça toute notion de responsabilité devient superflue). Comme le dit un soldat à Openheimer après les essais concluants: c'est bon on s'en occupe maintenant, vous pouvez rentrer chez vous... Pour Oppenheimer le théoricien, les conséquences ne sont que des possibilités. La notion de responsabilité ne peut être établie qu'après coup ou quand il est trop tard... ou presque: se rappelant que dans un geste de colère, il a empoisonné la pomme située sur le bureau de son professeur-tortionnaire, Oppenheimer se précipite avant qu'elle ne soit mangée... Pour le politicien anti-communiste, toute personne ayant montré un tant soit peu de sympathie à l'égard des idées de gauche, ne serait-ce que cinq minutes, doit immédiatement et sans faille être frappée d'indignité nationale. 

Sensoriel, donc, mais aussi narratif... De ce point de vue, le film joue sur trois terrains: les deux premiers sont l'histoire et l'opinion. Le troisième est la justice, et on a beau répéter du début à la fin de la narration, que ni Lewis Strauss ni Oppenheimer ne sont en procès, eux sont convaincus, et fort justement d'ailleurs, du contraire... Et justement, l'un des enseignements fondamentaux du film, à méditer dans le monde qui est le notre (mais c'en est aussi un reflet) est que la justice, donc, ne peut se contenter ni de l'histoire (ce serait pourtant bien pratique), ni de l'opinion (ce qui serait dangereux), et ne peut en aucun cas se baser sur un mélange des deux, et pourtant c'est ce qu'elle fait. Et c'est dangereux... voir ici le simulacre de commission qui va flétrir l'image d'Oppenheimer: une entreprise de relativisation systématique de tout ce qu'ont été sa vie et ses opinions (ainsi que celles de ses amis et de sa famille), basée sur les opinions d'autres personnes qui ne seront pas plus étayées, mais eux ne risquent rien, n'étant pas les cibles de l'opération... On verra tout du procédé, qui consiste à sortir au moment opportun toutes les petites turpitudes, les tromperies, les coucheries, les doutes...  Pour un effet maximum. Un simulacre de justice qui travestit l'histoire et qui est en passe de devenir la façon dont l'histoire est le plus souvent lue: Nolan nous en montre le mécanisme...

Donc non content d'étudier la disparité entre l'histoire, son exploitation par les politiciens et les militaires (ah, cette hydre communiste, qui ne veut plus rien dire! d'ici quelques années, ce sera le wokisme, qui lui même existe encore moins), et son ressenti parfois différent par les uns et les autres (un collègue d'Oppenheimer l'accable devant une commission, mais ensuite lui exprime un regret sincère d'une poignée de mains), Oppenheimer enquête dans le ressenti et fait sien le précepte Spielbergien, de situer le spectateur sur les lieux même de l'histoire, ou sur les sensations même de l'histoire en mouvement pour s'approcher au plus près de ce qui a sans doute été l'expérience de ceux quil'ont vécue (Lincoln, Saving private Ryan, Munich, Schindler's list, Bridge of Spies, The Post). Il le fait dans une narration épique, magistralement interprétée par un casting démentiel (Murphy, Emily Blunt, Matt Damon, Downey, Florence Pugh, Matthew Modine et même Gary Oldman en Truman, excusez du peu), en un film de trois heures mais qui ne cesse jamais de passionner, en brossant le portrait nuancé d'un homme qu'on accuse souvent (et comment donner tort aux accusateurs?) d'être le principal responsable de la mort des centaines de milliers de victimes d'Hiroshima et Nagasaki.

Un homme qui s'est aussi voulu le garant moral contre toute utilisation d'une bombe ultra-puissante à des fins non-dissuasives, de par son expérience. Un homme passé malgré lui d'une exploration des théories de la physique, à la douleur de son expérimentation... Il nous rappelle qu'en sondant l'histoire, en la montrant aussi, en questionnant la culpabilité et les notions de responsabilités face à l'histoire, il pose les jalons d'une morale essentielle, actuelle, et qui devrait donner des leçons à tous. 

Si seulement.

 

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Published by François Massarelli - dans Christopher Nolan
12 août 2023 6 12 /08 /août /2023 15:59

Après Zorro, après D'artagnan, Fairbanks passe à la légende de Robin Des Bois. Celui-ci est un mythe né au Moyen-Age, avec lequel l'histoire tend à se confondre depuis si longtemps, qu'on s'étonnerait presque des libertés prises par Fairbanks et son équipe, alors que c'est systématique: dernier en date, le film de Ridley Scott, tout en cédant à une certaine fore de réalisme, n'en est pas moins totalement faux sur bien des points historiques, relatifs à Richard et John, roi et prince, notamment. Mais à la vérité, ce qui fait le plaisir de confectionner un Robin Hood est ailleurs: si ce Robin qui fait partie de l'impressionnant cycle de films monumentaux de Douglas Fairbanks ne joue jamais la carte de la parodie, et installe définitivement un certain nombre de constantes graphiques, il y a beaucoup ici de plaisir de filmer les châteaux, de costumer les acteurs, de grimper aux rideaux et de bondir...

Mais Fairbanks, soucieux d'appliquer la recette de Dumas pour ses Trois mousquetaires, qui a longuement retardé l'entrée de D'Artagnan dans le corps des Mousquetaires, a ici résolu de créer un long prologue, expliquant par un contexte expliqué point par point durant 65 minutes la décision du comte de Huntingdon d'entrer en résistance sous le nom de Robin Hood. Et paradoxalement, c'est la meilleure partie du film! C'est là que Dwan et Fairbanks recréent leur moyen-age à eux, avec ses immenses châteaux, ses costumes, et des décors naturels superbes (Dont j'imagine que le Robin Hood de Curtiz les reprendra sans hésitation).

La deuxième partie du film vire assez rapidement au systématisme, et le personnage de Robin Hood une fois doté de ses oripeaux n'a plus rien à prouver, et bondit bien sûr dans tous les coins avec application, son seul enjeu étant de sauver Lady Marian (Enid Bennett, après quatre films en compagnie de Marguerite de la Motte) des griffes de l'affreux John... en augmentant l'échelle de ses films, Fairbanks a semble-t-il négligé de développer plus avant ses personnages pour qu'ils soient un peu plus que des pantins bondissant dans tous les sens... Il y reviendra avec le film suivant, qui le verra justement réfléchir à de nouvelles façons d'intégrer ses personnages dans les décors, en utilisant des ressources plus vant-gardistes, dont la danse. 

Mais ce Robin Hood énorme, avec ses châteaux en trompe l'oeil, est un e date importante, un film ambitieux qui semble à lui tout seul vouloir résumer les possibilités expressives des décors et des costumes au cinéma muet. Un spectacle autrement plus inéressant et qui contrairement au Puy du fou, ne tente pas de faire passer en douce un message réactionnaire derrière un pseudo spectacle historique.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Douglas Fairbanks Allan Dwan **
12 août 2023 6 12 /08 /août /2023 10:48

Professeure des écoles célibataire, Antoinette Lapouge (Laure Calamy) a une liaison avec un parent d'élève, Vladimir (Benjamin Lavernhe); il est marié... Donc à la veille des vacances, alors que la jeune femme fait des plans sur la comète, il lui anonce qu'il va se rendre dans les Cévennes avec sa femme et leur fille, et effectuer une randonnée à dos d'âne. Pour la bouillante Antoinette, c'est une invitation aux ennuis: elle se rend sur place et les attend... Mais un âne, ça ne se conduit pas tout seul...

Une situation, donc, mais aussi ds personnages. Ne manque plus qu'un décor, et des fois, l'évidence est là: énormément de plaisir à prendre donc, devant ce qui aurait pu virer à la farce boulevardière, le fiasco franchouillard, ou un drame sordide. Rien de tout ça, tant Laure Calamy a su trouver en permanence le ton juste, en vivant cette histoire de l'intérieur, mais sans jamais perdre du temps à apitoyer les foules.

Caroline Vignal a donc décidé que, bien sûr, les gens qui croisent le chemin de cette drôle de randonneuse qui n'y connait absolument rien, seraient particulièrement choqués en entendant le fin mot de son histoire. L'une des femmes qui comprend la situation s'en prend à elle comme à une voleuse de maris patentés, et une scène cruelle la voit s'installer à table dans un refuge, pour voir tout à coup toute la tablée la déserter...

Et comme l'épouse n'est pas dupe, il lui faudra une demi-seconde pour comprendre la situation, et il sera encore plus cruel d'apprendre qu'elle n'est qu'une des options e Vladimir, hors du "lit conjugal" désormais froid. 

Mais de toute façon, Vladimir n'est qu'un prétexte, pour nous faire découvrir un cheminement tendrement initiatique: le sentier choisi est celui du romancier Robert Louis Stevenson dont le voyage avec un âne dans les Cévennes a inspiré des générations de randonneur; pour la personne qui fait la randonnée pour la première fois, l'expérience va glisser vers une découverte d'elle-même, avec la complicité inattendue d'un âne, qui s'appelle d'ailleurs Patrick.

Et en choisissant, après la rencontre (grâce à Patrick, bonne fée du film) avec un beau jeune randonneur souriant, de laisser Antoinette partir vers le soleil (couchant ou levant, peu importe), Caroline Vignal glisse même une délicieuse allusion à un western et non des moindres, en reprenant pour son final la chanson interprétée par Dean Martin et ricky Nelson en duo dans Rio Bravo

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie
11 août 2023 5 11 /08 /août /2023 14:32

Paris (?)... Un homme (Eugen Klöpfer), abattu par la routine, est effondré dans un canapé, pendant que sa femme (Lucie Höfflich) s'active aux tâches ménagères dans leur intérieur exigu. Au plafond, tout à coup, des ombres fantastiques, projections de la vie de la rue, se font insistantes et l'homme ne résiste pas à l'appel du dehors... 

Un aveugle (Max Schreck) vit avec son petit-fils dans la misère. Quand l'aveugle sort, son petit-fils lui donne tout ce dont il a besoin (son chapeau, sa veste, sa canne) puis l'accompagne dehors. Il le guide...

Le premier rencontrera une prostituée, et des ennuis à n'en plus finir. L'autre, avec son petit-fils, verra sa vie basculer quand un incident le fera lâcher la main du petit... 

C'est un de ces films expérimentaux de l'avant-garde la plus remuante des années 20, celle du cinéma Allemand. L'idée de Grune était d'utiliser le cinéma pour représenter une nuit, à travers les déambulations nocturne d'un certain nombre de personnages. En une bobine, le film nous a présenté des types plus que des personnages, et rpose sur un certain nombre de clichés établis du cinéma, la grande ville/la rue comme tentatrice, fournissant plus de désir et d'ennui que de plaisir; les types dont il est question (bourgeois, prostituée, vieillard, etc) se comportent comme il est attendu d'eux dans le cadre d'une seule nuit, et l'histoire est contée avec un minimum d'intertitres (et non sans un seul intertitre comme il est souvent mentionné à propos du film, ainsi que de Der letzte Mann.

Le cadre est assez réaliste, dans l'ensemble, on est loin de l'expressionnisme de Caligari... Parmi les protagonistes, on reconnaîtra des habitués des films des grands noms de l'écran Allemand: Aud Egede-Nissen, qui passait de Reinert à Lang et de Lubitsch à Murnau; Max Schreck, le Nosferatu et un des conspirateurs des Finances du grand duc de Murnau; et enfin, Eugen Klöpfer est apparu dans l'un des rôles principaux de Terre qui flambe de Murnau.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1923 **
11 août 2023 5 11 /08 /août /2023 11:39

Donc, au début des années 30 (la datation est floue, mais on est dans ces eaux-là), le monde des sorcoers est en ébullition: l'UberWizard Gellert Grindelwald (...Mads Mikkelsen) est de retour, et il a décidé de déclarer une guerre sans merci contre ceux que les anglais appellent les Muggles, et les américains des No-Maj. Bref, les gens comme vous, comme moi, des humains quoi. Et comme de juste, la traduction en politique de ce fatras de remugles nauséabonds de la pensée magique, va porter Grindelwald aux portes du pouvoir (l'élection d'un leader supreme devant se tenir dans le monde de la magie), d'autant qu'il a tout fait pour avoir des soutiens, en particulier celui du ministre Allemand de la magie, Anton Vogel. Il y a des idées dans l'air...

Seuls ou presque pour tenter de déjouer les plans du fou furieux (qui sont à deux doigts de réussir), une troupe disparate: Newt Scamander, son frère Theseus, le muggle Jacob Kowalski, quelques autres magiciens, des créatures fantastiques, et surtout Albus Dumbledore, qui a fort à faire mais doit malgré tout garder ses distances; il a tant en commun avec Grindelwald, dont il partageait auparavant les idées et qui reste l'homme de sa vie. Un pacte imbécile passé par enchantement, l'empêche d'agir...

Le titre promet, et on a donc un certain nombre d'élements qui nous permettent de saisir un peu plus sur le deuxième plus fascinant personnage du monde d'Harry Potter... Pour découvrir le premier, sautez sur les sept romans de la série initiale. Dumbledore, interprété par Jude Law, est fascinant parce qu'il est beaucoup plus humain que cette figure paternelle (voire grand-paternelle) qui hantait les films de la série, plus que les romans; une sorte de grand schtroumpf amélioré, qui s'est réveillé sur le tard, parce que personne, je pense, n'avait compris le potentiel du personnage, et l'erreur avait été de se fier au point de vue des romans, qui était trompeur, puisque Harry Potter ne comprenait que tardivement à qui il avait à faire. Mais Law fait passer sans problème les ambiguités, la richesse du personnage. Newt Scamanderest fidèle à lui-même, personnage hésitant plus à l'aise avec les animaux qu'avec les humains, et on se réjouit qu'enfin Grindelwald soit interprété par un acteur compétent.

Oui, c'est méchant, mais que voulez-vous? J'assume. Et puis c'est trop facile aussi...

Sinon, c'est comme 'habitude, en un peu mieux que la dernière fois: une intrigue du plus haut ridicule, mais plus claire, des animaux merveilleux, dans un montage plus équilibré, et cette fois Yates a fait un effort pour demander à ses acteurs qui jouent les personages négatifs de ne pas nécessairement arborer les visages de personnes constipées. Vous n'avez pas remarqué? C'est tellement facile de repérer les ennemis d'Harry Potter, ils ont une sale tête, et ils croisent les bras de travers...

Manque Katherine Waterston, qui est réduite à un cameo, et... cette fois-ci il semble que la production ait décidé de fermer le ban. Sur un film distrayant, et souvent réussi: une séquence dans une abominable prison avec toute la panoplie (horreur, suspense, créatures rigolotes et expressio corporelle inattendue) a tout pour satisfaire le spectateur, qui une fois la fin venue, peut retourner à sa petite vie en oubliant probablement le spectacle qu'il vient de voir...

 

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Published by François Massarelli - dans Harry Potter
10 août 2023 4 10 /08 /août /2023 17:34

Tout commence à Brooklyn en 1957, lorsqu'un homme d'âge mur, Rudolf Abel (Mark Rylance) quitte son appartement miteux pour se rendre dans un parc et y peindre. Il y récupère discrètement un objet, car c'est un espion Russe. Mais il est arrêté au terme d'une surveillance sans relâche par la C.I.A. Une fois sous les verrous, son destin ne fait aucun doute. Un cabinet d'avocats informent l'un des meilleurs de ses ténors, Jim Donovan (Tom Hanks) qu'il a été choisi à l'unanimité pour représenter ce client inattendu. L'idée n'est pas, selon eux de gagner le procès, mais de montrer qu'aux Etats-Unis, tout le monde a droit à un avocat, y compris un espion. Donovan s'emballe très vite: il voit l'occasion d'adresser le sujet du devoir d'un espion, et entend éviter la chaise électrique à son client, d'une part parce qu'estime-t-il, il n' a fait que son devoir; ensuite, il pense avec raison qu'en cas d'arrestation d'un Américain à Moscou, le public souhaiterait certainement qu'il s'en sorte aussi. Enfin, Donovan pense qu'un agent Russe pourrait servir de monnaie d'échange dans le futur. C'est donc contre une opinion publique volontiers hostile qu'il se lance dans la défense de son client, avec lequel il sympathise d'ailleurs assez rapidement.

Pendant ce temps, trois événements vont se dérouler à l'Est qui auront des répercussions sur cette affaire: d'une part, un avion U2 de reconnaissance est touché par un missile,et le capitaine Powers (Austin Stowell), qui le pilotait, est capturé. Ensuite, le Mur de Berlin est construit, et l'Allemagne de l'Est durcit sa politique à l'égard de ceux qui veulent le franchir. Enfin, un étudiant Américain, Frederic Pryor (Will Rogers) à Berlin est arrêté, et soupçonné d'espionnage parce qu'il passait le mur avec sur lui sa thèse sur l'économie des pays de l'Est... Les Etats-Unis vont en effet avoir besoin d'une monnaie d'échange, et d'un négociateur qui ne soit ni un espion ni un agent du gouvernement. Donovan est donc le candidat idéal...

C'est toujours étonnant d'envisager une collaboration entre Spielberg, en mode David Lean bien sûr puisqu'il est ici question de souffle épique et d'Histoire avec un grand H, et les frères Coen... le script est pourtant bien signé de ces derniers, en collaboration avec Matt Charman. Je ne sais pas dans quelle mesure un tel script aurait pu être à un point ou un autre tourné par les deux frères. Mais l'idée n'est pas stupide, dans la mesure où ils sont passés maîtres dans un certain art du pastiche, et on retrouve un ton parfois sinon burlesque (Il ne faut quand même pas exagérer), en tout cas de comédie légère, avec en particulier l'interprétation de Tom Hanks en Jim Donovan. Il prend un plaisir certain et palpable à jouer ce père de famille décalé dans une situation d'espionnage, et dont les idées, parfois énoncées de façon un peu pépère, vont s'avérer contagieuses... Son rhume aussi, du reste: il ne supporte pas vraiment le climat hivernal de Berlin.

Le propos du film ne débouche pourtant pas sur la comédie. Spielberg aime questionner l'histoire et les comportements moraux passés, ce qu'il a fait avec maestria dans Munich, et surtout dans Lincoln. Il prend fait et cause pour Donovan, visionnaire dans un monde dominé par la peur irrationnelle de l'hydre communiste, celle-là même qui fait oublier à tout un joli paquet de démocrates les idées et l'idéologie de tolérance et de liberté qui fait d'eux des Américains. Ainsi, contre tous, il va défendre l'espion, et va négocier avec des gens d'en face. Spielberg ne le fait pas en homme convaincu de l'angélisme de Khrouchtchev et de son système: on voit avec Donovan lors d'un passage en train dans Berlin, les citoyens abattus froidement parce qu'ils ont tenté de passer le mur. Mais il montre le combat tranquille d'un juste, dans un monde recréé de manière impeccable et passionnante.

Le metteur en scène, comme d'habitude, nous donne à voir des choses que nous n'avons jamais vues, car c'est la marque de son cinéma. A ce titre, la seule séquence ouvertement virtuose de son film est la descente en plein vol de l'avion de Powers, qui débouche sur un suspense très accompli, et est vue du point de vue de l'officier abattu. Spielberg joue aussi avec le point de vue dans la séquence de l'échange sur un pont, qui donne son titre au film. C'est via le regard de Donovan que les agissements des espions d'en face sont aperçus. On se pose finalement les mêmes questions que les Américains: les Russes vont-ils remplir leur partie du contrat?

Mis en scène avec le savoir-faire et l'instinct qui le caractérisent (les séquences de filature au début, l'attentat sur l'avion... quelle maîtrise), le film questionne tanquiellement l'histoire en adoptant une narration sans faille. Avec son ironie adoucie par le traitement de la mise en scène, le film ressemble plus à du Capra (l'un des maîtres de Spielberg, il l'a souvent dit) qu'à un film des frères Coen. C'est en attendant une oeuvre attachante, profondément humaine, et qui nous présente une fois de plus un portrait d'homme ordinaire qui est amené à faire des choses extraordinaires. Presque malgré lui.

 

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg Joel & Ethan Coen
10 août 2023 4 10 /08 /août /2023 12:07

On tue un homme dans un tunnel... Sur une autre scène de crime, l'inspecteur Carrel (Louis Jouvet) est en train d'examiner une afaire qui démarre, celle de l'assassinat d'un avocat radié, mais on vient le chercher por voir l'homme du tunnel, car c'est son sosie. L'inspecteur va donc devenir l'escroc Vidauban pour résoudre cette autre affaire, et découvrir que les deux affaires sont liées...

Le film commence par un prologue assez étrange, dans lequel (comme ça se faisait beaucoup alors) on prend le spectateur pour un imbécile en lui expliquant que des histoires de double et de sosie, dans le cinéma, il y en a eu... On prend même pour exemple Copie Conforme, de Jean Dréville, avec Louis Jouvet! Comment pouvez-vous prendre ce sombre film noir au sérieux après ça? Il y a d'autres idées dans ce film, certaines saugrenues, d'autres qui marchent: l'influence est sans aucun l'ombre d'un doute le film noir "à l'américaine", mais le traitement est beaucoup plus bavard...

Louis Jouvet promène donc son génie dans une intrigue qui a deux défauts: elle est incompréhensible, et elle est trop riche. Du coup, on s'ennuie très vite ferme... Et cette manie de faire reposer les intuitions d'un policier génial sur absolument rien! 

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Published by François Massarelli - dans Noir
9 août 2023 3 09 /08 /août /2023 09:45

C'est un western contemporain: les chapeaux et chevaux des cow-boys, y croisent des voitures et la vie trépidante d'une grande métropole... Il est aussi assez difficile de le prendre au sérieux, tant les aventures de l'ouest y sont prése tées sous un jour léger... 

Dans une grande ville, le riche George Brooks (Frank Beal) couve sa fille Ellen (Kathryn McGuire) d'une tendresse bienveillante, mais elle se comporte tout de même en enfant gâtée. Elle s'affiche en permanence en compagnie d'un type interlope, Rodney Stevens (Frank Hilliard). Il serait même louche, et il en aurait après ses bijoux, que ça ne m'étonnerait pas... Brooks confie donc sa fille à l'un de ses employés, Tom Markham (Tom Mix), qui supervise son ranch en Arizona, avec pour mission de lui apprendre la vie en la bousculant un peu s'il le faut; Markham applique un traitement rôdé en jouant la comédie de la vie à la dure du grand ouest. Mais Stevens va profiter de la situation pour tenter de voler un diamant conséquent...

Côté pile, donc, un western-pour-rire, avec ses faux) indiens, une (fausse) attaque de diligence, et ses cow-boys (plus ou moins vrais). Côté face, une première moitié dans laquelle Tom Mix, en costume du dimanche (il a mis ses santiags à paillettes), se rend à Los Angeles où il doit déjà se battre dans les rues contre une mystérieuse bande... On sent que le film hésite, souhaite couvrir un large territoire tout en proposant beaucoup d'humour: un personnage décalé, un chauffeur de taxi qui est presque venu par hasard, fournit du gag au kilo...

C'est un film FBO, un tout petit studio qui avait récupéré Mix après son contrat Fox. FBO était un indépendant, dirigé par Joseph Kennedy (le père) à l'époque où ce dernier rêvait de devenir un important dirigeant de studio. C'est raté... A travers ce film parfaitement conservé (merci à la Bibliothèque du Congrès et à Lobster pour une restauration très efficace), on voit l'une des raisons pour lesquelles le western est tombé en désuétude, et s'est retrouvé durant dix années confiné aux tout petits films, à quelques exceptions près: hors les "grands sujets" des films qui avaient illuminé les années 20, The iron horse, The Covered Wagon, il n'intéressait pas un public avide de grands frissons épiques... Pas de petits westerns rigolos menés avec cascades et dérision.

Et sinon, grandeur et déliquescence, Kathryn McGuire, qui joue un rôle plus que générique de femme futile et écervelée, est l'ancienne partenaire de Buster Keaton dans Sherlock Jr et The Navigator...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1929 Western **