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31 mai 2023 3 31 /05 /mai /2023 09:18

L'entreprise InGen, qui a permis à John Hammond (Richard attenborough) de créer Jurassic Park, a échappé à son créateur, et le monde des dinosaures recréés menace de devenir un site encore plus touristique; mais Hammond, qui reste sur son idée initiale de faire appel au sens du merveilleux et voudrait rester en bonnes grâces auprès de la communauté scientifique, demande au docteur Ian Malcolm (Jeff Goldblum) d'aller sur place dans une île secondaire, avant que les hordes de chasseurs, ingénieurs et autres avocats, ne débarquent pour transformer les lieux en parc d'attraction. Leur mission? Observer les dinosaures dans leur habitat...

Une suite? Spielberg avait réussi à s'en abstenir, à l'exception de ses Indiana Jones, jusqu'à ce film. Quelle que soit la qualité du film, il était inévitable d'une part qu'on puisse accuser la chose d'être d'un flagrant opportunisme, d'une totale inutilité, et d'une certaine redondance. Le fait est qu'après Schindler's list on voyait mal un metteur en scène s'atteler à un "petit film de dinosaures". J'ai déjà souligné les paradoxes suivants: d'une part, Spielberg fait 1941 un jour, et Raiders of the lost ark le lendemain, en planifiant de réaliser E.T. plus tard. C'est un metteur en scène, attiré par toutes les possibilités du cinéma... D'autre part, sans Jurassic Park, Schindler's list ne se serait pas fait. Donc The lost world est pour Spielberg la possibilité de prolonger sa filmographie de deux ou trois films ambitieux qu'il rêve de faire, parmi lesquels Amistad, Saving private Ryan, et A.I.... Donc au doublé incroyable de 1993 (Jurassic Park suivi de Schindler's list), le réalisateur va ajouter un triplé impressionnant en 1997 - 1998, en faisant suivre son deuxième film de dinosaures de deux ambitieuses fresques historiques, les sorties s'étalant entre le mois de Mai 1997 et celui de Juillet 1998.

Donc maintenant qu'on se retrouve avec une suite, on y verra beaucoup de redites, des échos des thèmes déjà présents dans Jurassic Park, des moments qui sont hérités du roman Jurassic Park mais qui avaient été écartées (l'ouverture du film est claquée sur celle du premier roman, au lieu d'être inspirée du deuxième), et certains personnages reviennent... mais pas beaucoup. Si on ne verra pas les personnages de Sam Neill et Laura Dern (qui seront tous les deux, dans des proportions différentes, présents dans Jurassic Park III de Joe Johnston, Ian Malcolm (Jeff Goldblum) revient, et d'autres personnages viennent augmenter la donne, parfois de manière un peu plaquée, comme sa petite amie (Julianne Moore) et sa fille (Vanessa Lee Chester). Surtout, le film va explorer de façon importante un thème cher à Spielberg, qui était présent dans le premier film, mais devient central au deuxième: la famille. de même que les protagonistes sont les éléments d'une famille, aussi disparate soit-elle, les T-Rex du film sont un couple avec enfant, et la défense de leur cocon familial devient l'enjeu évident du film.

Spielberg reste Spielberg, et si le film est souvent un peu facile dans sa reprise des attractions du premier (un chasseur isolé qui se croit plus intelligent que les petits dinosaures va finir par se faire bouffer, un peu de la même façon que le hacker Nedry dans Jurassic Park, et un suspense est lié à la façon de chasser des vélociraptors, une fois de plus les stars du film), il y a aussi, grâce aux effets numériques, une chasse délirante qui fait intervenir hommes et dinosaures avec une diabolique efficacité, et surtout une séquence de suspense impliquant une petite fille, un camping-car de luxe, une falaise, et une paire de T-Rex.... Notons que le film est l'un des plus violents, voire impitoyables de Spielberg, aussi bien sur le suspense que sur la violence suggérée ou explicite. Le prologue, avec sa petite fille attaquée (hors champ, mais la réaction de sa mère après coup est sans équivoque) ne dit pas autre chose. Fuite en avant délibérée d'un réalisateur qui a d'autres films à faire, ou tentative de rentrer dans le lard de la censure?

Et il y a surtout, plus un écho au Monde perdu de Conan Doyle qu'à celui de Michael Crichton, une séquence durant laquelle un T-Rex sème la panique dans San Diego, qui pour moi renvoie autant au film d'Harry Hoyt (The lost World) adapté du roman de Doyle, qu'à King Kong. A ce sujet, d'ailleurs, on pense autant à ce dernier film, qu'à Nosferatu devant l'anecdote du vaisseau fantôme, dont tous l'équipage a été mangé par un T-Rex, ce bateau ayant été baptisé S.S. Venture, comme le bateau de Carl Denham qui ramènera le gorile géant dans le film de Schoedsack et Cooper... Et dans les deux cas, Spielberg semble au moins nous dire, tout ça c'est bien gentil, mais n'oublions pas que nous ne serions pas en train de faire ce film, sans l'animateur Willis O'Brien et ses poupées articulées de créatures fantastiques, sans les grands réalisateurs de ces films fantastiques...

Bref, on l'aura compris, comme toute suite, celle-ci affiche fièrement son inutilité. Mais elle le fait avec panache, et surtout avec sa dose de cris. car comme le dit Ian Malcolm, "Oooh, Aaah, that's always how it starts. then later there's running, and um, screaming".

 

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg Science Fiction
29 mai 2023 1 29 /05 /mai /2023 17:20

Oskar Schindler (Liam Neeson), un nazi arrivé à Cracovie durant la seconde guerre mondiale, se met toute l'intelligentsia Allemande locale (les nazis, et la SS) dans la poche, et commence à exploiter la main d'oeuvre bon marché des juifs du ghetto. Son argument, présenté à Itzhak Stern (Ben Kingsley), celui qu'il engage comme comptable: les ouvriers polonais sont chers... A charge pour Stern d'engager des juifs qualifiés pour peupler l'usine Schindler, qui fabrique des métaux émaillés (couverts, poêles, casseroles et plats)... Stern ne tarde pas à détourner à l'insu de Schindler le recrutement, pour permettre au plus grand nombre de juifs du ghetto de travailler et donc d'avoir plus de chances de survivre, qu'ils soient qualifiés ou non. Tout en faisant parfois les gros yeux à son comptable, Schindler laisse faire et finit par adopter la même conduite... Mais l'entreprise risque d'être mise à mal quand arrive un offificer SS, Amon Göth (Ralph Fiennes), dont la mission est claire: superviser la gestion du ghetto de Cracovie, semer la terreur, il a d'ailleurs carte blanche, et à terme liquider le ghetto, qui est transformé en un camp d'internement dont parfois des trains s'échappent à destination d'Auschwitz.

Dès le départ, après une courte introduction qui anticipe sur la dernière heure (et qui met en scène la fameuse "liste" du titre) Spielberg se focalise sur son héros, un homme qui a une prestance incroyable, et qui s'apprête pour sortir et aller à la rencontre des nouveaux maîtres de la Pologne. Il ne nous épargne aucun aspect de cette préparation, qui passe par l'élégance, le geste raffiné... et le choix assumé de l'opportunisme: Schindler accroche à sa veste un bouton marqué d'une croix gammée... Pourtant durant toute la séance la tête de Liam Neeson restera cachée, ne nous étant révélée qu'en deux temps, à la fin de cette séquence: il s'installe à une table de restaurant et parle au garçon qu'il arrose d'un billet pour qu'il l'aide à capter les grâces d'un groupe de nazis en uniforme. Quand on voit sa tête, il est frappant de voir qu'il ressemblerait presque à l'acteur Fritz Rasp ("l'homme maigre" du film Metropolis de Lang, un personnage ambigu, à la fois inquiétant et du bon côté). Ensuite, le petit personnel se demande qui est cet homme, vu à travers une vitre: dès le départ, Spielberg agit en virtuose pour guider le regard de ses spectateurs avec celui de ses protagonistes...

Le film a eu une longue histoire de pré-production, durant environ dix années. A l'origine du projet, un autre film qui ne s'est jamais fait, un projet de Poldek Pfefferberg, l'un des 1200 survivants de cette histoire authentique: il avait approché la MGM au début des années 60 pour développer un film épique autour du sujet, mais le studio, avec sa frilosité caractéristique, n'avait pas daigné donner suite. Les souvenirs de Pfefferberg ont ensuite alimenté un roman de Thomas Keneally, paru en 1982, Schindler's ark. C'est à ce moment que Spielberg a commencé à s'y intéresser, se jugeant encore immature et pensant qu'il avait sans doute besoin d'une dizaine d'années supplémentaires avant de s'y attaquer! Le projet est passé de mains en mains, et la liste des noms des réalisateurs qui ont été approchés, pressentis, ou se sont tout simplement déclarés volontaires, est impressionnant: Roman Polanski, Sidney Pollack, Martin Scorsese, Brian de Palma... Même Billy Wilder avait, un temps, désiré en faire son dernier film, mais son grand âge, et la décision de Spielberg de s'y atteler, avait eu raison de lui. On ne va pas comparer le résultat final avec Buddy Buddy, le vrai dernier film de Wilder sorti en 1981, ce serait déloyal...

L'un des aspects les plus spectaculaires du film, sans doute, lui est totalement extérieur. Spielberg a obtenu les quasi pleins-pouvoirs sur son film en acceptant le marché que lui faisait la Universal: réaliser un autre projet d'abord, qui promettait d'être particulièrement lucratif... La production de Jurassic Park a occupé Spielberg d'Août à la fin Novembre 1992; le tournage de Schindler's list a commencé le 1er Mars 1993, donc si on admet que Spielberg a forcément mis la main à la pâte, et pas qu'un peu, de la post-production de son film de dinosaures (impliquant de nombreuses scènes avec animation 3D, et autres techniques plus traditionnelles comme le stop-motion), c'est sans doute un homme fatigué qui est arrivé à Cracovie en Février. Le tournage a duré 92 jours...

Le film a été tourné en noir et blanc, dans un style qui renvoie au cinéma classique autant qu'au documentaire, et Spielberg a été moins directif sur la composition de chaque plan, s'efforçant d'obtenir des images "réelles", d'où un tournage éloigné des studios. Le noir et blanc a deux effets: d'une part, il est proche des images d'archive, une intention évidente de Spielberg. D'autre part dans le cinéma de 1993, il tranchait singulièrement, accentuant le côté "fiction", ce qui allait être reproché à Spielberg, notamment par Claude Lanzmann, le réalisateur du documentaire Shoah. En choisissant pourtant le point de vue de Schindler, et en prenant souvent une distance d'historien avec les événements qui sont filmés (le plus notable étant la liquidation du ghetto, une séquence aussi épique qu'éprouvante), Spielberg a pourtant fait un choix crucial, celui de traiter de la Shoah et de ses à-côtés comme un drame humain et non une manifestation religieuse du destin, qu'on n'aurait la possibilté d'évoquer qu'avec la parole.

Parfois il sort de son choix "documentaire" pourtant, en particulier avec un code de couleurs qui est hérité du cinéma muet, des inserts de couleur dans l'image pour deux séries de séquences: d'une part, Schindler est témoin du massacre de Cracovie, et voit une petite fille qui tente d'échapper aux SS, et son manteau rouge est souligné par des couleurs appliquées probablement de façon numérique. Le manteau rouge, symbole d'un crime vu et su, mais contre lequel on n'a rien fait, revient ensuite occasionnellement, comme pour incarner la mauvaise conscience de Schindler. Sinon, des bougies qu'on allume quand Oskar Schindler autorise ses ouvriers à pratiquer un rite religieux, bénéficient aussi de la couleur comme un symbole du retour de la vie...

L'approche documentaire combinée avec le sens aigu de la narration du réalisateur, son don inné pour le suspense et le talent singulier du chef-opérateur Janusz Kaminski (qui a depuis travaillé sur tous les films de Spielberg) font merveille dans des scènes qui s'impriment au plus profond de son oeuvre: la fin du ghetto, déjà mentionnée (un quart d'heure de film), certaines vignettes comme le petit garçon caché dans les toilettes, la vue depuis la "villa" d'Amon Göth qui pour tromper son ennui s'entraine au tir en dégommant les prisonniers à coups de fusil, la "neige" sale, en fait des cendres qui proviennent d'un charnier, transportées par le vent... On a fait grand cas d'une scène située à Auschwitz, où des ouvrières de Schindler sont transportées par erreur, et menées aux douches. La séquence distille un suspense que je n'hésite pas à qualifier de malsain, mais que je me refuse à reprocher aux auteurs du film: en suivant les infortunées ouvrières, qui seront d'ailleurs libérées ensuite, jusqu'à un endroit où on sait qu'on y pratiquait une ignoble liquidation, permet d'aller au bout d'une représentation fictive des circonstances de la Shoah, sans aller jusqu'au bout d'une visualisation de l'innommable. En d'autres termes, Spielberg dans son film va montrer jusqu'où le cinéma peut aller: d'ailleurs, après leur passage par une douche, les femmes savent que la fumée incessante qui sort des grandes cheminées est produite par des corps qu'on brûle. A l'heure où tant de fâcheux font leurs choux gras d'une remise en cause de la solution finale, il est nécessaire de se donner tous les moyens de la raconter et de la rappeller...

Il utilise aussi à merveille les anecdotes et les événements qui concernent les personnages qu'il a introduits (tous modelés d'après d'authentiques "Juifs de Schindler"), et parfois utilise le suspense, l'un des ses traits les plus marqués: ainsi quand Amon Göth, sous l'influence de Schindler, pardonne à un enfant juif qui est venu nettoyer sa baignoire, et qui n'a pas réussi à la récurer à fond, nous voyons le gamin quitter la maison, puis Göth seul commence à réfléchir sur son acte de bonté... Et à la fin nous voyons l'enfant de dos, quand Göth commence à tirer dans sa direction.

Le film évoque donc une anecdote, c'est vrai qu'au regard des six millions de victimes juive de la solution finale, et des quatre millions d'autres victimes, les 1200 "Schindlerjuden" (Juifs de Schindler) sont une goutte d'eau. Mais la façon dont un homme, essentiellement un arriviste et un opportuniste auto-déclaré, nazi par prudence autant que par opportunisme, va se transformer en un sauveur, est une histoire fantastique. Une histoire qui contient son taux d'échec aussi, comme le montre le film: après avoir accumulé une fortune en exploitant des ouvriers juifs, Schindler va dépenser ce pactole en une tentative de sauver le plus grand nombre, et la fin le voit s'écrouler: il n'en a pas sauvé assez, dit-il...

Reprocher comme Claude Lanzmann l'a fait de replacer la Shoah dans la fiction est à mon avis une erreur, à plus forte raison à une époque où d'un côté les salauds de toutes espèces mettent en doute la solution finale, et d'autres estiment que la Shoah est un prétexte usé jusqu'à la corde dont les juifs abusent. Spielberg a mis beaucoup de lui même dans ce film, et l'a réalisé en partie pour se reconnecter à ses racines juives, mais il l'a aussi fait en laïc, avec le souhait de donner à voir (toujours ce mot d'ordre chez Spielberg, l'homme-cinéma par excellence) l'histoire pour tout le monde. Et ce film est à rapprocher de ses grandes épopées (dans la lignée de celles qui étaient déjà sorties à cette époque, The color purple et Empire of the sun), qui ont toutes du reste beneficié du même soin, même avec des approches différentes. Pourtant l'approche documentaire révélée par Schindler's list fera des petits dans l'oeuvre du réalisateur: Amistad, Saving private Ryan, Munich, mais aussi War of the worlds ou West Side Story bénéficieront d'une approche assez similaire.

En choisissant de passer de sa relative fiction à un final (en couleurs) qui montre les survivants déposer une pierre sur la tombe d'Oskar Schindler, Spielberg ofre une conclusion lyrique (qui trouvera un écho cinq années plus tard dans Saving private Ryan) mais le générique se déroule sur un chemin pavé qu'on a vu dans le film: le camp qui remplace le ghetto de Cracovie après son démantèlement peut s'accéder grâce à ce passage de pavés, mais ces pavés sont des pierres tombales. Une fin appropiée pour ce film qui raconte un épisode clé, émouvant, et inattendu de la Seconde Guerre Mondiale, et qui montre comme seul Spielberg sait le faire ce qu'habituellement on ne montre pas ou qui est indicible. Donc un film indispensable? Ca oui. Et un film qu'il faudrait remontrer...

 

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg
29 mai 2023 1 29 /05 /mai /2023 09:06

Ally (Alison Brie) est une créatrice et présentatrice d'un reality-show, qui est sur le déclin. Quand elle apprend que le réseau qui l'accueille s'apprête à l'annuler, elle décide de faire ce qu'elle n'a pas fait depuis longtemps, rentrer chez elle à Leavenworth, état de Washington, d'où elle était partie pour Hollywood avec des rêves exigeants: devenir documentariste. Sur place, elle va voir sa mère (un peu), et surtout Sean (Jay Ellis), son ancien petit ami, avec lequel le charme agit toujours. Sauf qu'il s'apprête à se marier. Ally décide de jouer le tout pour le tout et de profiter du mariage pour le reconquérir.

C'est le principal noeud à problème du film, en fait: l'idée que cette reconquête d'un amour passé puisse être effectuée lors du mariage est quand même gonflée, mais le film est particulièrement atypique, dans un genre miné par tellement de conventions qu'il en est devenu souvent insupportable. Dave Franco, dont c'est le deuxième film, a volontairement placé sa comédie sentimentale dans la lignée des films des années 80 plutôt que de cocher toutes les cases du genre actuel: sage décision. Car Somebody I used to know, porté par Alison Brie (qui est exceptionnelle de naturel) en devient profondément original, finalement, centré autour du point de vue et de la vie de l'autre femme, celle qui va tout faire pour empêcher un mariage. 

Mais surtout, on y verra que des fois, le problème dans un triangle amoureux de ce type, ce n'est pas "l'autre femme", justement, mais bien l'homme lui-même, objet de toutes les convoitises. En rencontrant Cassidy (Kiersey Clemons), la fiancée de Sean, Alison se pose en rivale, avant de voir qu'elle a beaucoup en commun avec elle. ...Ce qui lui permettra de constater qu'en épousant Cassidy, Sean revient à un schéma qui renvoie à leur relation passée: Cassidy est une musicienne avec des rêves de tournée, tout comme Ally était aspirante réalisatrice. Ally a du rompre pour accompir son rêve (plus ou moins, puisqu'elle a perdu son objectif en route) là où Sean demande justement à Cassidy de briser sa carrière pour rester avec lui.

Souvent loufoque, d'un ton légèrement (mais pas trop) décalé, rempli de personnages attachants, et mené par une actrice dont on savait déjà à quel point elle était versatile, c'est une petite halte atypique qui fait plaisir. L'équipage Brie-Franco me paraît être une équipe à suivre.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Dave Franco Alison Brie
28 mai 2023 7 28 /05 /mai /2023 17:10

Passons un peu de temps avec ce qui apparait souvent comme le film-popcorn le plus totalement vide de sens de toute l'histoire du cinéma, le bien fait mais aussi le plus décérébré des films-jouets de l'oncle Spielberg. On ne va pas s'attarder à raconter l'histoire, ni proférer des stupidités sur l'efficacité ou non des effets spéciaux ou de l'animation 3D. L'intrigue est passe-partout et permet essentiellement une spirale de l'incident, grâce à la simultanéité de deux facteurs: dans le "Jurassic Park" en pleine finition, le milliardaire John Hammond a convoqué des scientifiques qui cautionneront son projet fou de recréer des dinosaures par clonage d'une part, et d'autre part l'un de ses informaticiens sabote le parc le temps de partir avec des tubes contenant des cellules-souches pour créer d'autres dinos, qu'il va vendre à des compagnies véreuses. La rencontre des deux facteurs est bien sur l'idéal pour faire en sorte que les bébêtes trouvent en leurs visiteurs un confortable garde-manger...

Donc, le film est notable pour un certain nombre d'aspects, et pour commencer, avec son parc-dans-le-film, Spielberg rend possible pour la première fois à ma connaissance la présence visible à l'écran des objets de merchandising qui vont réellement être proposés au vrai public lors de la sortie triomphale du film, lors de scènes situées dans les boutiques encore fermées du parc... Un monument de cynisme selon les uns, une amusante mise en abyme selon les autres. Il explore aussi, même si en mineur, un thème qui était déjà présent de façon éclatante dans The last crusade: la paternité, à travers les complexes de Sam Neill face à tout ce qui a moins de dix ans, et bien sûr il doit passer des heures seul à seul avec des enfants... La cellule familiale fragile et excentrique, thème Spielbergien habituel, passe ici par de nouvelles variations avec les humains qui sont regroupés et séparés au gré des évènements. L'éclatement du groupe, avec ses nombreuses variations face à tous les dangers, est un thème fréqent chez Spielberg, et il l'explore avec une grande gourmandise ici.

Sinon, bien sûr, le suspense de Jurassic Park est une nouvelle preuve de la maîtrise de Spielberg, mais qui en douterait? La construction rigoureuse de fameuses scènes ici, est une nouvelle occasion de réjouissances, de l'introduction magistrale du T-Rex à la magnifique scène de la cuisine, qui additionne deux enfants et trois vélociraptors... Et Spielberg continue de faire sienne en la perfectionnant la philosophie cinématographique d'Hitchcock, qui place la vision et le fait de faire voir aux autres au coeur du processus cinématographiques. A ce titre, la scène dans laquelle Jeff Goldblum, Sam Neill et Laura Dern découvrent les dinos est impressionnante, dans la façon dont le metteur en scène nous fait attendre longuement la révélation en nous permettant d'anticiper la vue par le biais des réactions de ceux qui voient... Il nous montre, littéralement, les différentes étapes de la découverte et de l'émerveillement, en ajoutant un important facteur de suspense pour le spectateur qui n'a qu'une seule hâte, qu'on le mette aussi au parfum.

Le film est aussi, dans la carrière de Spielberg, l'un des plus durs avec les nerfs de son public: comme le font remarquer les scientifiques, Man creates dinosaurs, dinosaurs eat man... La contruction des péripéties ici fait sans doute écho à une soif du public pour les sensations fortes, elle a aussi comme immense avantage de créer un équilibre bienvenu dans l'entreprise, entre merveilleux, humour, suspense, horreur... et caca. 

car enfin Jurassic Park restera aussi dans l'histoire comme la plus grande collection de scènes dédiées aux fluides corporels de toute l'histoire du cinéma mainstream... De la fameuse scène durant laquelle Laura Dern enfonce son bras d'une main experte à l'intérieur d'une gigantesque pile des excréments d'un triceratops malade afin de déterminer la cause de son mal, jusqu'à cette scène particulièrement osée durant laquelle une jeune adolescente effarouchée tente de caresser le cou oblong d'un brachiosaure et se fait glorieusement éternuer dessus, en passant par la réaction d'un avocat devant l'apparition d'un T-Rex, dont la vision le fait se réfugier dans les toilettes... Mais la bestiole, d'ailleurs, n'est pas bégueule, puisque l'avocat va se faire bouffer. Tout ça n'est sans doute pas très sérieux, certes, mais au moins Spielberg, qui avait sans doute la tête ailleurs durant le tournage des scènes avec acteurs (Il préparait Schindler's list), s'est certainement beaucoup amusé... Moi aussi.

Et la façon dont ce film, commencé avec un principe de réalité (que le maximum de bestioles soient faites avec des moyens tangibles, donc animatronique, stop-motion, etc...) a dévié vers la révolution numérique, changeant une bonne fois la face du cinéma, est aussi un rappel qu'on peut changer le cours des choses avec parcimonie et le résultat est sans appel: on y croit. Pas parce que c'est de l'animation 3D, mais parce que le numérque a été utilisé afin de compléter l'univers de marionnettes, au lieu de s'y substituer...

Reste une intéressante ironie: si Spielberg croyait au film et avait souhaité le faire, il était aussi engagé sur une autre production folle, celle de Schindler's List, le film qui lui rapporterait d'ailleurs l'Oscar pour 1993. Il n'a pas désiré établir de hiérarchie entre les deux, ce qui est noble. Mais je pense qu'il y  a fort à parier qu'il ait considéré le deuxième film (incidemment, sorti quelques semaines seulement après le précédent) comme son ticket pour la postérité; mais aujourd'hui, les jeunes ne connaissent pas Schindler's list, qui ferait sans doute partie, à leurs yeux, des espèces disparues: un film historique sur la solution finale, en noir et blanc, qui fait plus de trois heures? 

Non, pour nos adolescents, la postérité, c'est Jurassic Park. C'est comme ça.

 

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg Science-fiction
27 mai 2023 6 27 /05 /mai /2023 11:26

Déjà responsable pour partie d'une adaptation d'un récit de James Oliver Curwood, Back to God's country, l'année précédente, Hartford récidive, toujours sous la supervision de Curwood, avec un film qui reprend beaucoup de la recette... Mais sans l'actrice nell Shipman.

Dans le grand nord Canadien, en pleine forêt, un drame se joue: alors que Nanette Legrand (Betty Blythe), la fille d'un pionnier malade, attend le retour de son fiancé Raoul (Lon Chaney), le principal employeur de la région décide de céder au caprice de son fils, qui veut épouser la jeune femme. En tout cas, il la veut, tout court, et il est prêt à tous les stratagèmes, y compris à prétendre avec un copain que ce dernier aurait assisté à la mort de Raoul... La mort dans l'âme, elle se résigne à épouser l'affreux rejeton (Francis McDonald), mais c'est le moment qu'a choisi raoul pour revenir...

Il va y avoir de la bagarre en effet, et Raoul tuera involontairement un des hommes qui lui ont fait du tort, permettant l'irruption dans l'intrigue d'un officier de la police montée (Lewis Stone): amoureux de Nanette, lui aussi, mais au moins c'est un brave homme... Outre la police montée, absolument toutes les cases attendues sont cochées, à l'exception de la neige, qui jouait un rôle spectaculaire dans Back to God's country: cabanes en rondins, grands lacs, canots d'inspiration amérindienne, ours, mocassins, chemises à carreaux... Lon Chaney joue un rôle relativement secondaire qui donne parfois l'impression d'avoir artificiellement gonflé au montage, ce qui nous rappelle qu'il était en pleine ascension...

Betty Blythe n'est pas Nell Shipman, et elle n'a pas un rôle très gratifiant: d'une part elle qui était habituée aux rôles "historiques" (les guillemets ont leur importance) et aux costumes (et parfois absences de) de reines antiques, est assez peu crédible en fille de la forêt, mais elle a au moins une scène dans laquelle elle prend en main son destin et c'est sans doute le meilleur moment du film, qui pour le reste est du mélodrame sans grande imagination, qui tend à répéter la formule du film cité plus haut... Lon Chaney, quant à lui, est d'ailleurs peu convaincant en brave trappeur, avec, je tremble de l'écrire, un sourire niais: un personnage fade qui reviendra dans The Trap.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1920 Lon Chaney *
26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 22:06

La famille et la difficulté d'être père: LE sujet de Spielberg? Après tout, Jaws, Close encounters, Indiana Jones and the temple of doom, Jurassic Park, The Lost World, et The War of the worlds (plus ceux que j'oublie) parlent essentiellement tous de cette difficulté, dont Spielberg a publiquement reconnu qu'il s'y retrouvait... Une obsession thématique, donc, en bonne et due forme, que le cinéaste a décliné de film en film, au milieu d'un tas d'autres. Et Hook, reprise de Peter Pan avec une variation en forme d'actualisation, promettait de s'y remettre.

Donc Peter Pan, littéralement un éternel gamin, a pourtant grandi et laissé la vieillesse prendre le pas sur le reste, au point qu'il a tout oublié. Adopté, devenu Peter Banning, il a fini par se marier, et avoir deux enfants. Et maintenant, c'est un pur produit du privé, rivé à son téléphone cellulaire, et il néglige ses proches, soit ses deux enfants Jack et Maggie, son épouse Moira, et "grand-mère Wendy", la grand-mère de Moira, qui l'a recueilli quand il était enfant... Il faut que quelque chose se passe pour tirer Peter de ce mauvais pas.

Je découvre ce film, dont j'ai souvent lu l'argument avec une grande dose d'incrédulité... une fois vu le film, et c'est bien le problème, c'est toujours pareil, tout se passe comme si le script, ou l'idée principale, parfaite pour utiliser l'homme-enfant Robin Williams, était purement et simplement une mauvaise idée, pour faire un film, certes soigné, mais défectueux. Une histoire qui ne fonctionne pas (il faut que Peter Banning réveille le Peter Pan qui est en lui pour retrouver l'accès à ses enfants, et se retrouver dans la situation où il n'aura plus qu'un désir: rester un enfant!) et le film se noie dans l'excès... Excès de saccharose, de décors, de détails, de gens qui passent et qu'on reconnaît ou pas, dont Phil Collins et David Crosby, et excès tout court de Robin Williams et Dustin Hoffman.

Paradoxalement, le meilleur du film est à trouver dans sa lente, patiente (voire parfois un peu trop didactique) exposition, dans la confrontation oarfois embarrassate de l'adulte Peter Bannin a des bribes dun monde qu'il a totalement mis de côté dans ses souvenirs. Le but principal de cette exposition étant d'amener le spectateur à la féérie qui 'ensuit (et que, voir plus haut, je trouve totalement excessive), c'est quand même un peu embêtant. Mais voilà, Caroline Goodall en Moira Banning (l'épouse), Maggie Smith en grand-mère Wendy, et même Robin Williams sont très bons, ce dernier étant plus convaincant en quadragénaire obsédé par ses opérations financières, qu'en Peter Pan...

Et je pense que Spielberg, qui s'est empressé d'aligner ensuite les films importants, a bien du se rendre compte que celui-ci était...

Raté.

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg
22 mai 2023 1 22 /05 /mai /2023 15:57

Ossi (Ossi Oswalda) est la fille du très puissant et très riche magnat Américain de l'huître (Victor Janson). Apprenant qu'une autre gosse de riches a réussi à se marier avec un noble, elle fait un gros caprice. Son père visite un entremetteur qui l'aiguille vers l'authentique prince (désargenté) Nucki (Harry Liedtke). Avant de se prononcer, Nucki envoie son valet (Julius Falkenstein) en reocnnaissance, mais Ossi est tellement impulsive qu'elle le prend pour Nucki, et... l'épouse sur le champ.

Ce film fait partie d'une série d'oeuvres de Lubitsch qui étirent la comédie vers le grotesque de façon prononcée, la meilleure étant probablement Die Puppe, également avec Ossi Oswalda. Si le grotesque dominait, il n'était pas compliqué de voir dans cs oeuvres un reflet du monde contemporain, et cette Princesse aux huîtres, est beaucoup plus Berlinoise qu'Américaine!  Lubitsch, à travers le puissant Américain, se paie assez gentiment la tête des nantis de tout poil, et s'amuse à leur oppose un prince sans le sou qui partage sa chambre de bonne avec un valet.

Mais derrière la façade du grand n'importe quoi, il commence à expérimenter avec une comédie beaucoup plus raffinée qu'il n'y paraît, en profitant des décors très géométriques (dont il s'amuse en nous montrant Falkenstein qui patiente tant bien que mal en improvisant des pas de danse sur les motifs grandioses du carrelage) de Rochus Gliese et Kurt Richter... Il transpose cette géométrie à sa propre ise en scènes, préfigurant les mondes clinquants des cours de pacotille dans lesquelles il situera tant de films des années 30; il effectue même un brouillon loufoque de sa danse endiablée de So this is Paris. C'est plus qu'une curiosité, donc: comme une sorte de comédie en totale liberté, par un metteur en scène qui se situe d'emblée à l'écart de toute allusion au chaos de l'Allemagne de 1919...

 

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Published by François Massarelli - dans Ernst Lubitsch 1919 Muet **
21 mai 2023 7 21 /05 /mai /2023 13:51

Dans les belles provinces du Canada, un certain nombre de pilotes licenciés se font une concurrence acharnée pour transporter vivres, biens et personnes depuis les grandes villes jusqu'aux rivages des lacs... Mais Brian MacLean (James Cagney) casse tellement ses prix et est tellement rapide qu'il provoque un ressentiment particulièrement vivace chez ses concurrents. Ce sont les mêmes, pourtant, qui vont s'allier pour tenter de se faire enrôler dans l'armée Canadienne, afin de prêter main forte à l'effort de guerre...

Tout ce qui précède n'estque folklore, ce film est surtout l'histoire de quatre ou cinq fiers à bras à la date de péremption un peu passée qui veulent absolument remplir leur devoir patriotique. Le technicolor resplendit, et le film oscille entre scènes de camaraderie un peu forcée, frasques généralement malhonnêtes de James Cagney, démonstration de la décence générale de l'armée (air connu) et propagande pure et simple. Il sera beaucoup question de sacrifice, ici, jusqu'à l'obsession, et on constate que Michael Curtiz, même en piltage automatique, fait quand même bien son travail... Pas plus.

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Published by François Massarelli - dans Michael Curtiz James Cagney
21 mai 2023 7 21 /05 /mai /2023 09:59

Jerry vaque à ses occupations, c'est à dire pas grand-chose, quand il reçoit une visite: Nibbles, la petite souris vorace dont il s'était déjà occupé (voir le film de 1946, The milky Waif), est de retour... Son appétit ne s'arrange pas! Tom va, bien sûr, en faire les frais.

La construction du film est un crescendo diabolique dans lequel Hanna et Barbera n'hésitent pas à délayer au maximum la véritable intervention de Tom contre les deux souris, et bien sûr la construction est intégralement basée sur la faim délirante de la toute petite souris.

Comme c'est Thanksgiving, d'une part on nous détaille toutes les étapes d'un repas du genre, ce qui bien sûr va donner à la petite souris des occasions de s'empiffrer (et quelques gags visuels bien sentis, toujours dans un certain respect de la logique: par exemple, quand il avale une énorme orange, il faut l'extraire de toute urgence puisqu'elle fait trois fois sa taille...). D'autre part, Jerry et Nibbles vont incarner les "pèlerins" et Tom les "Natifs" dans une recréation rigolote de la légende de Thanksgiving... Un excellent cartoon, donc, qui a obtenu l'Oscar pour 1948.

 

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Published by François Massarelli - dans Animation Tom & Jerry
19 mai 2023 5 19 /05 /mai /2023 23:38

Indiana Jones est de retour! Cette fois, il accepte de rechercher rien moins que le Graal, grâce à une série d'indices rassemblés par Donovan, un riche passionné d'archéologie. Il invite Indiana Jones à reprendre les recherches de son père, qui a justement disparu alors qu'il enquêtait sur cet objet sacré, une obsession personnelle du vieil archéologue. Retrouvant des nazis tous frais, Indiana Jones se lance à son corps défendant dans une quête afin de retrouver et sauver son papa...

Le "last" du titre, la scène finale qui voit Indiana Jones et ses compagnons d'infortune chevaucher vers le couchant, tout porte à croire avec ce film que Spielberg entendait fermer une trilogie et ranger une fois pour toutes son personnage au placard. Beaucoup d'indices aussi vont nous le confirmer dans ce film, à commencer par la réconciliation père-fils, qui est sensée sceller l'image de l'archéologue, qui apprend avec cette histoire à faie le tri dans sa vie entre l'essentiel -les êtres et les rapports qu'on peut avoir avec eux- et l'accessoire, à savoir tous les objets auxquels il a consacré sa vie... Ainsi, si le film commence en effet comme les deux précédents par la vision d'une montagne (cette-fois en Utah) qui est annoncée par le logo Paramount, et si une fois de plus les signes jouent un rôle important dans le développement d'une double séquence d'introduction (Chapeau, fouet, etc...), le film va nous entraîne vers une autre quête, une autre résolution... Soulignons toutefois que la très belle séquence qui se situe au début du film, située dans des paysages très proches de Monument Valley, en 1912, avec ses scouts à cheval, sent le John Ford à plein nez: pour nous qui avons vu The fabelmans, nous savons que ce n'est certainement pas un hasard!

Bien sûr, ici, la quête s'accompagne d'un compagnonnage inédit chez Spielberg, lui qui a toujours eu de la famille une vision, disons problématique, il nous gratifie d'une réconciliation entre Jones et son papa, le digne et très baroque Henry Jones senior. La séquence d'ouverture nous montre un épisode de la jeunesse d'Indiana Jones qui nous renseigne sans équivoque sur le choix du jeune homme de se passer de son vrai papa, symboliquement, en adoptant le costume d'un étranger auquel il se mesure dans un épisode trépidant, au cours duquel il va également voir la naissance de sa phobie des serpents. Les problème relationnels entre Henry "Indiana" Jones Junior et Henry Jones Senior sont en effet compliqués: au fils qui reproche à son père de l'avoir laissé en plan, le père rétorque qu'il l'a juste aidé à être indépendant. Lorsque le fils réclame l'attention du père, celui-ci est trop occupé à faire ses recherches sur la quête du Graal... C'est l'épreuve du feu qui les rapprochera...

Le Graal ici est le symbole ultime, le couronnement (chez un cinéaste qui a toujours eu à l'égard du sacré une méfiance saine), de la recherche archéologique. C'est aussi une montée d'un cran dans le rang des objets-prétextes pour Indiana Jones et ses ennemis, ce qui met la quête ici à l'égal de la lutte entre le bien et le mal, pour tous les participants, qu'ils soient intéressés par les retombées pratiques (Hitler qui cherche la renommée éternelle), sonnantes et trébuchantes, scientifiques (Le dr Schneider, la jolie Autrichienne qui trahit Indiana), voir simplement personnelles (l'obsession du Dr Henry Jones); le seul à vouloir le Graal parce qu'il y est bien obligé, est celui qui a résisté à cette quête une vie entière durant, soit Indiana Jones lui-même. C'est à un transfert en bonne et due forme qu'on assiste à la fin lorsque son père lui dit de laisser tomber le Graal...

On est extrêmement content, après un film aussi passionnant qu' embarrassant, de retrouver une telle réussite; d'autant que le film propose les passages obligés, dont des nazis qui se font tuer dans des circonstances atroces (miam, on ne s'en lasse décidément pas), des bagarres en mouvement, de l'humour, et son lot de bêtes qui grouillent et de scènes peu ragoutantes (cette fois, outre les inévitables serpents et les nazis, des rats...). Une fort belle fin pour une trilogie, donc. Sauf que bien sur ce ne sera pas la fin... Mais on assiste ici à une mutation chez Spielberg, après les enfants laissés à eux même de Empire of the sun, E.T. et les familles dysfoncionnelles de Poltergeist, The color purple, les héros masculins immatures, on a enfin un personnage qui avance et qui réussit à venir à bout de son conflit personnel avec son père... Tiens donc.

...Et puis, il y a Sean Connery! Le duo avec Harrison Ford reste une grande date dans l'oeuvre de Spielberg, qui a aussi fait appel à deux acteurs déjà vus dans Raiders of the lost ark (Denholm Elliott et John Rhys-Davies), mais aussi à River Phoenix, qui incarne à merveille le jeune Indiana Jones découvrant sa vocation. Et si l'une des meilleures choses présentes dans The temple of doom était lerythme, ici on n'est pas en reste, il n'y a pas un seul moment de répit. 

 

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg