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17 janvier 2021 7 17 /01 /janvier /2021 11:22

Mr et Mrs Moose sont mariés, pour le pire et l'inesthétique. Elle a, un intertitre nous le signale, un visage apte à "arrêter les pendules", et lui un faciès qui pourrait les faire repartir... Elle (Vivien Oakland) a un nez proéminent, une mine en relief, un excès de respiration en 3D; lui (Charley Chase) a des dents qui dépassent, mais tant que ça en devient risible pour l'humanité entière... 

Ils vont tous les deux, mais sans en informer l'autre, procéder à des changements radicaux, l'un chez le dentiste et l'autre chez le chirurgien esthétique. Quand ils sortent, ils se sentent tellement renaître qu'ils vont chacun expérimenter leur nouveau pouvoir de séduction avec un(e) inconnu(e), et mettre leur mariage en danger. Et bien sûr, ils ne vont pas reconnaître, face à eux, leur conjoint...

C'est merveilleux, et il restait une fois ces bases posées, à ajouter que bien sûr, les tractations avec le destin pour maintenir la confusion aussi longtemps que possible, font partie des moments les plus intéressants du film, qui est virtuose. Reste aussi que le metteur en scène s'amuse en effet à questionner la validité des liens du mariage, dans un film qui certes reste une comédie, mais... on est passé près d'un désastre moral. Les comédies 'matrimoniales" de Hal Roach étaient clairement en avance sur leur temps.

 

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Published by François Massarelli - dans Charley Chase Leo McCarey Muet Comédie
10 janvier 2021 7 10 /01 /janvier /2021 19:04

Un jeune homme (Creighton Hale) doit partir pour l'Afrique, afin d'y effectuer des recherches. Son oncle est persuadé qu'il n'y tiendra pas deux heures, et sa fiancée (Thelma Todd) aimerait qu'il reste et l'épouse plutôt que de partir au diable... Lors d'une soirée qui dégénère, les deux jeunes gens sont tout à coup au milieu d'une foule d'événements incompréhensibles, et pris en otages dans une mystérieuse maison: manifestement, ils sont les jouets d'une secte Satanique...

Derrière le Satanisme du titre, se cache l'un de ces innombrables films de maison hantée, si courant et se ressemblant tous, dans les années 20 et 30. Mais la différence vient de l'incroyable sens de la composition du réalisateur, et de son talent pour non seulement montrer, mais aussi faire croire. Il nous promène comme il promène ses protagonistes dès le départ, et c'est intéressant de voir de quelle manière Christensen nous maintient en haleine, tout en se vautrant en permanence dans le grotesque: les maquillages, la lumière, les décors, les changements brusques d'ambiance, Tout y passe...

L'interprétation est notable sur un certain nombre de points, par exemple le fait que Thelma Todd y trouve son premier grand rôle; Creighton Hale, qui joua souvent les naïfs pris dans la tourmente d'une maison hantée (notamment dans le célèbre The cat and the canary de Paul Leni) nous rappelle qu'on est d'abord devant une comédie, aussi. On y verra sinon so-Jîn Kamiyama, acteur de second rôle bien connu, ainsi que Angelo Rossito. Mais pour toute personne qui aura vu Häxan, L'X mystérieux et La nuit vengeresse, ce film restera toutefois anecdotique, ... les jours de Christensen à Hollywood étaient comptés.

 

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Published by François Massarelli - dans 1929 Muet Benjamin Christensen **
9 janvier 2021 6 09 /01 /janvier /2021 11:00

Les deux frères Jean et Jérôme de Ners vivent ensemble, soudés par la mort de leur père. Ils sont très dissemblables: Jérôme (Edmond Van Daële) est médecin, il est l'aîné et c'est un homme sérieux et ombrageux. Jean (Nino Costantini) est papillonnant, et... amoureux. Un jour, il disparaît: il est parti vivre avec Mary (Suzy Pierson), une vie de plaisirs à l'écart des responsabilités. Mais la jeune femme le quitte pour un autre, un danseur en vogue (René Ferté), alors Jean décide de disparaître pour de bon...

C'est une fois devenu indépendant que Epstein a tourné ce genre de films, dont ceci est probablement le pire: un scénario vide, un montage incohérent, et quelques épices d'avant-garde (surimpressions, notamment) pour masquer le vide abyssal du script de la soeur Marie Epstein: deux frères, évidemment nobles, dont l'un va (horreur!) tomber amoureux d'une femme, qui sera forcément inconséquente et volage... C'est un lot de clichés dont le cinéma n'avait déjà pas grand chose à faire en 1920, alors sept années plus tard...

Une explication s'impose, pour finir, sur le titre étrange de ce long métrage: c'est tout simplement en millimètres, le ratio de la pellicule Kodak pour une photo. Voilà tout: car dans ce film, une photo est importante, si vous survivez jusqu'à la dernière bobine de ce film vide et prétentieux.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1927 Jean Epstein Navets *
6 janvier 2021 3 06 /01 /janvier /2021 14:19

Romeo Bosetti, c'est l'un des noms qui reviennent souvent lorsqu'on parle des burlesques Français des tous débuts du cinéma. Chez Gaumont, le monsieur précurseur du surréalisme a créé un style propre, fait d'une excentricité contrôlée, jouant plus sur la notion de décalage que sur le chaos, contrairement à un Jean Durand dont la troupe de comédiens-acrobates avait pour mission de faire régner l'anarchie dès le début d'un film. 

Expressions photographiques (1906) est une fantaisie basée sur un principe simple: trouver dans la vie amoureuse des équivalents de ce qu'on fait en photographie, et donc bien sur en matière de cinématographie. La prise d'un cliché, ou l'histoire d'un couple, placés sur le même plan, une idée poétique de Louis Feuillade, qui donne un film court et plaisant. C'st aussi d'une grande sophistication, Bosetti jouant le rôle principal sans aucun dérapage vers le grotesque...

On peut sans doute s'étonner de la présence de Feuillade, le moustachu bourru, futur auteur des serials prestigieux et de drames, au générique de cette comédie, mais voilà: il en va ainsi des trajectoires de cinéma des pionniers, ils étaient souvent versatiles... Et même s'il serait loin de se spécialiser dans le genre, Feuillade a aussi donné dans la comédie en tant que réalisateur.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Muet Louis Feuillade Romeo Bosetti
2 janvier 2021 6 02 /01 /janvier /2021 13:35

Monsieur et Madame divorcent, car Madame a fauté... C'est donc Monsieur qui obtient la garde de l'enfant. Celui-ci ne tarde pas à se languir, d'autant que son papa, un monsieur important, a du travail, et des affaires qui l'attendent. Avec la complicité de sa belle-mère, la maman réussit à voir son fils, et l'enlève... Le père n'a d'autres ressources que de faire appel aux gendarmes.

C'est un petit film, à peine une bobine, qui a bien du faire pleurer dans les salles, le bon public réuni... Devant une situation où le bon droit tel que la très conservatrice Gaumont et le très traditionnel Feuillade le concevaient, triomphera in extremis: donc le divorce, c'est mal, et il faut un papa et une maman, ce qui nous rappelle les idées nauséabondes d'une frange peu ragoûtante de notre actuel fascisme à la française, mais je m'arrête là sur ce terrain.

Car ce qui compte ici ce ne sont pas les idées, mais bien la faculté du cinéma à se glisser dans le quotidien, et tout en préservant une certaine licence poétique de mélodrame (quelques grands gestes et quelques pleurs pur la grande Renée Carl), Feuillade semble ici rôder le style "réaliste" ou à peu près, qu'il utilisera pour sa célèbre série de films "La vie telle qu'elle est" entre 1911 et 1913.

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Published by François Massarelli - dans Muet Louis Feuillade
1 janvier 2021 5 01 /01 /janvier /2021 16:23

Voici le dernier film muet d'un metteur en scène (et producteur) qui avait, enfin, tout compris... Asphalt est un accomplissement sans égal dans le cinéma Allemand. Qu'il vienne d'un pionnier aussi aguerri que May, à une époque où les jeunes loups (Dieterle, Pabst et son ancien poulain Lang en tête) régnaient sur la cinématographie Allemande est assez ironique. Le film aussi, jusqu'à un certain point.

L'intrigue s'installe doucement, en prenant son temps, dans un Berlin d'abord capté par des caméras en liberté dans la ville, puis subtilement reconstitué en studio: Albert (Gustav Fröhlich) est un agent de police exemplaire, et Else (Betty Amann) une voleuse talentueuse, qui se sert de sa beauté fatale pour détourner l'attention des bijoutiers qu'elle dérobe. Quand la seconde se fait attraper sur le fait, c'est au premier qu'on fait appel. Else, en pleurs, lui fait pitié, et il accepte de l'accompagner chez elle pour qu'elle aille y chercher ses papiers. C'est évidemment un prétexte pour temporise et le séduire, ce qui ne manque pas d'arriver...

Le lendemain, d'un côté le jeune homme a des remords de ne pas avoir fait son devoir. La jeune femme, elle fait face à un sentiment inattendu: elle est amoureuse... Lorsque Albert revient avec la ferme intention de reprendre ses esprits, ils sont tous deux confrontés à la réalité: ils sont mordus. C'est le moment que choisit un amant de la jeune femme, un voleur international (Hans Adalbert Von Schlettow), pour faire irruption: ça va mal finir!

Je disais plus haut que Joe May a tout compris: car sans jamais se plier aux règles étouffantes du Kammerspiel, Joe May laisse les images de Gunther Rittau (toutes d'un superbe clair-obscur comme seul le cinéma de ces merveilleuses dernières années du muet savait le traiter) raconter son intrigue. Il laisse aussi les acteurs vivre au mieux leur trajectoire et obtient de ses interprètes une impressionnante véracité émotionnelle. Il privilégie aussi les plans rapprochés et les gros plans et adopte un montage rapide, d'une clarté absolue. C'est un modèle de narration qui ne prend jamais son temps, mais ne dévie jamais de son but. Et comme on est en Allemagne, cette sombre histoire qui va se terminer dans un commissariat de police est évidemment l'occasion pour un destin tragique de se jouer de ses personnages...

...Non sans avoir accumulé les scènes de bravoure, souvent vécus à hauteur du point de vue de Betty Amann, dont la beauté particulière et le style ont été inspirés par Louise Brooks, mais inspirera aussi au-delà du film, d'autres actrices: qu'on pense à Dita Parlo, par exemple. La scène de l'arrestation, avec Gustav Fröhlich presque méconnaissable (sans le maquillage, difficile de retrouver le visage poupin du Freder dans Metropolis), est un modèle de suspense dévoyé: on sait que la voleuse est coupable, on a peut quand même que ses accusateurs en découvrent la preuve, dont nous savons nous, où elle se trouve... Et si la scène de la confrontation finale est du grand art, il y a aussi une scène de séduction dans laquelle la caméra se place au plus près des corps, et sans aucun accomplissement douteux, sans jamais outrepasser les limites du bon goût, Joe May nous livre une scène de séduction à forte teneur érotique, grâce au jeu tout en précision de Betty Amann, dans le rôle d'une femme qui prend le pouvoir sans se rendre compte qu'elle va tomber amoureuse...

Bref: c'est un chef d'oeuvre!

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Joe May 1929 **
31 décembre 2020 4 31 /12 /décembre /2020 10:36

A Paris, une pièce, La vierge de Corinthe, rencontre un énorme succès, et l'actrice Lina Béryl (Suzanne Grandais) y triomphe... La pièce fait l'objet d'un petit mystère, car l'auteur, considéré par tous comme un génie, a souhaité rester anonyme. Mais l'auteur, justement, a vu la pièce et il est littéralement subjugué par son interprète principale, au point de la contacter régulièrement (notamment au téléphone, ce qui occasionne un superbe "split-screen"). Mais toujours à distance: car que se passerait-il si elle apprenait que Paul Darcourt est un nain?

C'est le célèbre nain Delphin qui interprète ce difficile rôle, celui d'un homme qui est né trop petit, mais contrairement à ce qu'on voit souvent dans les films, appartient à une famille aisée. Il vit seul avec sa mère (Renée Carl) dans des appartements cossus, et la brave dame le couve comme elle l'a toujours fait, pour le protéger...

Le film, qui fait partie de la série "sociale" de Feuillade, "la vie telle qu'elle est", nous raconte une histoire qui est une réponse exacte et cruelle à la question posée plus haut... Il est à porter au crédit du metteur en scène et des interprètes, non seulement d'avoir évité les clichés, mais aussi d'avoir traité ce sujet de la différence, du préjugé, et de la difficulté de s'intégrer, d'une manière frontale.

 

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Published by François Massarelli - dans Louis Feuillade Muet
31 décembre 2020 4 31 /12 /décembre /2020 10:25

M. et Mme Trévoux (René Navarre et Renée Carl) vivent heureux, ils ont un garçon, et les affaires de Monsieur sont prometteuses. Mais Madame a une attirance pour la chiromancie qui va lui jouer des tours: une dame inquiétante lui révèle que sa main trahit un avenir sombre, elle va "perdre un être cher". Elle a, forcément, des appréhensions quand son mari quitte Paris pour Cherbourg, afin de prendre le bateau pour New York... Et ces appréhensions seront vite confirmées, car le bateau va rencontrer un iceberg...

Deux préoccupations pour Feuillade ici: d'une part intégrer à sa série de films "la vie telle qu'elle est" un scénario sur la chiromancie, vaste entreprise d'exploitation des nigauds très en vogue à l'époque... Mais d'autre part, le réalisateur est à l'écoute de l'actualité, comme le Danois August Blom (réalisateur du film Atlantis la même année): il a été lui aussi frappé par l'anecdote du Titanic, et il introduit cette réalité-là dans son film; ce qui aura pour effet de pilonner un peu plus le charlatanisme des chiromanciennes, d'ailleurs, ce qui était l'intention première.

Comme souvent dans cette série, c'est dans les intérieurs que Feuillade révèle l'étendue de son talent, et on se souviendra longtemps de cette scène captée dans la pénombre, où seule apparaît la silhouette de Renée Carl, éternelle mère inquiète qui veille sur son enfant, et éclairée seulement d'une petite lampe...

Notons pour finir que le film est réduit à 24 minutes, il manque le dernier acte, celui dans lequel on confond les escrocs de la chiromancie. Dommage...

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Published by François Massarelli - dans Louis Feuillade Muet 1912 *
31 décembre 2020 4 31 /12 /décembre /2020 09:01

La fée des grèves montre le sens de l'histoire de Feuillade, avec un conte que n'aurait pas renié Méliès. En plein seizième siècle, un noble pêche par hasard une sirène, et la ramène chez lui. Ils se marient, mais elle ne peut accepter de vivre loin de son royaume sous-marin. Il prend la décision de la suivre...

Tourné pour moitié dans des décors "naturels" (Et un château en bord de mer), et en studio où le "royaume" sous-marin a été reconstitué (Occasionnant un ballet sub-aquatique de naïades aussi empesées que les "fées" du film Le Printemps de la même année), il a été aussi colorié au pochoir. Là s'arrêtent les comparaisons avec Méliès, le film étant loin de la magie des contes de la Star-film...

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Published by François Massarelli - dans Louis Feuillade Muet
31 décembre 2020 4 31 /12 /décembre /2020 08:57

La féérie selon Feuillade... Dans ce film des premiers temps de son oeuvre, on assiste un peu embarrassés à un ballet, disons, artistique... Un genre de film qui fait florès et qui s'inspire du goût des gens bien comme il faut, des spectacles de patronage.

Une vingtaine de femmes, en toges, se livrent à une bacchanale sur le thème de l'arrivée du printemps, parfois accompagnées d'enfants nus. C'est ridicule, c'est vain, et c'était une tendance, ce que n'oubliera pas Chaplin qui fera une parodie ultime de ce genre de films, mais en mille fois mieux, dans Sunnyside...

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Published by François Massarelli - dans Muet Louis Feuillade