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23 mai 2018 3 23 /05 /mai /2018 19:01

C'est le quatrième film de Chaplin pour la Keystone, le cinquième si on considère les quelques secondes durant lesquelles il apparaît dans A thief catcher de Ford Sterling, mais l'acteur avait déjà des motifs sérieux d'insatisfaction... Notamment le manque total d'inventivité des metteurs en scène, Lehrman en tête (mais Sterling, Nichols, ou Sennett lui même, ne font pas mieux), et ce film en est un exemple particulièrement éprouvant: Sterling en est la vedette, et il joue un homme qui convoite un parapluie et une jeune femme, entre deux averses (d'où le titre), mais le policier Chester Conklin souhaite justement garder son uniforme, et le vagabond Chaplin quant à lui aimerait bien mettre la main sur l'ustensile et la jeune femme. Le tout improvisé dans les rues de Los Angeles après une averse, et dans les paysages de Griffith park.

C'est en effet très pénible à regarder, le script est inexistant, et la psychologue plus sommaire que celle d'une rencontre entre un footballeur, Nadine Morano et Donald Trump... Bref, ce serait à fuir, si Chaplin n'y développait pas sa gestuelle, qu'il est à ce moment en train de raffiner: il est vrai qu'il a eu la chance de tourner sous la direction de Mabel Normand, qui elle en revanche avait tout compris, et planifiait et raffinait ses films. Chaplin voulait aller dans cette direction... ce qui ne l'empêcherait pas, à son tour de tourner ça ou là, vite fait mal fait, quelques courts métrages improvisés dans des parcs, avec des briques à lancer sur ses camarades...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin
23 mai 2018 3 23 /05 /mai /2018 18:26

Ce qui est sans doute le troisième film interprété par Chaplin à la Keystone, après Making a living et Kid auto races at Venice est un film de l'actrice Mabel Normand: une excellente occasion de rappeler l'importance de celle qui, non contente d'être la star féminine numéro un du studio de Mack Sennett, avait aussi pris en charge la réalisation de certains de ses films. Plus que Henry Lehrman, metteur en scène des deux premiers, c'est finalement à elle qu'on doit la vraie apparition du personnage de Chaplin, même si il ne faut pas se leurrer: elle lui a certainement attribué un rôle, mais la gestuelle, l'incroyable contrôle, et cette vie intérieure trahie par le moindre mouvement de canne, c'est du Charles Chaplin à 100%! De là à faire comme tous les premiers historiens du cinéma, qui ont directement imputé à Chaplin seul la création de tous ces films de jeunesse, il y a un pas qu'on ne peut pas franchir... La preuve en images.

D'ailleurs, dans Mabel's strange predicament, Chaplin est la valeur ajoutée: il est un client saoul dans un hôtel, qui vient ajouter un grain de sel rigolo dans la routine d'un lieu de villégiature qui se transforme aisément en une mine d'embarras. Mabel est, avec son chien, cliente de l'hôtel; elle y reçoit (en tout bien tout honneur) son petit ami, et elle a des voisins qui sont un vieux couple dot l'épouse ressemble à une définition vivante du mot "irascible". Suite à un incident, Mabel et son chien se retrouvent coincées dans le couloir, la jeune femme étant en déshabillé... Elle se réfugie dans la chambre d'en face, sous le lit en attendant d'y voir plus clair. Mais le voisin revient, suivi par son petit ami à elle, puis l'épouse... et enfin Chaplin, toujours aussi saoul.

Dans cette usine de saucisses filmiques qu'était la compagnie de Sennett, Mabel Normand est celle qui la première a ralenti l'action, afin de donner corps aux personnages, mais aussi afin de laisser son charme mutin agir... Cette situation ne serait pas aussi embarrassante si Mabel Normand n'était pas une jeune et jolie demoiselle, bien sur. Mais que de chemin parcouru entre les films tournés-montés improvisés dans la rue (Kid auto races) et ce petit mélodrame rigolo de la non-infidélité...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin
21 mai 2018 1 21 /05 /mai /2018 10:01

Dans la compagnie de Mack Sennett, il y a toujours eu un goût de l'improvisation, qui se manifestait en particulier dans la possibilité offerte par la tolérance des autorités Californiennes à l'égard des tournages sauvages. Le nombre de films tournés par les équipes de la Keystone en contrebande dans les rues de la ville, et surtout dans les manifestations publiques, est impressionnant. Mieux encore, le public avait noté, et accueillait avec une joie non feinte ce type de perturbation...

C'est ici que se situe ce petit film de 6 minutes environ: le format paraît boiteux, mais Sennett avait l'habitude de proposer des bobines de film (environ 13 minutes à 18 images / seconde) divisées en deux films différents, afin de donner aux exploitants des salles un petit bonus pour leurs sujets courts. Un grand nombre de ces "split-reels", comme on les appelait alors, ont été tournés. Celui-ci est situé sur une manifestation très particulière, une course d'auto-miniatures, des machins mécaniques conduits par des gosses, et dont le mode de propulsion est assez fruste: une grande rampe de bois... Il y a beaucoup de public, et l'équipe de Lehrman, visible à l'écran, joue avec un grand sérieux une équipe d'actualités qui vient filmer l'événement, mais doit composer avec un vagabond qui a vu la caméra et ne peut s'empêcher de chercher à tirer la couverture à lui, perturbant la prise de vues.

Le fait que ce soit Chaplin, que ceci soit la naissance du costume le plus célèbre de toute l'histoire de la comédie filmée, n'empêche pas qu'il ne se passe finalement pas grand chose dans une comédie dont l'intérêt est, bien sûr, 'historique' avant tout. Et Chaplin, en 1914, a encore beaucoup à faire pour raffiner son personnage. Mais si on apprend quelque chose sur lui avec ce film, c'est le don inné pour l'acteur d'habiter son personnage: on lui dit "sois odieux!", et... il l'est.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin
21 mai 2018 1 21 /05 /mai /2018 09:50

A la compagnie Keystone, menée par Mack Sennett, on tournait des films en deux jours, peu importe l'histoire pourvu qu'il y ait des gags. En voici un exemple de choix: deux hommes qui se disputent les faveurs d'une jeune femme en viennent à rivaliser professionnellement, lorsque le plus opportuniste des deux devient, comme l'autre, journaliste, afin de le contrer et d'emporter le morceau.

Bon, d'accord, ce n'est pas terrible, mais c'est un début: celui de Chaplin, 25 ans, dont c'est le premier film. Il y en aura d'autres... Plein d'autres! En attendant, il fait donc ses gammes auprès d'un metteur en scène et d'acteurs aguerris. Si le costume est loin d'être celui d'un vagabond, on peut en revanche voir que pour Chaplin, le jeu sur les apparences, passant par le contraste saisissant entre costume et comportement, est déjà là, mais presque en négatif de ce qu'il fera une fois qu'il aura trouvé les habits qui conviennent le mieux (certes, avec des variantes notables de film en film) à ses personnages: habillé en lord, avec monocle, haut-de-forme et moustache à la saxonne, il tente de faire illusion, mais ses manières opportunistes de traîne-savate prennent vite le dessus.

Toutefois, un détail a piqué mon attention, surtout maintenant qu'on peut enfin voir ce film dans des copies décentes: dans la majeure partie du film, Chaplin est le seul à porter un costume exagéré. Le reste des acteurs sont assez raisonnablement accoutrés, et du coup le comédien devient automatiquement le centre de l'attention, pour ne plus laisser l'opportunité à quiconque de se faire remarquer. Et comme l'ensemble du film a été tourné en pleine ville, parfois en contrebande absolue (regardez la tête des badauds quand ils voient les acteurs se battre!), on pourrait presque parler de... réalisme! Chez Sennett: le monde à l'envers...

Il n'était pas encore metteur en scène, mais il avait déjà compris beaucoup de choses...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin
20 mai 2018 7 20 /05 /mai /2018 17:00

On peut sans doute parler d'un film maudit... Car cette production Paramount de 1921 n'est pas sortie aux Etats-unis avant...1981. Si vous ne savez pas pourquoi, j'en parle plus loin , mais je vous préviens: c'est triste, injuste et révoltant.

Pas le film, en revanche, qui n'est certainement pas le meilleur film de 1921, mais qui a au moins le mérite d'adapter avec intelligence une farce boulevardière à l'économie, mais sans lésiner sur la rigolade. Ce qui n'est pas étonnant, puisque le personnage principal en est interprété par celui qui s'est autoproclamé "Prince of Whales", le comédien et cinéaste Roscoe Arbuckle, qui après avoir fait le bonheur du public depuis le début des années 10 avec des courts métrages d'une, deux, ou trois bobines poilants et à l'humour foncièrement décalé, accédait enfin au droit de sortir des longs métrages. Il était le premier des acteurs comiques à interpréter des comédies de longue haleine exclusivement, depuis 1920. Et il en avait un peu payé le prix, en renonçant à son style volontiers absurde et surréaliste. Ce qui ne l'empêchait pas d'insuffler aux comédies de moeurs qu'on lui confiait, un esprit frondeur de comédie physique. C'est exactement ce qui fait le sel de cette adaptation, qui sans lui aurait probablement été inintéressante...

Stanley Piper (Roscoe Arbuckle), héritier de la fortune de son oncle Jeremiah, un authentique misogyne, est quant à lui un admirateur complexé de la beauté féminine. Complexé, car il est bègue d'une part, et d'autre part il est irrésistible. Lors d'un séjour à la mer, il tombe toutes les femmes sans le vouloir, et est sérieusement embêté de devoir gérer quatre fiancées auxquelles il est impossible d'expliquer qu'elles ont tort... Surtout que la femme qu'il aime (Mary Thurman) débarque à l'improviste. 

Sans Roscoe, qui assume pleinement d'être un véritable aimant à jeunes femmes dans le film, on n'aurait eu ici qu'une série de scènes de portes qui claquent, et quelques intertitres amusants. Mais Arbuckle sait fort bien faire monter la température en interprétant physiquement une scène, et en s'y investissant avec génie. Bref, ce film s'il était sorti ailleurs qu'en Finlande (en 1924...) aurait sans doute obtenu un succès mérité, et rappelé après The round-up, le western controversé de George Melford qui manquait paraît-il cruellement de gags, que Roscoe Arbuckle était un comique, et l'un des plus grands.

Sauf qu'avant la sortie du film, le premier mai 1921, l'actrice Virginia Rappe décédait lors d'une soirée arrosée, organisée par Arbuckle. le comédien, accusé, arrêté, acquitté du meurtre, blanchi par la justice qui a établi la preuve de son innocence totale, était désormais un paria, marqué du sceau de l'infamie pour le simple fait d'avoir été potentiellement le coupable. Interdit de travailler à Hollywood sous son vrai nom, déchu, bref: à plus ou moins court terme, foutu. Pour la Paramount, sortir le film Leap year était plus qu'un risque: c'était une impossibilité.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1921 James Cruze Roscoe Arbuckle *
20 mai 2018 7 20 /05 /mai /2018 16:48

Avec son complice (Et neveu) Al St-John, Arbuckle a trompé son spleen en tournant quelques films pour la compagnie Educational dans les années 20, dont celui-ci qui est peut-être le meilleur... Le meilleur que j'aie vu en tout cas. Il y parodie sans aucun scrupule les cliffhangers des années 20, en nous livrant tous les épisodes d'un feuilleton idiotissime en moins de 20 minutes, avec rythme, génie, et un humour qui ne connait aucune limite.

Al St-John, typiquement, y est un bandit particulièrement dépravé, dont la seule occupation (mais aussi le seul intérêt dans la vie, semble-t-il) est de pourrir la vie d'une pure jeune femme un peu naïve, qu'il asticote avec tous les moyens à sa disposition, y compris une bande d'hommes de mains, qui ont la particularité d'apparaître un peu n'importe quand: par exemples, cachés dans la sciure, à côté d'une scierie.

Oui, il y a une scierie, car dans un serial des années 20, avec cliffhanger de concours, il y a forcément une scierie. Arbuckle, auteur et réalisateur de ce désastreux et glorieux feuilleton de 17 mn en cinq épisodes (oui, certains sont TRES courts) a résolu de nous montrer une variation sur le vieux gag qui consiste à créer du suspense en menaçant de scier une femme en deux (intertitre: "now we are going to see what girls are made of!"). Il a aussi une obsession pour le fait de tenter de tuer quelqu'un à coup de pancakes.

C'est merveilleux...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Roscoe Arbuckle
13 mai 2018 7 13 /05 /mai /2018 14:31

Will Rogers a eu deux carrières au cinéma, finalement: une première tentative à l'époque du muet, qui s'est finalement soldé par un échec de ses longs métrages, qu'il avait commis l'erreur de vouloir produire lui-même, et la courte mais glorieuse période durant laquelle, le cinéma devenu parlant, l'acteur chéri de l'Amérique s'est totalement réconcilié avec le grand public en tournant dans des films de Henry King, Frank Borzage et bien sûr John Ford. Ce film de trois bobines (une curiosité en soi) est donc situé à la toute fin de la première lorsque Rogers ayant essuyé une banqueroute sévère après ses tentatives de production, a trouvé refuge chez Hal Roach.

Il y incarne Jubilo, un vagabond qui, selon la tradition des histoires des années 20, cherche à la fois la fortune et la planque, en voyageant sous les trains. Une habitude prise par tellement de monde, que dans un petit patelin de Californie, le shérif Noah Young  a décidé de tout faire pour débusquer et arrêter les gens qui s'y risquent. Si dans un premier temps Jubilo tente d'échapper à la loi, il se ravise, car il a entendu parler du fait qu'à la prison locale, on allait servir un plantureux repas au nom de Thanksgiving... Mais pour des raisons qui sont difficiles à expliquer, à moins, il est difficile de se faire arrêter quand on en a le besoin...

Trois bobines, soit ici 27 minutes dans ce qui est une version intégrale de l'un des premiers courts métrages de Will Rogers pour Roach: je le disais plus haut, c'est une curiosité, car le studio se risquait peu à réaliser des moyens métrages, préférant soit des courts de une à deux bobines, le gros de la production, soit des longs métrages de six à sept. mais trois bobines, c'est soit trop long, soit pas assez... Un problème que n'a pas ce film, qui a l'avantage de laisse les personnages vivre leur aventure jusqu'au bout, et surtout de laisser Will Rogers, qui ne pouvait pas travailler dans la folie hystérique, prendre son temps. Quant à Charley Chase, le metteur en scène de ce film (signé sous son vrai nom), il a su fournir le cadre parfait pour le film, très soigné, et particulièrement bien interprété, par la fine fleur de chez Roach.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1923 *
13 mai 2018 7 13 /05 /mai /2018 14:20

Réalisé en 1922, ce film d'une bobine fait partie de la série lancée par Hal Roach, mettant en vedette Harry "Snub" Pollard, l'ancien partenaire de Harold Lloyd, et comme je le dis toujours, une bobine, ce n'est pas suffisant pour développer de vrais personnages, une vraie situation pour un film. On ne s'étonnera pas qu'ici on fasse l'économie de la subtilité au profit de l'efficacité...

Et pourtant Pollard et son metteur en scène, qui n'est autre que Charley Chase sous son vrai nom, ont décidé de s'amuser en trompant allègrement le public de prime abord: quand le film commence, en effet, c'est une comédie domestique dans laquelle Pollard interprète un homme âgé, à la santé fragile, qui est surveillé à l'heure des repas par des spécialistes qui veillent à sa santé et donc à son régime. Tous les gags y sont liés à la nécessité de dissimuler de la nourriture, avant que ne nous soit révélée la vérité: c'est le tournage d'un film, et Pollard est donc l'acteur principal, qui déplaît fortement au metteur en scène (Noah Young). Celui-ci prend donc la décision de le virer. Les deux patrons du studio, auxquels il fait peur, décident plutôt d'inverser la situation en donnant le poste de metteur en scène à Pollard à condition qu'il vire la brute...

Il y a trois parties dans ce court métrage étonnant justement par sa structure, et qui à deux reprises, prend soudain une direction différente de celle qu'on attendrait. Il est sympathique aussi par le fait que Chase a convoqué un grand nombre des acteurs sous contrat chez Roach, ce qui fait qu'on les voit en action, et impliqués comme de juste dans le tournage d'un film: Walace Howe, Noah Young, Marie Mosquini, ils sont tous là...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charley Chase
12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 18:48

Ce film de cinq bobines produit par la société Triangle est le cinquième de Douglas Fairbanks, son deuxième avec son complice préféré Allan Dwan, sa première contribution à l'écriture d'un film, et son premier western! Ca fait beaucoup pour un seul film, mais The Good Bad Man est suffisamment solide et pétri de qualités pour soutenir le choc... 

Sous le nom de "Passin' through" ("je ne fais que passer"), un bandit mystérieux (Douglas Fairbanks) irrite considérablement les braves gens et la loi des contés de l'ouest: en effet, il ne se comporte même pas comme un bandit: il vole un peu aux braves gens pour redistribuer aux enfants de père inconnu. Et systématiquement, il se contente de très peu, avant de faire des espiègleries. Le hors-la-loi trouve refuge auprès d'une bande de malfrats, sous les ordres de The Wolf" (Sam De Grasse), un monte-en-l'air autrement plus dangereux que notre héros. Il trouve aussi en la jolie Amy (Bessie Love) une cause à défendre, mais doit d'abord régler son problème principal: tuer le mystérieux Bud Frazer, qui a supprimé son père...

Bon, je ne révélerai pas l'identité cachée de Frazer, ce serait mal... D'autant que quiconque a l'habitude des mélodrames du temps du muet l'a déjà facilement trouvée! Ce film est un exemple de ce que faisaient Dwan et Fairbanks ensemble: du cinéma solide, riche en péripéties, mais aussi en liberté absolue, dans des décors fabuleux. Le héros est un personnage typique de Fairbanks: faussement enjoué, hanté par une quête, qui plus est liée à sa propre condition de garçon ayant grandi sans père, comme Douglas Fairbanks lui-même. Ce petit western qui a eu un énorme succès a décidé Douglas a récidiver, et à souvent revenir à la même formule, avec bonheur...

Tout ça est déjà fort intéressant, mais j'ai gardé le meilleur pour la fin: c'est aussi la première fois (Sur trois films en tout) que Fairbanks joue en compagnie de miss Bessie Love, et c'est vraiment la cerise sur le gâteau...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Western Allan Dwan 1916 Douglas Fairbanks **
6 mai 2018 7 06 /05 /mai /2018 17:11

Chez Hal Roach, dans les années 20, on aime bien créer des équipes. Bien sûr, Harold Lloyd a montré le chemin dès 1915, en associant systématiquement son personnage de "Lonesome Luke" avec son comparse Snub Pollard, puis en reconduisant l'équipe pour ses premiers courts métrages avec lunettes, les deux étant toujours complété par Bebe Daniels, jusqu'au remplacement de cette dernière par Mildred Davis. Ensuite, le studio a été crucial pour le succès de deux autres équipes, Our gang, et évidemment Laurel & Hardy.

On va le dire tout de suite: on pense à ces derniers quand on contemple cet échec sublime qu'est la tentative de créer une équipe féminine avec Marion Byron et Anita Garvin. La tentative ne serait toutefois pas la dernière, puisque deux autres duos allaient être tentés, tous deux autour de la belle Thelma Todd, avec Zasu Pitts, puis Patsy Kelly. Mais je garde une affection particulière pour le duo Garvin – Byron, ne serait-ce qu'en raison du génie des deux comédiennes, si différentes l'une de l'autre, mais aussi si différentes dans leurs films en duo, de leurs personnages habituels...

Elles sont, pour leur premier court métrage, deux employées de restaurant qui sont un peu le dernier recours pour les occasions où un restaurateur a besoin de serveuses, en toute urgence. C'est précisément ce qui arrive à Max Davidson, qui tient un établissement dans une gare perdue au milieu de nulle part, et il va le regretter... Le film fonctionne sur le principe d'une série de running gags, avec accumulation et beaucoup, mais alors beaucoup de gags physiques... Outre Max Davidson, on verra Edgar Kennedy en chef de gare irascible, un rôle taillé pour lui. Et comme dans d'excellents Laurel et Hardy, le film se termine par une bataille inattendue, cette fois effectuée à coup d'escalopes ruisselantes de sauce...

Dans ce qui reste un film incomplet aujourd'hui, on voit que dans un premier temps Anita et Marion était non seulement opposées par la taille, mais aussi par un enlaidissement systématique de Marion Byron. Elle est mal fagottée, et on sent chez elle une sorte de pendant à Harry Langdon, en plus maladroite que franchement lunaire. Le film est excellement mis en scène avec un sens du rythme qui évidemment fait merveille devant le stress monumental installé par le patron qui doit servir un restaurant rempli et leur fournir un déjeûner en très peu de temps, mais aussi quelques prouesses de cadrage. On applaudira en particulier le choix de traiter une scène de ruée vers le restaurant, déj drôle en soi, en plaçant la caméra au sol, offrant ainsi une vue cruelle de Max Davidson se faisant allègrement piétiner...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Max Davidson