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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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3 mai 2019 5 03 /05 /mai /2019 16:12

Eddie Bartlett, en revenant de sa participation à la première guerre mondiale, avait deux exemples à suivre: deux copains de tranchée, aux tempéraments opposés: l'un (Humphrey Bogart), un vicieux, gangster par nature, qui pourra d'ailleurs se vanter d'être le dernier tireur de l'armée Américaine: au moment de l'armistice, il était en train de dégommer un jeune Allemand de 15 ans, comme ça, pour le plaisir; l'autre (Jeffrey Lynn) est un faible, un doux. Il est avocat, et plait bien à Bartlett (James Cagney) parce que lui, au moins, il sait avouer ses faiblesses. Revenant aux Etats-Unis, Bartlett n'a plus qu'à se glisser dans la peau de son copain Lloyd, l'avocat, ou à devenir gangster... Mais le choix sera fait pour lui par les circonstances: personne n'a l'utilité d'un ancien soldat et le hasard va faire de lui un bootlegger dans la guerre qui s'annonce, prohibition oblige, entre les pourvoyeurs de boissons fortes, et la loi... Permettant au spectateur de revisiter une période fascinante de l'histoire Américaine.

C'est à la fin de dix années de quasi-purgatoire que Walsh réalise ce film, son premier pour la Warner, un studio ou il va se sentir bien, très bien même, y réalisant certains chefs d'oeuvres: Objective Burma, They died with their boots on, Gentleman Jim, The Strawberry Blonde, White Heat. Dès le départ, c'est aussi un film qui me semble faire parfaitement la jonction entre le style du studio dans les années 30, et une façon de faire des films qu'on n'appelle pas encore (Mais ça ne saurait tarder) le film noir. Eddie Bartlett, l'homme optimiste et intègre à sa façon, qui passe toute la période la prohibition à fournir en alcool trafiqué des cafetiers chez lesquels il boit exclusivement du lait, va constamment garder une certaine distance avec le crime, désapprouvant le meurtre et la violence gratuite. Mais s'il protège ses amis, l'avocat Lloyd et une jeune femme (Priscilla Lane) qu'il a aimé mais qui lui a préféré Lloyd, leur honnêteté sera aussi à la base de sa chute: il n'y a pas de place, nous dit le film en substance, pour des hommes comme Eddie Bartlett dans le futur de l'Amérique.

Il n'y a pas de place non plus pour George (Bogart), l'associé de Bartlett par lequel le scandale va arriver, mais lui a un atout: il n'a aucune morale... Le film porte un regard nostalgique, gentiment ironique, sur une période-clé, et dresse le portrait romantique d'un exclu, comme le seront d'autres hommes, d'autres gangsters, voire des cow-boys ou des militaires dans l'oeuvre future de Raoul Walsh, qui signe ici l'un de ses meilleurs films, et ça, ce n'est pas rien. Le metteur en scène est à son aise du début à la fin dans cette évocation d'une période qui est celle de la jeunesse, comme il l'a déjà prouvé dans The Bowery, et qui lui permet de raconter tout ce qu'il aime: le destin d'un homme d'action possédant une certaine morale, et son accomplissement triste sur les marches d'une église. Une image qui reviendra dans son oeuvre, tout comme cette figure de l'homme amoureux dont l'élue refuse les avances. Comme un écho, voyez le fantastique personnage de Panama Smith (Gladys George), celle qui va mettre le pied à l'étrier du futur gangster, et l'aimer durant tout le film, en vain. Walsh lui donne, malgré tout, le mot de la fin...

Le film inaugure, en quelque sorte, la période "crépusculaire" du metteur en scène. En fanfare...

 

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Published by François Massarelli - dans Raoul Walsh Noir Criterion
15 mars 2019 5 15 /03 /mars /2019 09:20

Le quatrième film d'Anderson est l'un de ses plus étranges, et aussi l'un de ses plus attachants. Il ne se rattache à aucun genre connu, et son étrangeté est basée sur une myriade d'ingrédients... Bref, c'est un cas.

Barry Egan (Adam Sandler) est un commercial dans une entreprise de vente de ventouses à toilettes, et c'est franchement un garçon décalé: travaillant le plus souvent seul et dans un entrepôt où il n'a qu'à répondre au téléphone, il vient en costume, un costume bleu qui restera d'ailleurs la seule tenue du bonhomme durant tout le film. Et Barry Egan vit un cauchemar: alors qu'il a un métier, certes tristounet, mais qui lui laisse des loisirs, et qui lui fait côtoyer des gens sympathiques et compréhensifs (dont Luis Guzman), il a sept soeurs qui lui empoisonnent l'existence... Elles le harcèlent, autant de questions que de réflexions voire d'insultes. Elles sont obsédées par le fait de le marier, et Barry avec elles est toujours tendu, voire sujet à de soudaines crises de violence. Et le jeune homme est réticent au contact avec la gent féminine...

Jusqu'au jour où trois événements se déroulent: le même jour, bien sûr, comme si on était un peu dans un conte de fées... Un harmonium est déposé devant le siège de son entreprise, sans aucune explication. Une femme entre dans l'enceinte, une Anglaise, Lena Leonard (Emily Watson): Barry ne le sait pas encore, mais c'est une collègue d'une de ses soeurs qui a craqué sur sa photo et a voulu le rencontrer sous un prétexte quelconque. Et le troisième événement, aux conséquences importantes, est l'idée saugrenue de confier ses tourments à un service de sexe téléphonique; en les contactant, Barry a mis le pied dans un engrenage de chantage et d'extorsion de fonds, mené depuis un trou perdu en Utah, par un vendeur de matelas (Philip Seymour Hoffmann)...

Oui, vous pouvez relire ce résumé, je n'en retrancherai pas une ligne: c'est bien, à peu près, l'exposition de cet étrange film...

Donc Barry est un ajout important à la galerie des personnages décalés de P.T. Anderson, avec son costume unique, ses manières excentriques, et une certaine tendance à parler en dedans, comme si c'était pour lui seul, et sans être toujours intelligible: il y a un précédent, il s'appelle M. Hulot. Mais c'est un Hulot auquel ses soeurs diraient constamment qu'il est étrange, qu'il faut qu'il change, voire qu'il est gay. C'est un Hulot au bord de la dépression, et que la rencontre avec une femme parfaitement angélique, qui l'a manifestement élu: pourquoi, mystère... Mais voilà, elle le veut, et elle l'aura.

Il y a beaucoup d'humour, et la comédie affleure en permanence, mais jamais franche et massive. Le film, et surtout sa première partie, distille un malaise par l'utilisation du point de vue de Barry, celui qui ne sait pas où se mettre. Et Anderson manie à la perfection le plan-séquence, tout en intégrant dans son histoire d'amour de nombreux champs-contrechamps: il sait qu'il va devoir changer le point de vue à l'occasion, et intégrer Lena à son dispositif. Sans pour autant qu'elle devienne notre guide dans le monde de Barry: elle aussi garde sa part de mystère, et Emily Watson sait jouer sur la simplicité de la jeune femme pour nous la rendre attachante mais aussi énigmatique. Une énigme que le film ne résoudra pas...

...Pas plus du reste que celle de l'harmonium: si ce n'est que le compositeur s'est saisi de la présence de l'instrument pour baser sa composition. Et du reste, Jon Brion a suivi Anderson dans le choix d'une bande originale foncièrement expérimentale. Elle ajoute à l'étrangeté et au malaise des scènes qui nous offrent de suivre le point de vue de Barry, et sa confusion persistante.

Reste que dans ce film, nous assistons aux amours compliquées et noires d'un couple fait d'un jeune homme au comportement troublé, pour ne pas parler de troubles du comportement, et d'une jeune femme qui sait ce qu'elle veut. Il est en bleu, elle est en rouge. Il est compliqué à l'extrême, doté de sept soeurs. Elle est fille unique, et d'une simplicité directe et désarmante. Comment voulez-vous résister?

 

 

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Paul Thomas Anderson Criterion
24 février 2019 7 24 /02 /février /2019 17:06

Il va falloir s'habituer à dire "feu Stanley Donen", mais il reste ses films. Et quels films! Et au sommet, si on s'en tient bien sûr aux oeuvres qu'il a réalisées tout seul, se trouve Charade, le "meilleur film d'Hitchcock qui n'ait pas été réalisé par Hitchcock", comme on dit... Pourtant Charade n'est pas qu'un pastiche formidable, c'est une leçon de style, un plaisir jamais coupable et pour finir cet encapsulage rapide d'un classique, une sorte de film définitif, oeuvre parfaite en tous points...

L'intrigue, adaptée par Peter Stone de son roman, concerne Regina Lampert (Audrey Hepburn): cette jeune Américaine est mariée depis quelques temps à Charles, un homme dont elle souhaite divorcer, ce qu'elle exprime lors d'une de ces très longues vacances dans lesquelles elle se trouve seule. Ou du moins, sans un mari parti en vadrouille on ne sait pas trop où, pour ses affaires... mais Charles est mort: nous l'avons vu dans la très économique scène d'ouverture, jeté d'un train, en pyjama. Regina ne le saura qu'en arrivant à Paris, où elle commence à constater qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond... 

En effet, son mari est mort en tentant de disparaître, après avoir mis à sac leur propre appartement Parisien, dans lequel il ne reste plus rien... Il a tout vendu, et en a tiré $250 000, dont personne ne trouve la moindre trace. Plus grave encore: Regina apprend que Charles, de son vrai nom Voss, était un aventurier, qui a participé durant la guerre à une mission avec d'autres mercenaires, et pas des tendres. Ils en avaient tiré une somme d'argent colossale, appartenant de droit aux Etats-Unis, mais Voss s'est volatilisé dans la nature en compagnie de l'argent... De plus, lors des funérailles, Regina Lampert voir débarquer trois personnages très louches, qui s'avèrent mes anciens "compagnons" de Charles: Ned Glass, George Kennedy et James Coburn composent des fripouilles formidables, menaçants, mais pas sans ressource comique.

Et pour compléter la galerie de personnages, il faut compter sur le fonctionnaire des services secrets qui "convoque" Regina: Bartholomew, interprété par Walter Matthau, est un père tranquille qui ne mâche pas ses mots, et qui va assister à sa façon la veuve. Comment oublier le personnage le plus mystérieux de tous, l'homme séduisant qui approche Regina dans les alpes lors des scènes d'ouverture, puis la retrouve à Paris en changeant de nom à chaque nouvelle scène? Ami, ennemi, ou... amant? En tout cas, Cary Grant.

C'est formidable: bien sûr, la référence du pastiche est évidente: Donen ne s'est sans doute pas remis de North By Northwest, dont il prétend adopter le style. Mais d'une certaine façon, cette imitation débouche justement sur un style profondément naturel: jamais le jeu des acteurs n'est forcé jamais la mise en scène ne prend le pas sur l'action, l'intrigue linéaire, ou le plaisir et l'humour. Tout se fond dans une cohérence rare... Et pourtant le metteur en scène a réalisé son film loin du confort des studios, le plus souvent dans Paris même... 

Et sous cette élégante chasse au trésor disparu Donen reprend à son compte l'idée d'Hitchcock d'organiser son personnage principal autour du vide: un trésor mythique détenu par un homme sans nom qui a cherché à disparaître et vient de perdre la vie en emportant une partie de ses secrets, cherchés par des êtres plus ou moins apatrides, et un inconnu séduisant, mais incapable de garder le même nom et la même profession... Mais dans North by northwest, c'est Roger O. Thornhill ("O stands for nothing"), le héros publicitaire, qui n'était rien ni personne avant d'assumer par erreur l'identité d'un homme qui n'existe pas, et se mettre à exister. Regina, elle a une vie, bien définie, des amis, et sans doute un gros manque affectif... Elle se confie dès sa première apparition, et toutes ses confrontations avec Cary Grant vont déboucher sur un flirt d'une fraîcheur et d'une franchise désarmante. Donen et ses acteurs réussissent à acquérir une liberté de ton qui permet aux personnages de jouer un marivaudage qui n'est jamais une digression, et avec la complicité de Henry Mancini, ils vont même parfois faire passer l'enquête au second plan. 

Sans jamais dévier, sans aucun moment faible, et avec le sourire. Sauf... dans une scène de suspense formidable dans le métro, où Donen montre que le film noir était un style avec lequel il savait jouer sans aucun problème, même si on était loin de l'attendre sur ce terrain. Mais film noir, comédie ou pastiche, rien n'y fait: ce film, comme tant d'autres de Donen, parle de la même chose: le mariage, au rayon "raté" du magasin. Catégorie "seconde chance"... fouillez un peu dans la filmographie et vous verrez que Donen, soit franchement, soit métaphoriquement (Gregory Peck et son métier dans Arabesque, et Gene Kelly et sa partenaire dans Singing in the rain), tournait toujours autour de ce thème...

Mais jamais avec une aussi époustouflante réussite. 

 

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Published by François Massarelli - dans Stanley Donen Criterion Cary Grant
25 janvier 2019 5 25 /01 /janvier /2019 10:26

Cette comédie noire comme le charbon est sans doute l'un des films les plus grand public de Gus Van Sant, en même temps qu'un de ses projets les plus élaborés en matière de narration... Plus que l'ascension d'une intrigante plus ambitieuse que quiconque l'a jamais été, il raconte le désir de cette jeune femme de réussir, et les dégâts ainsi causés.

Suzanne Stone (Nicole Kidman) est une jeune présentatrice de météo sur une chaîne locale insignifiante, dont le mari (Matt Dillon) a été retrouvé mort. Et, le générique nous l'apprend à travers des coupures de journaux, elle est soupçonnée d'avoir commandité le meurtre... Un certain nombre de témoins vont se succéder face à la caméra: Janice (Illeana Douglas), la soeur du défunt, qui est interrogée sur le lieu de ses entraînements (elle est patineuse), mais aussi Ben (Wayne Knight), l'employeur et collaborateur interrogé dans son studio de télévision; les parents de Suzanne (Kurtwood Smith et Holland Taylor) mais aussi ses beaux-parents, les Maretto (Dan Hedaya et Maria Tucci) sont quant à eux interrogés sur un plateau de télévision, d'une émission qui s'appelle The Suzanne Stone Show... Enfin deux adolescents, Jimmy et Lidya sont également amenés à témoigner: Jimmy (Joaquin Phoenix) en prison, et Lidya (Allison Foland) devant chez elle, dans un taudis au milieu des sous-vêtements qui sèchent...

D'une part, la caricature est féroce, réjouissante et sardonique, avec de gros traits soulignés avec adresse. Mais surtout l'ensemble du film est lié à une petite idée toute simple: toute cette histoire est introduite par la principale protagoniste elle-même, qui semble répondre à la sollicitation d'un intervieweur, et "vendre" sa propre histoire, celle qui lui a donné enfin ce qu'elle désire depuis toujours: elle est devant les caméras, et tout le monde la regarde, faisant enfin d'elle quelqu'un... Pas comme son mari, cet imbécile qui ne rêvait que d'une chose: une vie tranquille, avec des enfants...

Nicole Kidman est donc en registre poupée Barbie, en forçant avec génie le trait de l'égoïsme et du crétinisme total de son personnage: ce qui est souvent savoureux, mais volontiers grossier. Mais le format télévisuel choisi par Van Sant est justement l'occasion d'abandonner toute subtilité, qui serait dans ce contexte, totalement hors sujet. Les couleurs du film, ses décors, renvoient souvent au décorum et au faux assumé par la télévision, que ce soit dans les talk-shows ou dans les publicités, voire dans les sitcoms. Et Kidman se plie à cette règle du début à la fin.

Mais la narration est fabuleuse puisque si nombre de personnages, sitcom oblige, sont faits d'une seule pièce (Jimmy, l'ado qui n'a rien compris et qui parle de masturbation au bout de vingt secondes de son interview, ou encore Larry, le mari qui n'a pas compris grand chose non plus de ce qui lui arrive, joué par un Matt Dillon décidément excellent), ça n'empêche jamais le film de nous permettre de voir des zones d'ombre, des portes vers d'autres possibilités: notamment Janice, dont des fragments de la vie nous apparaissent ça et là, de façon troublante. Et si le film avait été l'histoire d'une patineuse ambitieuse? Et si sa jalousie était motivée par autre chose que le simple dégoût d'avoir vu son mari s'enticher de celle qu'elle considéère comme, disons, la "pire conne"? 

Comme pour nous instruire malgré nous, au milieu de cette narration en forme de soupe télévisuelle génialement restituée dans toute sa crasse, Van Sant a glissé un plan de quelques fractions de secondes, qui nous renseigne sur le futur de la principale protagoniste de ce jeu de massacre. Un plan perturbant parce qu'incompréhensible la première fois qu'on le voit. Mais à la fin, tout deviendra clair.

Ce "Citizen Suzanne Stone" est riche, réjouissant, et noir, le disais-je. Et aujourd'hui plus que jamais, ce portrait d'une ambitieuse (Toujours filmée à proximité d'un téléviseur, d'un micro, ou d'une caméra) est un visage horrifiant de l'Amérique à son pire. Dont je m'empresse d'ajouter qu'il s'agit aussi d'un film Américain, que seul un Américain aurait pu faire... et réussir.

 

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Published by François Massarelli - dans Gus Van Sant Comédie Criterion
1 janvier 2019 2 01 /01 /janvier /2019 10:30

Pour faire court: un film de science-fiction dystopique, à vocation profondément écologique, avec un message d'espoir (mais à peine, quand même, car l'avenir n'est pas rose), et qui plus est visible en famille, ça ne court pas les rues. Quand en plus on y rigole, que demander de mieux? Wall-E est une merveille! 

Dans un avenir très, très lointain, la terre est totalement désertée. Seuls sans doute, quelques organismes survivent (nous savons qu'un cafard, par exemple, est bien vivant, et même bondissant!), et la seule activité semble être celle d'un robot nettoyeur, qui se nomme Wall-E (Waste Allocation Load Lifter, Earth Class: un nettoyeur de déchets, en gros), et qui a reconstruit une sorte de petit univers personnel autour des objets qu'il décide de garder... Il va faire une rencontre, celle de EVE (Extraterrestrial Vegetation Evaluator), une jolie robote dont la mission est de venir sur terre pour trouver des traces de végétation. Et... Elle en trouve!

Elle est envoyée de l'espace, où un vaisseau en perpétuel transit conduit les humains vers nulle part. Habitués à leur sort, immobiles et résignés, ces bibendums ont bien besoin qu'on leur secoue les puces, c'est ce qui va arriver! 

Au-delà même de sa métaphore et de son intrigue parfaitement construite, Wall-E est une réussite à tous les niveaux, par son esthétique (on évite l'abominable écueil de Cars), par son scénario, par ses personnages, mais aussi par le choix de mise en scène, de doser en les faisant progresser, les péripéties:: au début, nous sommes face aux aventures Tatiesques d'un petit robot quasi muet, puis le dialogue s'installe peu à peu, ainsi que les rencontres.

La mise en scène fait un grand usage d'un geste, qu'o retrouve dans tous les stades de l'intrigue, et qui est d'abord le signe d'humanité retenu par Wall-E: prendre la main de quelqu'un. Ce que vont faire les humains à leur tour en se redécouvrant au fur et à mesure... Un geste simple, donc, mais riche de sens dans un message que d'aucuns trouveront probablement gnan-gnan. Tant pis pour eux...

C'est constamment merveilleux, souvent très drôle, et d'une richesse insoupçonnable. Pixar et Stanton ont ancré leur film dans l'histoire du cinéma, en faisant de Wall-E un romantique qui se regarde Hello Dolly pour se raccrocher à l'humanité. De même, lors de son "éveil", un humain cherche sur son ordinateur des infos sur les plantes, et tombe sur un plan extrait de A corner in wheat, de Griffith! Plus tard, sa (re)découverte de la station debout est l'occasion de ressortir du placard Also Sprach Zarathustra, de Richard Strauss! 2001, encore et toujours... Mais Wall-E ne se contente pas de se placer dans l'histoire de la science-fiction et du cinéma, c'est un grand film surprenant, à voir et revoir séance tenante.

 

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Published by François Massarelli - dans Pixar Disney Andrew Stanton Criterion
30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 15:45

C'est à son retour des Etats-Unis, peu de temps après la Libération, que Duvivier a tourné ce film, une adaptation de Simenon, violente, noire et désespérée. Un film bien dans sa manière, au fond, qui n'a pourtant pas rencontré le succès public. On peut se demander pourquoi, mais pas longtemps, vous verrez plus loin... Aujourd'hui, quoi qu'il en soit, c'est un classique!

Dans une petite banlieue, à deux pas de Paris, une place de village comme une autre... Ici, pourtant, il y a eu un crime, on a retrouvé le corps sans vie d'une vieille fille, qui avait la réputation de cacher un magot. Ni les sous (7000 francs, une somme, quand même!), ni le responsable n'ont été trouvés. Mais beaucoup de gens du quartier ont "leur" coupable idéal: M. Hire (Michel Simon), un étrange bonhomme solitaire, peu aimable et dont on se méfie y compris et surtout quand il est gentil avec les enfants! C'est dans cette ambiance, avec les langues qui se délient, qu'arrive Alice (Viviane Romance). Venue retrouver son amant Alfred (Paul Bernard), elle sort de prison, et apprend très vite que c'est lui qui a fait le coup. Mais l'arrivée de la jeune femme n'est pas passée inaperçue: M. Hire, qui la dévore des yeux, l'a tout de suite "choisie"... Dans l'esprit d'Alfred et Alice, c'est une situation inespérée: ils pensent qu'ils vont pouvoir faire porter le chapeau au misanthrope! Alice commence donc à l'attirer dans un piège, auquel il sera très content de succomber...

Il y a trois actes dans ce film. Dans le premier, qui s'intéresse surtout aux allées et venues d'Alice et Alfred, Hire est un personnage lointain, mystérieux et un peu bizarre, dont Duvivier ne nous cache pas la fascination pour la jeune femme, et qui la regarde sans trop de scrupules, caché derrière les rideaux de ses fenêtres, quand elle se déshabille. On comprendrait volontiers la méfiance de la dame... Dans la deuxième partie, on en sait plus: en ce qui nous concerne, Alfred est passé aux aveux, en disant tout à Alice. C'est ici que Hire commence ses travaux d'approche, du reste: au départ, c'est lui qui indique à Alice la culpabilité de son amant; puis il tente de la tirer d'affaire, mais nous savons que la jeune femme joue un double jeu... Dans le troisième acte, on constate qu'Alfred n'a pas grand chose à faire pour persuader l'opinion de la culpabilité de Hire. Et Alice, qui a tant contribué à le faire soupçonner, est visiblement affectée par la tournure que prend les choses...

C'est là le vrai sujet, en réalité: pas l'enquête policière, pas la femme fatale, pas le double jeu des crapules, même pas la couleur locale des cons qui tombent dans tous les panneaux. Juste la mentalité de moutons de Panurge, des braves et honnêtes gens qui goberont tout tant que ça ira dans leur sens, allant jusqu'à exclure, soupçonner, dénoncer, lyncher leur voisin, parce qu'il a une sale tête (c'est Michel Simon, Duvivier savait ce qu'il faisait), parce qu'il a un nom étranger (Il s'appelle en réalité Hirovitch: Hire est un raccourci plus prudent), parce qu'il ne se prête pas aux hypocrisies de ses contemporains, parce qu'il aime une femme trop belle pour lui, parce qu'il regarde l'humanité pour ce qu'elle est, droit dans les yeux, en la prenant en photo dans toute son horreur. Et une scène située dans le premier acte, nous montre les utilisateurs d'auto-tamponneuse, se liguer contre Hire, et finir s'accumuler les uns sur les autres pour le tamponner parce que l'un d'entre eux a commencé à s'acharner sur lui...

Pourtant, sous un autre nom, Hire soigne l'humanité souffrante. Mais voilà: ce n'est pas Hire, c'est "le Dr Vargas", car lui-même semble différencier ses deux identités. Ce qui causera, indirectement, sa perte... Mais bon, il n'est pas le seul responsable, comme Duvivier le montre par sa mise en scène implacable: le responsable, c'est cet esprit bien Français, qui pendant la guerre a coûté la vie à beaucoup. Le cinéaste sait que sont morts, dénoncés par des dégueulasses, ses acteurs et amis Robert Lynen, résistant et Harry Baur, dont des salauds trouvaient "qu'il ressemblait à un juif". Pendant la guerre, ça suffisait. Au point qu'un Abel Gance remuait ciel et terre pour prouver qu'il ne l'était pas, lui! Le portrait de son pays qui transparaît dans ce film monumentalement noir et méchant, les concitoyens de Duvivier ne voulaient sans doute pas le voir...

Et pourtant, superbe étude des mécanismes qui poussent au lynchage, à l'instar de Fury de Lang, ce Panique à l'interprétation hors pair (Viviane Romance et Michel Simon surtout) et à la rigueur explosive (cette façon de dresser les lieux du crime, de glisser un cadavre au petit matin, de montrer les ragots, de caractériser un salaud rien que le faisant dire une saleté, comme ça, entre deux parties de billard... Ces plans mobiles, à la caméra qui est sûre de son fait, et qui souvent, vient d'en haut: le point de vue de LA morale!) rejoint Le grand jeu de Feyder, Le jour se lève de Carné, et Le Corbeau de Clouzot, dans le cercle très fermé des très grandes oeuvres du noir à la française. En espérant que ce soit bien un reflet du passé.

Mais honnêtement, j'en doute.

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Noir Julien Duvivier Criterion
23 décembre 2018 7 23 /12 /décembre /2018 15:49

Juste une petite note au passage, pour rappeler qu'il existe, dans l'ombre de Citizen Kane, un film fascinant et hélas aujourd'hui mutilé de façon irréversible, mis en scène par le même réalisateur certes, mais un Orson Welles qui a décidé de ne pas jouer dans ce deuxième opus. Le film est certes connu des cinéphiles, mais méconnu par ailleurs, et si on en avait une copie complète, on serait devant un film dont beaucoup pensent qu'il serait sans doute supérieur à son aîné...

The magnificent Ambersons se voulait une saga intimiste au vitriol qui se promène dans l'âme américaine du début du siècle, en utilisant toutes les ressources de la mise en scène de la même façon que Citizen Kane, mais sans passer d'une époque à l'autre. Au contraire, la chronologie est totalement respectée. En revanche, un narrateur (Welles lui-même) s'implique jusqu'à commenter de façon ironique certains éléments du début. Le film part sur un ton badin, sur un rythme de comédie également, en établissant les aventures peu glorieuses de Gene Morgan (Joseph Cotten), amoureux depuis toujours d'Isobel Amberson (Dolores Costello), jusqu'au jour ou une mauvaise idée de sérénade l'a ridiculisé aux yeux de tout le quartier. Une scène dont découlera toute la descente aux enfers qui suivra, mais cette scène-clé, séminale même, est traitée volontairement dans les trois premières minutes, comme un aparté comique. 

Du coup, la belle a consacré son coeur à un autre, et Gene est parti se faire voir ailleurs... De l'union d'Isobel Amberson et Wilbur Minafer, un fils est né, un odieux personnage qui une fois adulte a croisé le chemin de Lucy, la fille d'Eugene Morgan... Et à partir de là, le film se pare de couleurs de plus en plus sombres, et les rancoeurs, malentendus, malédictions sociales, vengeances de vieilles filles (Agnes Moorehead, géniale dans le rôle ingrat et fascinant de la tante Fanny, éternel second couteau derrière la belle Isobel) et comportements plus ou moins égoïstes vont hélas prendre le dessus sur la vérité des sentiments.

La mise en scène de ce film, faite de plans au plus près des personnages, de plans-séquences ahurissant, d'une composition étonnante mêlant des avant-plans sombres et des arrière-plans lumineux (Après Gregg Toland sur Kane, Stanley Cortez est à la manoeuvre), utilisant le son off comme jamais, est aussi incroyable que celle de Citizen Kane, mais la virtuosité est ici plus concentrée sur l'objectif linéaire d'une histoire à conter. Il n'y a pas tant un puzzle à résoudre ici, qu'un ensemble de scènes familiales ou sociales dans lesquelles les conflits se font jour, se résolvent, et engendrent des brisures et des drames personnels. Un poison méchant fait ça et là son apparition, mais on a pourtant la capacité de s'attacher à tous les personnages, y compris à l'insupportable George Amberson Minafer (Tim Holt), dont dans un premier temps on attend qu'il reçoive sa correction, mais dont la correction sera tellement cruelle qu'on en souffre pour lui... Je rejoins les nombreux critiques qui pensent que Welles ici agit comme un Stanley Kubrick qui aimerait, exceptionnellement, ses personnages!

Le destin du film sera cruel aussi, peu éloigné de celui de Greed, un autre film dont la mutilation est célèbre. Testé devant un public inapproprié, le film a été remonté par Robert Wise, trahi par rapport à la fin choisie par Welles, et resserré. Quarante minutes précieuses en ont été retirées, détruisant une structure ingénieuse sur laquelle Welles, mais aussi Bernard Herrman, avait basé leur travail respectif: le metteur en scène avait pensé à tout un enchaînement d'échos, qui suivait une évolution précise... Certaines scènes ont été retournées, voire ajoutées, et donc tournées par d'autres, Welles étant à l'époque absent. Hélas, comme pour le film de Stroheim (un autre film inclassable sur une certaine Amérique), on n'a pas retrouvé les éléments manquants, et il à peu près certain qu'on ne les retrouvera plus. En attendant, il faut pouvoir voir, en l'état, ce film superbe de temps en temps, et rêver qu'un jour, dans le grenier d'un collaborateur de la RKO, on trouve... Mais non.

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Published by François Massarelli - dans Orson Welles Criterion
2 novembre 2018 5 02 /11 /novembre /2018 18:17

Dans la rigoriste Nouvelle-Angleterre du XVIIe siècle, on brûle une famille de sorciers, dont Jennifer, une jeteuse de sorts particulièrement espiègle, qui décide de maudire la famille Wooley, ses tourmenteurs, en les condamnant à échapper à l'amour. Ce que chaque descendant va, en effet, expérimenter. Emprisonnés dans un arbre, les esprits des sorciers vont se tenir tranquille... Jusqu'à 1942, lorsqu'un orage détruit le vénérable chêne qui les empêchait de sortir. Le père, Daniel (Cecil Kellaway) et Jennifer (Veronica Lake) vont donc reprendre forme humaine et repartir au charbon: tourmenter les Wooley, c'est un peu l'affaire de leur vie!

Sauf que ce que Jennifer n'a pas prévu, c'est qu'en tentant d'empoisonner la vie de Wallace Wooley (Fredric March), qui s'apprête à se marier (avec une Susan Hayward en mode méchante) mais aussi à se faire élire en douceur avec l'argent de beau-papa gouverneur du Massachussetts, elle va en réalité tomber profondément amoureuse de sa victime.

...Mais en attendant elle lui en fait voir de toutes les couleurs. Marier le fantastique, la comédie, et les sentiments, c'est un peu l'obsession de René Clair, depuis Paris qui dort jusqu'aux Belles de nuit, en passant par Le fantôme du Moulin Rouge, The ghost goes west, et La beauté du diable! Il y réussit brillamment ici, grâce d'abord à un scénario suffisamment fantaisiste, et à des acteurs tout à fait capables de le suivre dans son délire (de même que des effets spéciaux bien dosés, même s'ils restent vénérablement limités...). Le film se nourrit beaucoup de l'esprit de la screwball comedy, dans laquelle le duo Veronica Lake (excellente ici) et Fredric March sont très à l'aise. Et un mariage qui ne veut pas se faire permet à René Clair de rejouer une variation sur son célèbre chef d'oeuvre de 1927, Un chapeau de paille d'Italie, pour notre bonheur...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie René Clair Criterion
28 octobre 2018 7 28 /10 /octobre /2018 10:35

Le 5 novembre 1968 (c'est un mardi) George (Warren Beatty) est coiffeur, et il jongle avec ses maîtresses: ce sont aussi ses clientes, à croire d'ailleurs qu'il couche avec absolument toutes les femmes qu'il coiffe... Mais nous allons surtout nous concentrer sur Jill (Goldie Hawn), qui est en réalité sa petite amie officielle; Felicia (Lee Grant), l'épouse du riche Lester (Jack Warden), et aussi Jackie Shaw (Julie Christie), qui se trouve être la maîtresse du même Lester. En ce jour éminemment présidentiel, en effet, George a du pain sur la planche: bosser (un peu), solliciter un prêt à la banque, honorer ses rendez-vous avec Felicia, venir en aide à Jill qui panique, coucher tant qu'à faire avec la fille (Carrie Fisher) de Lester histoire de compléter le tableau de chasse, et apparaître à une soirée électorale en compagnie de Jackie, invitée par Lester, donc Felicia est présente, mais tant qu'à faire Jill s'est elle-aussi retrouvée sur la liste des invités...

Difficile de résumer ce film dont l'action est circonscrite sur 26 heures environ d'un mardi électoral; amusant d'ailleurs de constater que ce film qui nous conte les premiers instants de l'ère Nixon, est sorti juste après la fin chaotique de sa présidence! Pour autant, le film n'est pas consacré à la politique, et ce rappel subliminal sert surtout à situer, de façon narquoise, dans l'esprit du spectateur, cette histoire de libération sexuelle sans queue ni tête (si j'ose dire), récupérée par ceux qui la dénonçaient probablement à l'époque des faits: c'est que George, le coiffeur pas très fin (incapable de réfléchir, il n'arrive pas à répondre autre chose que des platitudes quand on lui pose une question, est persuadé que sa réputation de coiffeur lui permettra de décrocher sans problème un prêt, et n'a qu'un adjectif à son vocabulaire: "Great!". C'est une brave andouille, traite , quelqu'un qui n'a aucune arrière-pensée quand il couche avec une femme, mais la réciproque n'est sans doute pas vraie: Jackie couche avec lui parce qu'il a couché avec sa rivale, et la fille de Felicia couche avec lui parce qu'elle déteste sa mère! 

De son côté, Lester incarne le mâle Américain arrivé, conservateur, homme de pouvoir, sûr de son bon droit, mais qui constate avec curiosité que la liberté sexuelle est là et bien là (à un moment, il répond favorablement à l'invitation d'une jeune femme nue, d'aller se baigner avec elle: "pourquoi pas?", avant de se raviser pour aller chercher une serviette). Mais il est surtout le maître du jeu, celui autour duquel tout le monde finit par tourner. Après tout, ce sont ses femmes, c'est sa réception, sa maison, et même son jacuzzi... A la fin, il accepte de financer George avec son argent, qui va, sans avoir trop compris ce qui lui arrivait, devenir son coiffeur...

La libération sexuelle est donc vue du point de vue de ceux qui n'y ont pas succombé à temps, elle est devenue un gadget, repris par les conservateurs qui a pratiquaient depuis longtemps mais sous la forme de jeux de pouvoir. Les femmes qui se battent (et la portrait est parfois particulièrement acide) dans le film se feront avoir dans l'avenir comme elles l'ont subi par le passé, et George, quant à lui, continuera probablement à bosser pour les autres, éternel second couteau parce qu'il est trop bête pour aller plus loin, et puis... Il est gentil. Trop gentil: la preuve, il ne sait pas dire non...

Hal Ashby, qui s'est manifestement amusé à recréer certains aspects de 1968, traite le film comme un film en costumes, mais surtout s'ingénie à recréer cet entre-deux si spécifique aux années 60 finissantes: un moment durant lequel les moeurs se libèrent, mais on ne s'attend pas à ce qu'une femme ose dire, en pleine réception Républicaine, "I just want to suck his cock", ce qui est suivi d'une tentative de démonstration. Une phrase qui résume à elle seule, le pouvoir acide de ce film qui met avec une certaine jouissance (pour ne pas continuer à jouer sur les mots) les pieds dans le plat. On y trouve un irrésistible air de famille avec l'admirable Being there, satire politique qui, également, repose sur l'inadéquation d'un personnage décalé.

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Hal Ashby Comédie Criterion
25 octobre 2018 4 25 /10 /octobre /2018 17:12

Gu Shengzai (Chun Shih), un jeune homme qui vit chez sa mère, fait dans son village la rencontre de l'aventure, en venant (un peu) en aide à miss Yang (Hsu Fen) et ses amis, qui tentent de fuir la police politique de l'empereur. Ils vont vivre beaucoup d'aventures, et tomber amoureux, mais ils seront condamnés à vivre à l'écart l'un de l'autre, car leur lutte du bien contre le mal les force à abandonner tout lien avec le monde, et chercher le salut spirituel...

...Ou du moins c'est plus ou moins comme ça que je le comprends, car ce film hautement esthétique, derrière sa science impressionnante des combats (très impressionnants, mais j'y reviendrai), reste quand même assez hermétique philosophiquement au profane que je suis. 

Mais esthétiquement, pardon! on comprend la belle réputation de King Hu et en particulier de ce film, quand on voit la façon dont il utilise le Techniscope (un format pourtant ingrat), et montre de magnifiques décors naturels qui suivent le cheminement spirituel, et deviennent de plus en plus austères au fur et à mesure du film; ou encore, on peut admirer son sens du montage, qui réduit parfois des plans spectaculaires à un flash pour faire passer la pilule de combats tous plus improbables les uns que les autres: on saute sur d'invisibles trampolines, on s'agrippe à des bambous, et chaque geste est réglé dans une diabolique chorégraphie, sans parler des loopings que font immanquablement les combattants avant de tomber gracieusement au sol: ça a l'air un eu crétin dit comme ça, mais c'est toujours beaucoup plus décent que tout Marvel, avec leurs petits marteaux et leurs boucliers à la noix.

 

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Published by François Massarelli - dans Taïwan Criterion