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6 juillet 2023 4 06 /07 /juillet /2023 07:54

Trézignan, Vaucluse... La ville se meurt doucement dans l'indifférence générale. Afin de faire revenir les touristes, les édiles décident de déterrer une histoire vieille de quarante ans, quand la famille Saint-Forget s'est soudain agrandie de cinq garçons, dont on va justement célébrer le 40e anniversaire. Malgré l'opposition de leur père Edouard (Fernandel), le docteur du village (Edouard Delmont), qui est également leur parrain, se met en quête des cinq garçons, Alain (Fernandel), Bernard (Fernandel), Charles (Fernandel), Désiré (Fernandel), et Etienne (Fernandel)... Mais il va devoir faire le tour du mond epour les trouver...

Le coup des quintuplés, c'est sans doute une idée de génie, du genre qui vous fait automatiquement un film à partir du moment où il y aura une star à montrer par cinq... non, six reprises, avec le père des quintuplés! Pourtant le film ne s'arrête pas au gimmick, ni à une série éblouissante de numéros d'acteur, le singulier ici étant bien sûr totalement volontaire.

Certes, avec ce film on est en pleines années 50, en plein cinéma populaire aussi, et Verneuil qui tournera si souvent avec Fernandel est parfaitement à l'aise avec la star ombrageuse... Dans un film taillé pour lui. Qui dit film populaire dit parfois facilité, mais aussi d'une certaine façon capsule temporelle! On pourra toujours objectetr que le passage sur Alain "de" Saint-Forget, le propriétaire d'un institut de beauté des plus chics, est quand même souvent le prétexte à d'insistants déshabillages (et c'est vrai), mais cette représentation d'un profiteur des trente glorieuses qui se délecte de sa célébrité, est assez bienvenue... Chaque "frère" Saint-Forget fait partir le film dans une nouvelle direction, mais la présence de Delmont, fil rouge impeccable, ne nous fait jamais oublier l'intrigue de base. Fernandel va au bout des possibilités de chacun des frères, et va jusqu'à une étonnante auto-parodie avec l'un des frères, qui offre une réminiscence inattendue d'un héros célèbre joué par l'acteur. Facile? Oui, mais drôle...

Et en prime, on a des moments de pure comédie vacharde, en particulier la première scène durant laquelle une représentation théâtrale est gâchée par la population qui se met à parler plus fort que les acteurs (dans un amphithéâtre antique); l'histoire conscrée à Désiré est jubilatoire avec Louis de Funès en croque-mort véreux, et le court échange entre Fernandel (dans le rôle du journaliste Bernard Saint-Forget) et Noël Roquevert est inoubliable... Donc on n'attribuera pas le prix Nobel du cinéma à Henri Verneuil, mais ce film reste une puissante madeleine... 

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie
1 juillet 2023 6 01 /07 /juillet /2023 07:03

Pour commencer, je suppose qu'on pourrait dire sans trop de chances de se tromper... que Sally Meyer (Ernst Lubitsch), le Berlinois du titre, est un obsédé sexuel! Un personnage de comédie à l'ancienne, qui habite la farce en se comportant avec les dames d'une façon peu conseillée: dès que son épouse quitte la pièce, il est prêt à lutiner la bonne... Sentant le soupçon s'installer il persuade un médecin de dire à son épouse qu'il a grandement besoin de changer d'air, et se rend donc dans les Alpes pour séduire des femmes. L'intention première était de se rendre en Autriche, mais il se retrouve en Bavière suite à une erreur, flanqué d'un déguisement Tyrolien pour tout le reste du film...

C'est du Lubitsch "première manière" dont on sait qu'il l'a faire cohabiter dans on oeuvre Allemande avec des films différents, dont certains très ambitieux. Rien que cette même année, il tourne trois autres films qui sont parvenus jusqu'à nous: les loufoques et avant-gardistes Die Austernprinzessin et Die Puppe, et l'imposant Madame DuBarry... Par bien des côtés, cette farce burlesque ressemblerait presque à un film de vacances à côté.. Mais Meyer aus Berlin vaut justement en tant que document sur l'évolution d'un cinéaste (et d'un acteur) qui ne va pas tarder à abandonner complètement cette partie de son univers, tout en se situant dans des décors qui seront exploités de nouveau dans ses films (en 1920, il tournera deux films en montagne, et aux Etats-Unis, Eternal love, un mélodrame...).

C'est aussi un moyen de voir le personnage qui a rendu Lubitsch célèbre et populaire, et surtout d'y déceler quelque chose que ses comédies et ses drames futurs aux Etats-Unis allaient escamoter plus ou moins durant près de 20 ans. Car Lubitsch en Allemagne, dans son rôle d'acteur de comédie, ne faisait pas mystère de ses origines, et tout renvoyait effectivement à un personnage Berlinois ET Juif. Un caractère qui serait devenu probablement "trop ethnique" et trop embarrassant dans le cinéma des années 20 (durant lesquelles le cinéma Européen, on en a de multiples preuves, flirte avc un antisémitisme populaire et "normalisé"). Mais Lubitsch en faisait une marque de fabrique...

Meyer, flanqué de son costume Tyrolien, est en roue libre, tentant de séduire une jeune femme qui le mène par le bout du nez, et lui reste un modèle de non-sophistication absolue, avec son chapeau à plume qui est totalement déplacé... Pour le reste ce n'est pas la halte la plus fascinante de son oeuvre, c'est une comédie un peu lourde à l'humour d'un autre suècle... littéralement. Mais cette tendance comique était partie intégrante de son style à l'époque où cet immense cinéaste s'est révélé... 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Ernst Lubitsch 1919 Comédie **
28 juin 2023 3 28 /06 /juin /2023 15:54

Un touriste d'une obscure république des Balkans arrive à New York, à l'aéroport John F. Kennedy. Il y a un problème: son passeport est refusé. Après un temp, Viktor Navorsky (Tom Hanks) apprend que son pays a été l'objet d'une révolution soudaine, et le gouvernement Américain a pris la décision de mettre en standby toute immigration ne serait-ce que pour quelques jours... Il est donc obligé d'attendre à l'aéroport, ne pouvant ni être admis à le quitter, ni être renvoyé dans son pays en raison de l'incertitude. Les officiels de l'aéroport, ainsi que les gens qui y travaillent, à tous les niveaux, vont devoir faire avec sa présence... 

Totalement inattendu à l'époque de sa sortie, ce film est devenu un peu l'un des vilains petit canards au regard de sa situation: même après des oeuvres aussi exigeantes et ambitieuses que The Color Purple, Schindler's list ou Saving private Ryan n'ont pas préparé le grand public à ce que l'auteur de Jurassic Park réalise l'histoire d'un homme coincé entre l'Europe en mutation, et l'Amérique frileuse, sans aucune scène spectaculaire, ni invasion d'alien! Mais Spielberg, héritier éternel de Ford, Capra, Wellman, Curtiz et Hitchcock, souhaitait aussi questionner les valeurs Américaines d'accueil, et le rayonnement international du pays, à travers cette histoire d'un homme coincé dans un aéroport... Et en cette époque troublée, 3 ans après le 11 septembre, c'était vraiment approprié.

Pourtant le film est basé sur une histoire totalement Européenne: un réfugié Iranien a en effet du attendre 18 ans à l'aéroport Charles de Gaulle, ayant perdu son passeport de réfugié: au moment où le film sortait, il y était d'ailleurs encore pour deux ans... Mais Viktor Navorsky, venu pour une mission affective et familiale d'une importance capitale à ses yeux, sera en butte à la frilosité d'un personnel administratif incarné par l'excellent Stanley Tucci. Le directeur de l'aéroport est en effet constamment persuadé que la seule façon de traiter les cas d'immigration est la méfiance... Il est même prêt à pousser Viktor à s'échapper de l'aéroport de manière à ce qu'il ne puisse être responsable de lui. Il incarne à merveille l'amérique des années Bush... 

De son côté, Navorsky est un prétexte pour Hanks et Spielberg de rendre un hommage assez clair à Jacques Tati: Viktor navorsky, incapable au début du film d eparler ou de comprendre l'anglais, est un électron libre, très libre même au vu de son esprit, lâché dans un univers qu'il rend immédiatement absurde de par sa seule présence. Cet aspect sera surtout palpable dans les  premières minutes du film, qui installent une ambiance mi-amère (Viktor est, après tout, un indésirable dans ce pays), mi-burlesque (Viktor est dans un entre-deux, et observe, et nous fait observer avec lui ce qui fait un aéroport). Mais on est quand même dans un feel good movie, assez classique, dans lequel une bonne part de l'intrigue sera véhiculée par la parole, c'est le prix à payer...

Mais seul un dialogue, probablement, pouvait faire passer une étonnante histoire qui crée une attente chez le spectateur: pourquoi Viktor se retrouve-t-il à New York, avec une boîte de conserve? Nous l'apprendrons, et c'est une jolie histoire, d'ailleurs liée à un fait authentique, une mythique photo de Harlem en 1958, sur laquelle sont rassemblés quelques-uns des jazzmen les plus importants de l'époque. Je vous laisse découvrir cette étonnante odyssée d'un homme à la recherche d'un moyen de finir son deuil, qui nous permet en prime de bénéficier de quelques images et de quelques sons du grand Benny Golson, l'un des très grands saxophonistes ténors, qui s'est laissé convaincre d'apparaître dans le film. en parlat de musique, John Williams, qui a montré l'etendue de sa versatilité avec un score extraordinaie dans Catch me if you can, s'amuse comme un gosse à saupoudrer une partition très légère, d'épices héritées d'Europe de l'est...

Et pour le reste, on s'attachera à cette histoire tranquille et tendre, qui prend son temps, qui permettra à Viktor Navorsky de passer à côté d'une histoire d'amour avec Catherine Zeta-Jones (Hulot, jusqu'au bout), dans un décor certes immense, mais qui reste quand même unique, une zone de transit où un homme a du s'installer contre son gré, avant de pouvoir enfin faire ce qu'il était venu faire: célébrer la culture admirable du pays qui aurait du l'accueillir, mais...

 

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg Tom Hanks Comédie
28 juin 2023 3 28 /06 /juin /2023 08:46

Charley Chase, en jeune homme bien sous tout rapport, doit épouser la jeune femme que son père lui a choisi, sans la connaître, mais il rencontre une jolie personne, jouée par Martha Sleeper, et il décide de faire capoter le mariage arrangé en se faisant passer pour un cinglé. Et bien sûr lorsqu'il a tout fait pour se griller (mais alors vraiment tout!), il découvre que la fiancée qu'on lui destine n'est autre que la jeune femme dont il est tombé amoureux...

Modèle de rigueur, comme d'habitude avec les courts métrages burlesques de McCarey, le film est l'occasion de voir toute la palette des capacités aussi bien de Chase qui s'amuse ici en permanence,que de sa partenaire l'excellente Martha Sleeper, dont je ne me lasse pas de voir la façon dont elle utilise ses yeux pour aller toujours plus loin. Et n'oublions pas que contrairemnt à Katherine Grant, souvent excellente en partenaire de Chase mais généralement cantonnée à un comique de réaction, c'est une authentique comédienne, qui joue physiquement.

En 25 minutes, un univers bien réglé, très typique de ce que les années 20 pouvaient montrer dans les films (soit des gens aisés, qui donnent des réceptions somptueuses) va gentiment se transformer en un monde chaotique et mené par la prétendue folie d'un ou deux personnages... Mais sans anarchie, non, tout en douceur et en amabilité...

Pourtant les gags autour de la folie visuelle sont nombreux, savoureux, et tellement bien amenés... L'exposition prend sans doute son temps, mais elle nous donne non seulement l'intrigue, on a les personnages en prime! L'alchimie entre Chase et Sleeper fait pousser des soupirs de satisfactions (Muets, bien sûr). Et en prime, le quidam devant lequel Charley s'entraîne à faire le fou, n'est autre qu'Oliver Hardy. Une victime courante chez Charley Chase...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charley Chase Leo McCarey
28 juin 2023 3 28 /06 /juin /2023 08:38

Tourné en mai 1924, soit une fois que les premiers films d'une bobine de Chase ont commencé à faire leur effet sur le public, ce petit film d'une dizaine de minutes a ensuite connu le destin de tant d'autres films muets: il a disparu. C'est tout simple: tirez dix copies d'un film, détruisez le négatif, usez les copies jusqu'à la corde, et enfin celles qui restent à peu près exploitables, laissez-les pourrir sur place jusqu'à décomposition. Voilà ce qui est arrivé à 75% du cinéma muet.

Heureusement, parfois, un film fait surface, voire la moitié d'un film, voire un fragment. C'est mieux que rien, mais ça fera toujours râler les cinéphiles, de savoir qu'on puisse voir aujourd'hui baucoup de films certes, mais qu'une période aussi importante ne nous soit connue que par bribes. Quant à ce film, réalisé par McCarey, on se doute qu'il était aussi recommandable que les autres de la série. Et on peut toujours se régaler des quelques minutes fixées heureusement pour la postérité dans cet extrait, qu'on peut voir ici in extenso: il se passe de commentaires, donc pour une fois... je me tais.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charley Chase Leo McCarey
17 juin 2023 6 17 /06 /juin /2023 09:17

Vers 1810, Emma Woodhouse (Anya Taylor-Joy) est entremetteuse; non que ce soit son métier: c'est plutôt un hobby, auquel elle s'attelle au risque d'en souffrir des conséquences: sa dame de compagnie vient par exemple de se marier, et du coup laisse Emma seule... Celle-ci, qui a juré de ne pas se marier (ce qui ne l'empêche jamais de porter de l'intérêt pour les plus beaux partis de la région) commence donc à s'occuper des affaires de la jeune Harriet Smith (Mia Goth), une jeune pensionnaire pauvre d'un institut local pour jeunes femmes. Elle en fait sa nouvelle dame de compagnie, et les intrigues se multiplient, autour de riches propriétaires et autres pasteurs...

En apparence, il n'y a pas de lien prononcé entre la bonne société anglaise telle que décrite par Jane Austen dans son roman, et le monde dans lequel nous vivons... Et Autumn de Wilde, photographe dont ceci est le premier long métrage, s'est énormément intéressée à l'esthétique dans ce que d'aucuns (les critiques sont assez clairs) considèrent comme un film totalement vide de sens! Toujours cette obsession de vouloir éviter faire du cinéma un plaisir. Pourtant, cette adaptation, en choisissant de privilégier la forme et en le faisant brillamment, ne manque ni d'allure, ni d'épices...

On n'a pas une lecture trop modernisée non plus, ce qui aurait probablement gâché la capsule temporelle... Car l'Angleterre du début du XIXe siècle est très bien captée ici, à travers décors, environnements, détails sociaux, et manières... Qu'Anya Taylor-Joy soit Américaine à la base (elle est d'ailleurs la seule au milieu d'une distribution qui comprend la fine fleur des acteurs qui montent en Grande-Bretagne) n'empêche absolument pas le film de toucher un peu du doigt une sorte d'âme Britannique éternelle, à travers la mise en route de ces petites traditions d ela bonne société. En élaguant l'intrigue d emanière à garder surtout la comédie, le film rend une vision d'un autre siècle plutôt accessible.

Le film est brillamment interprété, en particulier par sa star, mais pas que: Mia Goth est délicieuse en candide qui, étant pauvre, sera la plus prompte au sacrifice, et pas qu'une fois... elle aurait pu faire glisser le film vers une plus grande amertume. Miranda Hart et surtout Tanya Reynolds en épouse excentrique de pasteur, participent d'une vision dont le vitriol, même dilué dans de subtiles doses, n'est jamais totalement absent... Par ailleurs, le sens de la composition cinématographique dans l'oeil de la photographe, est une évidence qui achève de rendre le film constamment intrigant à voir.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Jane Austen
3 juin 2023 6 03 /06 /juin /2023 10:57

Dans les années 60, à Newcastle (Yorkshire), Kempton Bunton (Jim Broadbent), un sexagénaire de la classe ouvrière, a chez lui un tableau qui a été volé, un portrait du Duc de Wellington racheté par la National Gallery à prix d'or, et qui était particulièrement mentionné par les médias. Il décide de demander, comme rançon, une somme considérable qu'il souhaite utiliser pour des oeuvres de charité. Mais à cause de la petite-amie d'un de ses fils qui menace d'exercer un chantage contre lui, il décide de rendre le tableau... Ce qui va lui occasionner, on s'en doute, bien des ennuis.

C'est une histoire vraie, une de celles qui sont si nombreuses dans le pittorsque de la Grande-Bretagne, celle d'un papy au grand coeur un rien siphonné, qui sous l'irritation qu'il provoque chez son épouse (Helen Mirren) a surtout un insondable chagrin à vivre, celui causé par la disparition accidentelle de sa fille, fauchée à 18 ans sur son vélo, et dont l'absence des années plus tard alimente une incapacité de communication entre les époux. Seul recours pour le mari, déverser son sentiment de culpabilité dans des pièces de théâtre que personne ne produira jamais!

Et pourtant c'est une comédie, un film qui fait reposer son atmosphère légère sur un personnage haut en couleurs, incapable de garder un travail plus de quelques jours, toujours embarqué dans des actions d'éclat, dont celle qui consiste dans un pays où on ne rigole pas du tout avec les taxes du quotidien, à refuser de payer sa redevance puisqu'il a décidé de se passer de la BBC sur son poste de télévision... Un hurluberlu foncièrement sympathique qui avec son bon sens, son excentricité et son bagout, tire aisément la couverture à lui.

Mais ne nous y trompons pas, sous le vernis de comédie à l'anglaise, avec numéro d'acteurs et bons sentiments, il y a aussi un portrait attachant de la classe ouvrière, d'une certaine misère aussi, incarnée par la belle inquiétude d'Helen Mirren. Le film est mis en scène de façon solide et sans nécessairement une grande imagination par le vétéran Roger Michell.

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Published by François Massarelli - dans Comédie
29 mai 2023 1 29 /05 /mai /2023 09:06

Ally (Alison Brie) est une créatrice et présentatrice d'un reality-show, qui est sur le déclin. Quand elle apprend que le réseau qui l'accueille s'apprête à l'annuler, elle décide de faire ce qu'elle n'a pas fait depuis longtemps, rentrer chez elle à Leavenworth, état de Washington, d'où elle était partie pour Hollywood avec des rêves exigeants: devenir documentariste. Sur place, elle va voir sa mère (un peu), et surtout Sean (Jay Ellis), son ancien petit ami, avec lequel le charme agit toujours. Sauf qu'il s'apprête à se marier. Ally décide de jouer le tout pour le tout et de profiter du mariage pour le reconquérir.

C'est le principal noeud à problème du film, en fait: l'idée que cette reconquête d'un amour passé puisse être effectuée lors du mariage est quand même gonflée, mais le film est particulièrement atypique, dans un genre miné par tellement de conventions qu'il en est devenu souvent insupportable. Dave Franco, dont c'est le deuxième film, a volontairement placé sa comédie sentimentale dans la lignée des films des années 80 plutôt que de cocher toutes les cases du genre actuel: sage décision. Car Somebody I used to know, porté par Alison Brie (qui est exceptionnelle de naturel) en devient profondément original, finalement, centré autour du point de vue et de la vie de l'autre femme, celle qui va tout faire pour empêcher un mariage. 

Mais surtout, on y verra que des fois, le problème dans un triangle amoureux de ce type, ce n'est pas "l'autre femme", justement, mais bien l'homme lui-même, objet de toutes les convoitises. En rencontrant Cassidy (Kiersey Clemons), la fiancée de Sean, Alison se pose en rivale, avant de voir qu'elle a beaucoup en commun avec elle. ...Ce qui lui permettra de constater qu'en épousant Cassidy, Sean revient à un schéma qui renvoie à leur relation passée: Cassidy est une musicienne avec des rêves de tournée, tout comme Ally était aspirante réalisatrice. Ally a du rompre pour accompir son rêve (plus ou moins, puisqu'elle a perdu son objectif en route) là où Sean demande justement à Cassidy de briser sa carrière pour rester avec lui.

Souvent loufoque, d'un ton légèrement (mais pas trop) décalé, rempli de personnages attachants, et mené par une actrice dont on savait déjà à quel point elle était versatile, c'est une petite halte atypique qui fait plaisir. L'équipage Brie-Franco me paraît être une équipe à suivre.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Dave Franco Alison Brie
18 mai 2023 4 18 /05 /mai /2023 09:12

Marco Montes (Javier Guttierez) est entraineur de basket, a des ennuis et un caractère particulièrement chatouilleux. Un soir, alors qu'il revient d'un match au cours duquel il a eu une altercation en public avec son supérieur, et qu'il a ensuite noyé sa déprime dans l'alcool, il a un accident de voiture impliquant une voiture d epolice. La juge fait un exemple, et il écope de 18 mois de prison... ou un service civique. Elle l'aiguille donc vers une association qui pratique le handisport pour intégrer des handicapés mentaux: sa mission va être de créer et d'entrainer une équipe de basket composée uniquement de personnes atypiques. Dire qu'il est hostile au début serait un euphémisme...

Dans le même temps, il essaie de gérer son problème conjugal: il s'est séparé de son épouse qui souhaite avoir un enfant, alors qu'il estime pour sa part qu'ils sont trop agés pour ça: il craint l'hypothèse d'un enfant handicapé...

Fesser a dès le début étét très clair, son film ne se ferait que si les acteurs qui incarnent les basketteurs handicapés étaient tous, sans aucune exception, eux-mêmes atteints de syndrômes, ou à des degrés divers de troubles du comportement, étient sur le spectre autistique, ou autre. Et bien sûr, si le but du film est de montrer l'inclusion, c'est aussi une comédie, Fesser et ses acteurs n'ayant jamais reculé devant des gags liés justement à la différence, gags auxquels les acteurs (la plupart sont amateurs) se sont prétés avec bonhomie et gourmandise. Cette exigence spécifique a du coup donné un résultat intéressant, puisque dans le film les personnages parlent souvent de bodonnages dans le handi-sport, et de titres paralympiques obtenus avec des athlètes qui ne souffraient en réalité d'aucun handicap. Cette rigueur fait le prix du film, qui serait probablement s'il était interprété par des acteurs neurotypiques juste un téléfilm lénifiant et formaté de plus...

On n'est d'ailleurs jamais très loin de ce risque, tellement le "parcours à la Disney" (une équipe de bras cassés voués à l'échec qu'une volonté et un rien de générosité, ainsi qu'une soudaine et miraculeuse ouverture d'esprit, vont propulser soudain au firmament, que ce soit en musique, en sport ou tout autre aspect) est , jusqu'à un certan point, l'option choisie. Mais Fesser a laissé la comédie faire tout le travail de séduction, et on rit énormément dans le film, jamais contre les handicapés, toujours avec eux; le piège du politiquement correct mais aussi celui du politiquement incorrect, sont tous deux savamment évités par Fesser, qui a un savoir-faire sûr en matière de timing et de rythme...

Et si inclusion il y a, c'est surtout celle de Marco, qui va s'ouvrir beaucoup plus profondément que ses "poulains". Tous, bien sûr, absolument attachants...

 

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Published by François Massarelli - dans Javier Fesser comédie
1 mai 2023 1 01 /05 /mai /2023 08:40

A un an de la présidentielle de 2021, Nicolas, ancien président (Nicolas Dujardin) est inquiet: le président actuel, Emmanuel, ne fait pas le poids dans les sondages face à la menace de «Marine», la candidate d'extrême droite. Faisant le constat qu'aucun candidat miracle ne se profile à l'horizon, il a l'idée d'aller en parler à François (François Gadebois), autre président en retraite. L'idée est de se présenter en 'ticket' pour être un recours et une barrière contre l'extrême droite. Mais surtout, surtout, on sent bien que l'idée principale c'est de retrouver l'agitation de la politique, qui manque tant à l'un, et peut-être bien aussi à l'autre même s'il s'en défend.

C'est donc une comédie, et assez loufoque s'il en est.. Le propos n'est pas, mais alors pas du tout, de tirer à boulets rouges sur la politique, plus de s'amuser des caractères de deux hommes inspirés de deux figures célèvres et incontournables des années 2000 à 2020. Les portraits ne sont jamais à 100% ceux des modèles, ce qui nous est indiqué dès le départ par un texte introductif: «Nicolas» mesure 1m82, et «François» est colérique. Si je ne suis pas sûr, justement, de la véracité de la bonhomie supposée de François Hollande (le vrai), en revanche on ne surnommait pas Sarkozy «Naboléon» pour rien. Et si les deux hommes politiques nous sont montrés en couple, les deux compagnes (une cantatrice pour Nicolas et une vétérinaire Corrézienne pour François) sont elles aussi totalement inventées.

Le moteur du film est la confontation de deux caractères, deux hommes qui se ont affrontés politiquement, parfaitement au courant l'un et l'autre des forces, faiblesses, qualités et défauts de l'adversaire. Deux hommes qui peuvent se targuer d'être en quelque sorte complémentaires, par le fait que l'un (Hollande) a été jugé durant cinq années à la mesure de l'autre (Sarkozy), mais l'autre, donc, a été battu à plate couture par l'un. Et les deux hommes qui ont tout pour se détester, finissent par acquérir une certaine complicité, au-delà d'une certaine tendance à s'envoyer de petites phrases assassines.

On s'interroge parfois sur la finalité, et le film n'est pas toujours clair au delà de la loufoquerie de son propos... Sauf quand il pose l'hypothèse d'une candidature féminine pour contrer celle des deux revenants, qui sont, on le voit bien, totalement carbonisés. Et si l'idée était justement, en creux, de montrer la mort d'une certaine idée de la politique paternaliste?

Mais je crois surtout que le film se pose un peu comme un numéro d'acteurs principalement, deux acteurs qui ont pris du plaisir à incarner leurs modèles, et qui ont été secondés avec une certaine rigueur par une galerie de portraits qui sont tous dans le droit fil de la comédie : une employée d'hôtel évaporée, deux gardes du corps (dont celui de Sarkozy, qui s'intéresse à tout et offre constamment une sorte de vision décalée du monde à son patron), ou encore quelques politiciens dépassés.

Mais faut-il le dire? Si Gadebois s'en sort très bien, jouant notamment de sa raideur et de son physique, le film est dominé, vampirisé par Dujardin, dont le Sarkozy est tellement bien rendu qu'on a du mal à ne pas le regarder (même s'il n'était pas le premier à incarner l'ancien petit président de la droite, puisque Denis Podalydès l'a fait avant lui dans La Conquête). Du coup il nous distrait parfois de l'intrigue, par son imitation troublante, dans le geste, l'attitude, la nervosité, l'incapacité à laisser reposer les choses, et une furieuse tendance à vouloir être dans l'action, jamais dans l'intellect. Et puis les montres, l'obsession du physique, les Ray-Ban... C'est troublant, vous dis-je. C'est grâce à lui sans doute qu'on se souviendra d'un film de politique-fiction qui est passé, il faut bien le dire, assez inaperçu.

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Published by François Massarelli - dans Comédie