Trézignan, Vaucluse... La ville se meurt doucement dans l'indifférence générale. Afin de faire revenir les touristes, les édiles décident de déterrer une histoire vieille de quarante ans, quand la famille Saint-Forget s'est soudain agrandie de cinq garçons, dont on va justement célébrer le 40e anniversaire. Malgré l'opposition de leur père Edouard (Fernandel), le docteur du village (Edouard Delmont), qui est également leur parrain, se met en quête des cinq garçons, Alain (Fernandel), Bernard (Fernandel), Charles (Fernandel), Désiré (Fernandel), et Etienne (Fernandel)... Mais il va devoir faire le tour du mond epour les trouver...
Le coup des quintuplés, c'est sans doute une idée de génie, du genre qui vous fait automatiquement un film à partir du moment où il y aura une star à montrer par cinq... non, six reprises, avec le père des quintuplés! Pourtant le film ne s'arrête pas au gimmick, ni à une série éblouissante de numéros d'acteur, le singulier ici étant bien sûr totalement volontaire.
Certes, avec ce film on est en pleines années 50, en plein cinéma populaire aussi, et Verneuil qui tournera si souvent avec Fernandel est parfaitement à l'aise avec la star ombrageuse... Dans un film taillé pour lui. Qui dit film populaire dit parfois facilité, mais aussi d'une certaine façon capsule temporelle! On pourra toujours objectetr que le passage sur Alain "de" Saint-Forget, le propriétaire d'un institut de beauté des plus chics, est quand même souvent le prétexte à d'insistants déshabillages (et c'est vrai), mais cette représentation d'un profiteur des trente glorieuses qui se délecte de sa célébrité, est assez bienvenue... Chaque "frère" Saint-Forget fait partir le film dans une nouvelle direction, mais la présence de Delmont, fil rouge impeccable, ne nous fait jamais oublier l'intrigue de base. Fernandel va au bout des possibilités de chacun des frères, et va jusqu'à une étonnante auto-parodie avec l'un des frères, qui offre une réminiscence inattendue d'un héros célèbre joué par l'acteur. Facile? Oui, mais drôle...
Et en prime, on a des moments de pure comédie vacharde, en particulier la première scène durant laquelle une représentation théâtrale est gâchée par la population qui se met à parler plus fort que les acteurs (dans un amphithéâtre antique); l'histoire conscrée à Désiré est jubilatoire avec Louis de Funès en croque-mort véreux, et le court échange entre Fernandel (dans le rôle du journaliste Bernard Saint-Forget) et Noël Roquevert est inoubliable... Donc on n'attribuera pas le prix Nobel du cinéma à Henri Verneuil, mais ce film reste une puissante madeleine...